Transversal
Afilog fait le bilan de son Tour de France de la logistique
Arrivée à la neuvième et ultime étape de son Tour de France de la logistique, Afilog réunissait, le 14 novembre 2019, acteurs du secteur, politiques et experts économiques pour évoquer ces quatre années de concertation autour d'un secteur aux enjeux multiples.
©
Voxlog | Claude Samson, président d'Afilog et Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France
Quatre ans, neuf étapes, plus de 1 000 personnes rassemblées : le Tour de France mené par l’association professionnelle représentant les métiers de l’immobilier logistique et de la supply chain Afilog se clôturait à Paris le 14 novembre 2019. Point d'orgue d'un parcours hexagonal passé par Lyon, Saint-Martin-de-Crau, Toulouse, Le Havre, Lille, Orléans, Bordeaux, Nantes et Metz, ce final s’interrogeait : « Depuis le lancement du Tour en 2015, comment le territoire français a-t-il évolué en matière de logistique et de spatialisation ? ». Venu introduire l’événement, Claude Samson, président d’Afilog, évoquait dans son discours d’ouverture un parcours qualifié d’initiatique : « Tout au long de ces étapes, nous avons appris qu’il y a des invariants, parmi lesquels le foncier, de plus en plus rare et n'ayant pas toujours la préférence pour la logistique. Un autre point est la perception des citoyens, qui pensent le secteur important mais sont réservés, voire effrayés par rapport aux entreprises qui s’implantent ». Il s’agit donc de poursuivre un travail de pédagogie auprès de la population selon le président d’Afilog pour montrer son apport du point de vue des territoires.
Une vision globale du secteur
Si l’appréhension des élus pour le secteur semble diminuer, lui conférant un visage plus souriant et un attrait territorial, l’embellie observée n’empêche pas les inquiétudes et les déceptions de s’exprimer chez les professionnels du secteur, notamment sur le délai d’instruction des demandes ou encore les « procédures fiscales contre intuitives et incohérentes et des arbitrages parfois défavorables à notre activité par rapport à d’autres qui semblent plus valorisantes en termes d’image ». Une nécessaire simplification appelée également des vœux de Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, qui a proposé « une expérimentation » à ce sujet au gouvernement : « Je veux gagner du temps en contractant les délais entre les différents acteurs car je sais que c’est un domaine qui est compétitif. L’Allemagne s’est engagée sur un délai d’instruction des dossiers deux fois inférieurs à la France… ». Face à ces freins encore prégnants, des raisons d’espérer subsistent a souligné Claude Samson, avec la récente remise du rapport sur la compétitivité de la chaîne logistique française (mené par Eric Hémar et Patrick Daher) au Premier ministre Edouard Philippe : « Ce dernier a pris des engagements, parmi lesquels la mise en place d’une plateforme dédiée [France logistique] ainsi qu’un comité interministériel exécutif dont le premier devrait se tenir en janvier. On voit que la logistique devient un sujet politique. Il faut aussi que les parlementaires s'en saisissent et produisent des amendements importants », continuait Claude Samson, appelant à une « vision globale » du secteur. Un vœu partagé par la plupart des intervenants présents, appelant à un travail collaboratif et une nécessaire cohésion entre le monde politique et professionnel, regrettant à ce sujet l’absence d’Elisabeth Borne dont la présence avait pourtant été validée pour cette journée. « Pour travailler, nous avons besoin d’avoir une vision au moins à moyen terme de ce que la puissance publique attend de nous », poursuivait Claude Samson.
