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Les différentes facettes du TMS

Publié le 30 juin 2022
SOMMAIRE

Outil de consolidation, de planification, de communication et avant tout de visibilité, le logiciel de gestion de transport a opéré diverses mues depuis ses origines. Dédié à la digitalisation du chargeur et du transporteur, ses fonctionnalités s’ouvrent et sa capacité à s’interfacer avec son écosystème l’embarque toujours plus loin dans la supply chain.

Solution collaborative permettant de gérer et d’optimiser toute la chaîne logistique d’une entreprise en se focalisant sur l’aspect transport, le TMS (Transport management system) recouvre des territoires assez étendus. « Le terme de TMS est extrêmement vague car il comporte énormément de clusters ou de modules », confirme Loÿs Balquet, senior manager du cabinet de conseil Forizons (groupe Square). Il faut d’ores et déjà faire la différence entre TMS chargeur et TMS transporteur. Dans ce deuxième cas, « le transporteur fait office d’industriel, le TMS va lui servir à ordonnancer et consolider ses ordres de transport, à planifier ses moyens et à mettre en place son plan de transport pour ensuite soit l’exécuter par lui-même, soit faire appel à de la soustraitance », décrit Loÿs Balquet. S’agissant du TMS chargeur, il apporte deux visions : celle du prestataire et celle du chargeur: « Ce dernier adapte le TMS à ses flux et à son organisation logistique, se donnant des accès ouverts à l’outil pour intégrer ses commandes, planifier ses transports, consolider ses ordres, gérer leur traçabilité avec de la remontée de statuts (récupéré, livré…) et ensuite communiquer ses ordres de transport exécutables à des prestataires à travers un portail, une interface EDI, par mail ». Chez l’éditeur Descartes, Fabien Petitjean, senior solutions consultant, observe une certaine porosité s’installer entre les deux types de TMS : « Nous disposons d’un TMS chargeur qui peut aussi être utilisé par des transitaires et nous proposons également des solutions plutôt orientées transporteurs ou chargeurs disposant d’une flotte dédiée pour réaliser de l’optimisation de tournée et du suivi de flotte. Nous faisons souvent le distinguo entre les deux types de projets, mais nous sommes capables de gérer les deux sur la même application. Et il y a de plus en plus de chargeurs qui redéveloppent une flotte en mode dédiée et du coup se retrouvent à devoir gérer deux types de transport : externalisé et opéré par eux ».  

 

Des TMS qui s’adaptent

La frontière entre TMS transporteur/commissionnaire de transport et TMS chargeur tend ainsi à devenir plus perméable : « Si les TMS transporteurs servent avant tout à aider les commissionnaires et transporteurs à organiser leurs tournées, le remplissage des camions, les itinéraires jusqu’à la facturation, ces acteurs travaillent pour des chargeurs à qui ils doivent mettre à disposition du tracking via un lien permettant de visualiser où est leur marchandise, observe Hélène Kerjean, responsable marketing produits supply chain chez Akanea, éditeur du logiciel Akanea TMS Transport. Et désormais, on trouve de plus en plus de portails BtoC où le chargeur est en mesure de retrouver son profil, ses dernières factures, son tracking, et où il va pouvoir faire des prises de commandes, etc. ». Un changement impliquant l’ajout de plus en plus fréquent dans le TMS transporteur de services à valeur ajoutée tournés vers le chargeur. Outre ces spécificités, les TMS ont également su s’adapter aux différents secteurs d’activités, se spécialisant pour le retail ou encore la grande distribution tandis que certains éditeurs sont à même de créer des TMS en fonction des besoins des industriels. Le tout pour apporter toujours plus de services et de fonctionnalités.

