Entrepôts
Avec ses gerbeurs autonomes en location, Forx met la manutention intelligente à la portée de toutes les bourses
Fruit de cinq années de recherche et développement, le gerbeur électrique autonome proposé par l’entreprise française Forx concentre de nombreuses technologies embarquées. Intéressante dans sa conception logicielle et sa flexibilité, l’innovation se démarque aussi sur le modèle économique lui étant associé : l’appareil est disponible en location, à des prix accessibles aux TPE, PME et ETI.
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Matthew Perget | Yves Cazard (à g.) et Gérald Lelong, respectivement PDG et DG de Forx, lors de l'édition 2024 du Salon international du transport et de la logistique (SITL), en Seine-Saint-Denis.
« L’aventure commence maintenant. » Yves Cazard, PDG de Forx, ne répète pas une phrase d’accroche marketing ou un slogan quelconque. Il annonce juste enfin, après cinq années de recherche et développement et à l’occasion du salon SITL 2024 à Villepinte (93), le lancement d’un produit qui pourrait potentiellement changer la donne dans le monde des AMR dédiés aux opérations logistiques. Car si des robots mobiles de petites dimensions, fonctionnant en flottes orchestrées, fleurissent depuis plusieurs années en entrepôt, plus rares sont les imposants gerbeurs électriques navigant en toute autonomie dans les rayonnages. Leurs coûts élevés de fabrication et donc d’achat les restreignent souvent à des contrats signés par des entreprises aux reins solides.
Une machine capable de satisfaire « 80 % des besoins clients »
La solution proposée par Forx, issue du regroupement de deux sociétés françaises (l’industriel Yahtec, fabricant d'appareils de chauffage au gaz, et l’éditeur de logiciels spécialisé dans la robotique Easymov Robotic), pourrait en démocratiser l’usage. Car son AMR est disponible à la location pure. « Nous nous sommes tout de suite aperçus que l’utilisation d’un AMR est très chère, avec un long temps d’attente pour le recevoir et une mise en œuvre complexe, témoigne Yves Cazard. Notre but, lorsque nous avons lancé le projet Forx, consistait ainsi à proposer un AMR simple à mettre en œuvre, tout intégré, avec une prestation globale : nous réalisons la maintenance, changeons les pièces si nécessaire, le tout pour un budget abordable pour des petites PME. Notre particularité ? Nous proposons une solution à Monsieur tout le monde. Nous souhaitons être un peu comme la Ford T des années 1900 ; notre machine ne répondra pas forcément à des demandes très spécifiques, mais sera capable de remplir 80 % des besoins clients. »
Proposée avec une période d’essai de trois mois et un engagement de 48 mois, l’offre locative développée par Forx inclut également de la maintenance prédictive et des mises à jour régulières à distance. « Le gros avantage de cette solution en location, avec toutes options comprises, est d’être certain de ne devoir régler que 1 400 euros par mois pour un appareil, développe Yves Cazard. Le client n’aura pas la surprise de devoir payer une batterie morte ou un lidar défaillant, avec la carte mère qui va avec. C’est notre problème. » Ledit client peut aussi acheter le produit afin de le conserver ad vitam æternam, la location n’étant que l’offre principale mise en avant par Forx, car la plus accessible et singulière.
Limiter les frais annexes
Capable de soulever jusqu’à 1,2 tonne de charge sur des palettes conventionnelles, avec une portée en hauteur de 2,7 m, le gerbeur autonome de Forx interagit via le réseau 4G. « Nous ne nous connectons pas à l’infrastructure réseau du client, mais via notre cloud à partir duquel tout est géré à distance », détaille Gérald Lelong, directeur général de Forx. Tout a ainsi été pensé pour limiter les frais annexes. Nul besoin par exemple d’installer de fibre optique dédiée, d’investir dans des dispositifs externes ou des logiciels supplémentaires de localisation et de navigation. Le robot de manutention intègre sept lidars ainsi que des capteurs télémétriques pour prévenir les collisions, que ce soit par évitement d’obstacles, ralentissement ou arrêt. « Nous fournissons même notre propre WMS pour les entreprises qui en seraient dépourvues », dévoile Gérald Lelong, en précisant que ce logiciel maison est une « version simplifiée ». Outre une classique recharge des batteries (au lithium) via une prise murale à 220 V, le fabricant propose aussi pour ses appareils, en option, des socles de charges rapides et automatiques.
« Nous ne nous positionnons pas sur le même marché qu’un AMR classique »
Forx s’appuie pour l’instant sur une trentaine de machines en stock et prêtes à être livrées, fabriquées dans son usine de production située à Meaux, en Seine-et-Marne. Ses dirigeants affirment disposer d’une capacité de production à 200 unités par mois. Fort de cinq années de conception et de ses premiers robots opérationnels, l’acteur peut d’ores et déjà nouer ses premiers contrats. Ainsi, le groupe Tecma Aries, implanté à Coulommiers (77), pourra notamment tester, en partenariat avec un intégrateur, la qualité de l’AMR pour ses expéditions de produits dédiés aux fins de lignes d’emballage. « Nous ne nous positionnons pas sur le même marché qu’un AMR classique, mais sur celui d’un gerbeur ou d’un transpalette électrique classique », conclut Yves Cazard, qui anticipe déjà l’expansion européenne progressive de son parc de robots mobiles autonomes.
Une cartographie rapide de l’entrepôt
Interrogés sur la manière dont le gerbeur autonome est en mesure de facilement naviguer au sein d’un entrepôt et de s’adapter à de multiples combinaisons d’installations logistiques, Yves Cazard et Gérald Lelong présentent à Voxlog une première journée de déploiement typique de l’appareil, ainsi que ses nombreuses possibilités de configuration.
« Lorsque nous arrivons avec notre machine, nous accompagnons pendant la journée l’entreprise ou la personne responsable du service des AGV/AMR, et allons programmer avec eux la machine, explique le PDG de Forx. Grâce au timon [la barre avec poignée servant à tirer ou pousser manuellement le gerbeur, ndlr], l’AMR va progressivement cartographier le bâtiment. Sur une surface de 2 500 m², cela prend de 10 à 15 minutes. » Une fois la cartographie effectuée via une petite randonnée, Forx peut compléter le jumeau numérique de l’entrepôt avec des plans fournis par le client. Et ce afin de tracer au mieux les voies de circulation, avec sens unique ou double sens notamment. « Une fois que cela est fait, l’AMR est en mesure de se déplacer de façon autonome, poursuit Yves Cazard. Mais pas pour aller n’importe où. Nous allons donc lui indiquer des postes de prise et de dépose. »
« Le déplacement de la marchandise d’un point A à un point B peut aussi être effectué par un opérateur, complète Gérald Lelong. Ce dernier va par exemple scanner un QR code pour indiquer au robot qu’il a une palette spécifique à prendre, et la machine partira automatiquement la chercher. Les opérations peuvent aussi s’opérer en manuel : l’opérateur peut prendre le timon dans un rayon pour envoyer une palette en réception d’un camion par exemple ; le robot se déplacera ensuite aux abords des quais de chargement. »