©
Alain Grandjean, économiste, associé fondateur de Carbone 4, président de la fondation Nicolas Hulot, membre du Haut conseil pour le climat.Faire face à la transition environnementale
Une vision dans le temps qui implique de prendre en compte les enjeux extérieurs, au premier rang duquel figure l’écologie et la préservation de l’environnement. Un sujet sur lequel était venu témoigner Alain Grandjean, associé fondateur de Carbone 4, membre du Haut conseil pour le climat et président de la Fondation Nicolas Hulot. S’interrogeant sur la manière dont l’immobilier logistique peut faire face à la transition environnementale, l’économiste rappelait la validation scientifique d’un changement climatique, d’une hausse des températures en cours due aux émissions d’origine humaines et d’une érosion générale de la biodiversité. Revenant sur l'objectif du plan « zéro artificialisation nette » [présenté par le gouvernement le 4 juillet 2018], Alain Grandjean analysait sa mise en œuvre dans l’immobilier logistique : « Ce secteur est en train de bouger. Le fret est également un sujet central auquel il faut s’intéresser », jugeait-il. Mais en sachant que la tendance actuelle est d’au moins 20 000 ha de terrains artificialisés par an, l’objectif est-il atteignable ? « Il n’y a pas d’impossibilité, mais il faut bouger extrêmement vite. Les choses avancent, tant en termes de construction que de rénovation, mais il y a une complexité à mettre en place cette problématique dans l’agenda car cela nécessite une accélération des mobilisations ». Un sujet sur lequel Xavier Bertrand a choisi de rebondir : « Je suis dans une région qui connaît encore le taux de chômage très élevé. L'artificialisation zéro, cela veut dire mettre la région sous cloche en termes de développement économique », jugeait celui qui souhaite voir les Hauts-de-France « devenir un hub logistique pour qui veut investir en Europe », évoquant à ce sujet la récente inauguration d’e-Valley, dont l’objectif est de déployer 700 000 m² d’entrepôts sur l’ancienne base aérienne de Cambrai.
©
De g. à d. : Jean-Marc Zulesi, Jean-Michel Genestier, Ludovic Bernini, Benoît Chappey, Thierry-René Murat, Marie SacchetLa logistique au cœur du territoire
« Ce que j'attends d'une association comme Afilog, c'est que vous me disiez à quoi va ressembler l’avenir, expliquait le président de la région Hauts-de-France. Quels seront les besoins en termes de formation par métier et par territoire par exemple mais aussi quels seront les nouveaux formats d’entrepôts ». À cette dernière question, le panel d’intervenants réunis lors de la première table ronde de la journée a répondu de manière nuancée. « Il n’y a pas une logistique mais des logistiques, commentait Benoît Chappey, directeur du développement France de Goodman. Il faudra donc une variété, avec à la fois du XXL et du XXS. De plus, en fonction des activités et des besoins, le nombre de postes ne sera pas le même d’une plateforme à une autre ». Des besoins variés qui viennent faire écho à la question de l’emploi : « Nous pensons que le premier critère restera la localisation. Il est important pour les logisticiens et les retailers d'être proches d’un bassin de consommation car cela représente 50 % de leurs coûts », poursuivait Ludovic Bernini, fund manager d’AEC. Se rapprocher des centres de vie, un impératif qui vient immédiatement évoquer la question de la logistique urbaine. « Le nouveau défi concerne la gestion du dernier kilomètre pour limiter le trafic. Il concerne la logistique en milieu mixte », indiquait Thierry-René Murat, directeur du développement de GSE. Une problématique largement abordée par les intervenants, évoquant ses difficultés d’implantation. Jean-Michel Genestier, maire du Raincy et conseiller métropolitain de la Métropole du Grand Paris, évoquait son travail sur le « Pacte pour une logistique métropolitaine » : « Il a pour objectif d’aller dans le sens des logisticiens. Une expérimentation est en cours qui nous permettra de déterminer, en fonction de sites très différents, la longueur des véhicules, les horaires, etc. Le pacte est aussi un engagement pour le développement durable. Nous avons plus de 90 acteurs réunis pour faire valoir leurs intérêts ». Un travail de concert allant vers une simplification et une stabilisation réglementaire, souhaitées par tous : « Il faut un éclaircissement face à des décisions qui nous paraissent antinomiques. On ne peut pas avoir zéro artificialisation en n’ayant pas le droit de faire un bâtiment grande hauteur par exemple », ajoutait Thierry-René Murat.