 

Des granularités de traçabilité extrêmement fines

Car quel que soit le type de TMS, la performance client demeure la clé. « L’objectif d’un TMS est de produire un plan de transport évolutif, le plus optimisé possible sur la base de spécifications client et de récupérer de la visibilité sur ses flux pour, à terme, réduire le budget transport. La traçabilité permet rétroactivement de diminuer les niveaux de stock (avec l’anticipation des aléas) et surtout d’améliorer la performance client », résume Loÿs Balquet. Le plan de transport doit répondre à plusieurs impératifs : économiques, qualitatifs avec le respect des délais de livraison, et adaptatifs en fonction de la nature de la marchandise transportée : « Vous ne construirez pas un plan de transport identique si vous transportez des produits pharmaceutiques, alimentaires, dangereux, ou sous contrainte de température », poursuit-il. Des contraintes opérationnelles que des algorithmes vont intégrer et agréger pour optimiser les taux de chargement des livraisons, à travers des opérations de consolidation des commandes. Une fois le plan de transport produit, il s’agira de l’exploiter : « En considérant les différents modes possibles (messagerie, affrètement, petit lot, complet et de l’environnement produit ambiant, frigorifique…), et en fonction de différents critères d’engagement qualité, économique et logistique, votre TMS va donc produire un plan de transport le plus adapté possible à la typologie de vos flux et de vos marchandises », détaille Loÿs Balquet. Mais ce n’est pas tout. Désormais, cet outil s’adapte à la demande de traçabilité de ses utilisateurs. « Le client a besoin de savoir précisément où sont les livraisons, dans quel camion, dans quelle palette, dans quel carton. On rentre dans des granularités de traçabilité extrêmement fines ».

 

La visibilité à travers le tracking

Plus qu’un simple outil de transport, il va se faire l’adjuvant de la maîtrise des coûts grâce à cette visibilité offerte sur la chaîne logistique. Car il est nécessaire de savoir où se trouvent les camions et si la marchandise a été livrée pour pouvoir facturer au bon tarif. Outil d’optimisation à plusieurs égards, le TMS est ainsi devenu une solution globale fournissant des services élargis. L’offre de DDS Logistics, un des pionniers sur ce secteur, en est l’illustration, recouvrant quatre grands piliers : « Un premier autour de la planification – trouver les bonnes routes, les bons prestataires –, un deuxième autour de l’organisation au quotidien avec les transporteurs pour s’assurer qu’ils sont en capacité de réaliser le planning de rendez-vous, et mettre à disposition l’ensemble des documents. Un troisième grand bloc concerne la visibilité et la traçabilité et le quatrième est dédié au pilotage des coûts : optimisation du contrôle de factures, préfacturation », décrit Jérôme Bour, PDG de DDS Logistics. Quatre axes qui révèlent les multiples facettes du TMS, et qui sont complétés par l’exploitation de la data pour mesurer la performance. C’est cette visibilité offerte par l’outil que mettent en avant les éditeurs, qu’il s’agisse du TMS chargeur ou transporteur : « C’est le plus important, corrobore Hélène Kerjean. Il faut que le TMS soit capable de s’adapter aux différents modes de commercialisation et donc aux différents process liés au transport et à son mode de distribution : les chargeurs peuvent être des e-commerçants, des industriels proposant de la distribution omnicanale, des entreprises avec des produits frais en circuit court… Le portail du TMS offre ainsi une visualisation de bout en bout de l’état de la commande et de sa livraison. Il est une véritable vitrine du service à valeur ajoutée apporté par le transporteur pour son client, voir le consommateur final ». Dans le cadre de gestion de transport externalisé, avec des flux qui peuvent être longue distance et multimodaux, les clients sont alors à la recherche d’une « tour de contrôle » pour apporter de la visibilité sur leurs statuts d’acheminement ou encore la réalisation de plannings, observe Fabien Petitjean chez Descartes. Sur le sujet, l’éditeur dispose d’une large couverture « capable de gérer plusieurs modes de transport, plusieurs configurations de flux (camions complets jusqu’au colis), différents types d’opération (soustraité, flotte dédiée, les deux), dans des contextes de pur BtoB ou de BtoC ». Autant de spécificités conduisant le TMS à couvrir les fonctionnalités de planification de transport jusqu’à son exécution avec l’analyse a posteriori.

