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Pour ses collectes d’invendus, Comerso évite aussi le gaspillage de ressources logistiques et transport

Parangon français de l’anti-gaspi alimentaire et non-alimentaire, Comerso sert d’intermédiaire entre entreprises et associations dans la collecte et la livraison de produits invendus. Thomas Cherbuy, son responsable transport, témoigne de la diversification toujours plus large des flux pilotés par sa société et de l’importance sociale et environnementale de leur prise en charge.

Publié le 9 avril 2024 - 16h27
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 Ronan Rocher

Danone, Carrefour, L’Oréal, Fnac Darty, Unilever… Sur le site vitrine de Comerso, de nombreux logos de multinationales défilent, entremêlés à ceux de La Croix-Rouge française, de l’Agence du Don en Nature ou encore de Dons Solidaires. Rare mélange hétéroclite en un même espace de grands groupes, dont certains intégrés au SFB 120 et/ou au CAC 40, avec de multiples associations à but non lucratif. La liste de références de l’acteur de l’anti-gaspi, véritable passerelle logistique et transport entre des chargeurs ayant des stocks d’invendus à revaloriser et des organismes bénéficiaires en manque de dons, parle ainsi directement au plus grand nombre. Mais à la question « Ne vous adressez-vous qu’aux grands groupes ? », Thomas Cherbuy, responsable transport de Comerso, répond d’emblée : « N’importe quelle entreprise en recherche d’une solution pour éviter le gaspillage ou la destruction de produits peut nous contacter. Nous voulons aussi rappeler aux petites entreprises que nous pouvons les accompagner, que ce soit administrativement, ou au niveau du transport et de la logistique. »


Limiter le gaspillage des ressources et les pollutions

Société à mission labellisée B Corp en 2021, Comerso accompagne de plus en plus de petites et moyennes entreprises. Tant que ces dernières disposent d’un stock d’invendus attendant de trouver une seconde vie, l’acteur de l’économie circulaire se chargera pour elles de trouver une ou plusieurs associations auxquelles les donner. « Si leur demande concerne une demi-palette, nous n’allons évidemment pas leur faire passer un porteur ou une semi-remorque ; nous allons rechercher localement une solution plus adaptée, en sondant notamment les associations alentours pour savoir s’il y aurait des possibilités de récupération de leur part par exemple », détaille Thomas Cherbuy, qui précise que Comerso s’attache à rechercher les moyens de transport et de logistique les plus rationnels et optimisés possibles, dans l’optique de ne pas gaspiller inutilement des ressources et de limiter les pollutions. Concernant la recherche associative, le facilitateur-achemineur de donations se charge de cibler les structures bénévoles ayant des besoins spécifiques sur certains produits non génériques. « Nous avons par exemple travaillé avec un client exerçant dans le domaine de l’équitation, relate Thomas Cherbuy. Nous avons ainsi fait en sorte de cibler les associations équestres. Nous essayons, au maximum, de trouver la bonne association pour le bon produit. Certains clients nous laissent carte blanche ; d’autres, comme Danone qui travaille beaucoup avec les Banques alimentaires, peuvent également prioriser leurs donations. »


De plus en plus de flux de produits non-alimentaires

Fondée en 2013 pour lutter contre le gaspillage alimentaire – qui, selon une étude de l’Ademe de 2016* faisant toujours référence en France, s’établirait à 10 millions de tonnes de produits perdus par an, pour une valeur commerciale estimée à 16 milliards d'euros –, Comerso gère désormais des flux de tous types. Outre des produits à la DLC (date limite de consommation) ou la DLUO (date limite d'utilisation optimale) non dépassée, l’acteur de l’économie circulaire revalorise des articles issus de fins de séries en bon état. La part du non-alimentaire représente aujourd’hui 40 % de son activité, en valorisation en euros. « Via nos partenariats avec les Banques alimentaires et Les Restos du Cœur par exemple, nous savons qu’il y aura toujours une demande très importante sur l’alimentaire, expose le directeur transport de Comerso. Mais nous développons en parallèle des partenariats avec des enseignes comme Decathlon, où nous allons rechercher des chaussures et des vêtements pour que des associations puissent en donner à des sans-abris lors de maraudes de nuit, pour éviter qu’ils puissent mourir de froid comme cela arrive malheureusement chaque année. »

 

En 2024, Comerso a également commencé à travailler avec le secteur de la santé, via un partenariat avec le Laboratoire Gallia pour revaloriser des laits infantiles invendus dans les pharmacies partenaires de l’industriel, filiale du groupe Danone. Elle a également mis en place un processus logistique inédit avec L’Oréal, comme l’illustre Thomas Cherbuy : « Nous chargeons des camions complets, avec des commandes groupées ; elles sont remontées chez un prestataire transport et logistique pour que la marchandise soit ensuite redispatchée. Nous soulageons ainsi le client de son stock, en passant avec un camion par jour pour enlever 33 palettes, qui sont réacheminées dans un entrepôt pour pouvoir être redistribuées aux associations avec moins de contraintes temporelles. »


Une volonté de tendre vers la multimodalité

Ne disposant pas de flotte de camions en propre, Comerso effectue ses collectes et ses distributions uniquement via des prestataires de transport et des modèles d’affrètement. La société à mission, originaire du Lot-et-Garonne et siégeant à Bordeaux, collabore régulièrement avec des entreprises locales telles que les Transports Zanut. Pour le frais, elle s’appuie sur des transporteurs au large maillage comme Jetfreeze (groupe Mousset) et STG. « Nous développons nos partenariats et essayons d’en nouer d’autres : nous avons commencé à travailler avec le groupe XPO Logistics et sommes entrés en contact avec Gefco, et ce afin de disposer de toujours plus de solutions adaptées », poursuit le responsable transport, qui dévoile un nouvel objectif de Comerso pour cette année : se développer sur le multimodal. « Des prestataires dans le Nord attendent les bonnes occasions pour lancer la part du multimodal, surtout au niveau ferroviaire, ce qui est moins le cas dans l’ouest de la France », conclut Thomas Cherbuy.

 

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« Pertes et gaspillages alimentaires : état des lieux et leur gestion par étapes de la chaîne alimentaire », Ademe, mai 2016

 

Comerso en quelques chiffres :

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© Comerso

● 2 200 clients partout en France (industriels, grande distribution, grandes surfaces spécialisées…) ;
● 2 300 associations partenaires ;
● 196 millions d'équivalents repas distribués aux associations (à fin 2023) ;
● Plus de 116 500 tonnes de marchandises sauvées des poubelles (à fin 2023) ;
● 221 millions d'euros d'économies cumulées par ses clients (à fin 2023).

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