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Transport

Pour mettre le cap sur la décarbonation, les actions doivent être collectives

Une tribune signée par Stéphane Defives, directeur de l’activité maritime chez Kuehne+Nagel France, initialement publiée sur le média Le Marin.

Publié le 24 juin 2024 - 15h52
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Adobe Stock - Tharika

L’océan couvre plus de 70 % de la planète. Produisant 50 % de l’oxygène sur Terre, c’est une source de vie indispensable pour l’humanité et l’ensemble des êtres vivants. C’est aussi l’une des clés de notre économie : le transport maritime représente plus de 90 % du commerce mondial en volume. Les acteurs de la logistique, plus que jamais, doivent se diriger vers des solutions bas carbone pour préserver nos ressources marines.

 

De nos jours, près de 11 milliards de tonnes de marchandises sont transportées chaque année via nos océans, avec une hausse annuelle autour de 3 à 4 %. De l’intensification du trafic résulte une empreinte carbone plus lourde. Selon la Chambre internationale de la marine marchande (ICS, International chamber of shipping) et l’Organisation maritime internationale (OMI), la flotte marchande mondiale est responsable d’environ 3 % of des émissions mondiales de dioxyde de carbone.

 

Comme le disait Francis Estellat de Bpifrance : « si le transport maritime était un pays, il serait le sixième le plus polluant au monde, entre le Japon et l’Allemagne ». Et si le secteur n’entame pas de changements, avec l’évolution du commerce international, les émissions s’élèveront à 17 % d’ici à 2050 selon l’OMI.

 

« C’est tout le navire qui doit être repensé »

Il est important de rendre ce mode de transport plus durable. L’OMI a fixé un cap : une réduction nette des émissions de CO2 de 50 % d’ici 2050 par rapport à 2008. Et, bonne nouvelle, le cadre réglementaire évolue rapidement. Par exemple, depuis 2020, concernant le soufre, tous les navires doivent ramener la teneur maximum à 0,5 %, contre 4,5 % précédemment, concernant le combustible utilisé pour la propulsion, interdisant de fait l’utilisation de fuel lourd.

 

Un autre angle envisagé par la Commission européenne concerne l’adoption d’une taxe carbone sur le transport maritime. La France, elle, a déposé auprès de l’OMI une demande de diminution de la vitesse du transport avec l’ambition de réduire la consommation de carburant et diminuer les collisions avec les mammifères marins.

 

Au-delà du cadre réglementaire fixé par l’OMI, c’est tout le navire qui doit être repensé, aussi bien la performance des moteurs que leur design, taille et aérodynamisme. Les efforts de R&D se focalisent énormément – à raison – sur les carburants alternatifs. À ce sujet, si le gaz naturel liquéfié (GNL) permet déjà une réduction des émissions de CO2 et une amélioration de la qualité de l’air, il n’en demeure pas moins qu’une étape vers l’hydrogène, l’électrique ou la propulsion vélique. Plus largement, selon l’OCDE, la décarbonation du secteur dépendrait de la combinaison des trois options suivantes : l’utilisation d’énergies renouvelables donc, des mesures opérationnelles comme la navigation lente et enfin des mesures technologiques.

 

« Se baser sur la science pour rester crédible »

Parmi les leviers à la disposition des acteurs du secteur du transport maritime de marchandise, les avancées sont significatives sur le volet technologique. Les solutions actuelles permettent une meilleure mesure de l’efficacité. Avec par exemple, des analyses de données en temps réel sur les statuts des conteneurs et les éventuelles exceptions du plan de transport comme les temps d’attente ou les perturbations.

 

Pour les acteurs de la logistique, il est indispensable de renforcer la capacité de leurs clients à prévoir et à planifier l’impact des retards sur leur chaîne d’approvisionnement et à identifier le meilleur plan d’action. C’est-à-dire de trouver le chemin le plus court et donc le plus vertueux.

 

Et les exemples récents, très lourds pour le secteur, entre congestions des ports, bouchons bloquant le parcours des conteneurs, accidents dans des détroits prisés comme avec l’Ever Given , démontrent que la technologie est devenue un indispensable autant commercial qu’environnemental. Plus récemment encore, les attaques de navires en mer Rouge ont fortement perturbé le commerce maritime mondial, entraînant une envolée du prix du fret, des itinéraires rallongés ou la saturation de plusieurs ports.

Dans tous les cas, quel que soit le levier, que l’on parle de biocarburants ou de technologies, toutes les initiatives et objectifs doivent se baser sur la science pour rester crédibles. On peut citer par exemple la Science-based targets initiative (SBTi), initiée en 2015. Ce projet, né de la collaboration entre plusieurs institutions scientifiques, sert de référent aux acteurs du maritime et plus largement de la logistique, avec comme objectif de piloter une « action climatique ambitieuse ».

 

Les actions doivent être collectives : c’est tout une chaîne d’acteurs, indispensables au bon fonctionnement de notre société, qui prend ce virage vers un modèle économique bas carbone.

 

 

 

Sources : 

https://www.imo.org/fr/MediaCentre/HotTopics/Pages/Reducing-greenhouse-gas-emissions-from-ships.aspx

https://bigmedia.bpifrance.fr/etudes/comment-reduire-limpact-du-transport-maritime-sur-lenvironnement

https://sciencebasedtargets.org/

 

 

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