 

Un outil interfacé

Avec ces multitudes de scénarios, d’exceptions, de spécificités, le transport peut heureusement compter sur un ensemble de partenaires pour s’organiser. Des partenaires qu’il faut connecter entre eux : « Il ne s’agit pas de décrocher tout le temps son téléphone ou de passer par des e-mails mais plutôt de leur envoyer une API qui permet de mieux collaborer avec eux. Et on voit alors que les TMS ne sont plus seulement des systèmes d’optimisation mais aussi des plateformes collaboratives », juge Mathilde Délivré, solutions consultant manager chez Manhattan Associates. « La digitalisation du transport est permise grâce à de multiples partenaires qu’il faut connecter ensemble avec des outils utilisant toute la visibilité mise à disposition, poursuit Sébastien Lefébure, directeur général France et Europe du Sud de Manhattan Associates. C’est au coeur de notre conception produit de fournir des solutions s’intégrant à un écosystème extrêmement large afin de concentrer un ensemble d’informations et permettre ensuite au client de prendre la meilleure décision dans son choix de scénario de transport ». Cette capacité à transcender sa nature première de gestionnaire de transport, le TMS la puise dans sa propension à s’interfacer avec d’autres outils, comme le WMS ou l’ERP, l’amenant, par des effets de levier, avec des EDI ou des EAI, à récupérer toutes les informations disponibles dans ses reportings. « Il est important d’avoir des solutions ouvertes vers l’extérieur et capables de s’interfacer avec les outils de comptabilité, les douanes, le WMS… Nous proposons des suites logicielles et certains de nos clients peuvent avoir jusqu’à quatre outils chez nous, indique Hélène Kerjean. Akanea a également signé fin 2021 un partenariat avec le spécialiste du CRM, pour la gestion de la relation client, Efficy, et réalisé une interface avec eux. Nos clients apprécient cet aspect communicant qui leur évite des ressaisies ». Cette approche de connectivité prime également chez Descartes : « Nous avons la particularité de disposer de notre propre plateforme EDI pour s’interfacer avec des transporteurs et tierces parties logistiques. D’autre part, notre croissance se base notamment sur l’acquisition de sociétés venues compléter d’un point de vue géographique ou fonctionnel notre spectre transport. Il s’agit d’élargir au maximum ce qui va pouvoir être optimisé et piloté sur le TMS pour, in fine, réduire les coûts », indique Fabien Petitjean.

 

Acheminer la bonne quantité au bon endroit dans le bon timing

Dans cette même logique, l’éditeur DDS Logistics connecte également son outil à différentes plateformes de visibilité en temps réel à l’instar de Wakeo, ShippeoProject44 ou encore Gedmouv : « Par ce biais, le TMS permet de gérer des chaînes composées de plusieurs segments, offrant ainsi une vision d’ensemble, comme avec le maritime qui comprend un acheminement routier que le logiciel va remonter directement au transporteur, un segment maritime dans Wakeo puis un post-acheminement routier dans notre application mobile Join2ship », explique Jérôme Bour. Le logiciel est ainsi capable d’offrir cette vision multi-étapes pour savoir non pas où est le transport, mais où se trouve le produit. « Nous le disons à nos clients : le transport est un moyen, ce qui compte c’est la finalité, c’est-à-dire acheminer la bonne quantité au bon endroit dans le bon timing. Et c’est dans cette visibilité que le TMS a pleinement son rôle à jouer. Notre objectif est d’intégrer le transport dans un tout plus vaste, puisqu’il reste un des maillons de cette supply chain ». Mû par cette volonté de collaboration étendue, DDS Logistics a racheté fin 2021 Fluid- E, spécialiste du pilotage collaboratif des approvisionnements, soit « le process qui va précéder le transport ». Et pour donner une vision encore plus large de tous ces maillons d’exécution, l’éditeur compte compléter ses solutions existantes d’optimisation de prises de rendez-vous sur site par du Yard management (gestion de cour). De quoi participer toujours plus à la traçabilité voulue par le client.

 

> Retrouvez l'intégralité des articles du dossier Le TMS au cœur des transformations des supply chains

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