Immobilier
P4, une plateforme de distribution miniature sous le périphérique parisien
Avec sa surface compacte de près de 800 m² dédiée à la logistique urbaine du dernier kilomètre, le hub P4 développé par Sogaris vient se glisser sous le périphérique parisien, entre le 19e arrondissement de la capitale et Pantin. Une plateforme utilisée par le transporteur Ecolotrans pour des livraisons douces en cœur de ville.
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Voxlog
À l’occasion du lancement de la Semaine de la logistique par Afilog, se déroulant du 18 au 20 novembre 2021 partout en France, l’association professionnelle des experts de l’immobilier logistique français s’était associée au développeur Sogaris pour présenter à la presse son projet P4. Un micro-entrepôt urbain, situé sous les voies du périphérique, à la lisière du 19e arrondissement de Paris et de Pantin (93), résolument tourné vers la livraison du dernier kilomètre. Mis en service en 2021 sur une surface de 800 m², il vient répondre à la « question de l’approvisionnement des cœurs de ville, mais sans céder à la tentation de l’étalement urbain, de l’artificialisation, et en participant à la décarbonation de nos systèmes de distribution », résume François Dagnaud, président du conseil d’administration de Sogaris et maire du 19e arrondissement de Paris. « Nos villes doivent aller vers la fin des camions, en réduisant les espaces dévolus à la circulation automobile et en développant les mobilités alternatives. Et nous devons nous diriger vers cet objectif sans mettre en doute la capacité de nos villes à s’approvisionner. Le projet P4 est la preuve qu’on peut réaliser un bel objet urbain conservant sa mission logistique. C’est un modèle d’avenir, préfigurateur de la ville durable ».
Un site aux multiples défis d'intégration
Glissé sous le périphérique parisien, P4 est le format le plus compact développé par Sogaris dans sa stratégie de hubs et hôtels logistiques urbains, et un travail tout particulier à dû être fait architecturalement pour permettre sa construction, comme l’explique Achille Bourdon, co-fondateur du cabinet d’architecture Sybil, en charge du projet : « La logistique urbaine doit affronter des contraintes plus fortes dans un contexte de rareté des espaces libres. Nous sommes ici à la fois au-dessus de deux tunnels routiers et en dessous des voies du périphérique parisien, ce qui a posé des questions complexes en termes de sécurité incendie par exemple. Nous avons travaillé à la miniaturisation du process logistique, afin qu'il soit le plus compact possible. Nous souhaitions également que l'entrepôt soit explicitement logistique, afin de rendre visible son fonctionnement. Cela se traduit par des portes vitrées qui montrent aux passants l’intérieur du bâtiment. Il s’agit de révéler la présence de ces véhicules d’un nouveau type et de cette activité essentielle en ville ». Le site dispose également d’une programmation mixte avec un espace dédié au commerce à l’angle du bâtiment qui devrait être prochainement occupé par une enseigne. L’ensemble du projet aura représenté quatre années de travail pour Sogaris depuis son lancement en 2017. « La difficulté des professionnels de la logistique à anticiper leurs besoins se confronte à un marché immobilier où la demande est importante, mais l’offre rare. À l’échelle des projets urbains, qui nécessitent souvent beaucoup de travail en amont et de nombreuses années de développement, nous considérons donc que le site P4 aura été relativement rapide », juge Jonathan Sebbane, directeur général de Sogaris.
Chez Ecolotrans, un hub pour rayonner sur le Nord-Est parisien
Le hub est aujourd’hui occupé par le transporteur Ecolotrans, spécialiste de la livraison écologique du dernier kilomètre. Ce partenariat avec Sogaris a été trouvé à l’occasion d’un appel à projet lancé par la mairie de Paris, qui souhaitait dédier ce terrain à l'activité logistique. Résultat, si le foncier appartient encore à la municipalité, des investissements de l’ordre de plusieurs millions d’euros ont été portés par Sogaris pour sa construction, et Ecolotrans y est finalement locataire, ayant signé un bail de 12 ans. Sur ce site, le transporteur y déploie des tournées avec une dizaine de véhicules légers électriques et une vingtaine de vélos-cargo électriques dans un rayon local couvrant le 19e arrondissement de Paris (débordant sur des zones sur les 10e, 18e et 20e arrondissements), ainsi que sur les villes de Pantin, du Pré-Saint-Gervais et des Lilas en Seine-St-Denis. Si l’entreprise est également présente sur des entrepôts plus importants en banlieue francilienne, P4 est son premier hub urbain du genre. « Avec ce site, nous voulions consolider les flux en entrée de ville, en étant un point d’arrivée pour les poids lourds, à partir duquel nous pouvions déployer ensuite des solutions de transport mutualisées, plus propres et qui s’insèrent bien mieux dans la ville », explique Yacine Kara, président et fondateur d’Ecolotrans.
Disposant d’un unique quai poids lourd et cinq quais véhicules légers, le site reçoit ses marchandises en horaire décalé (principalement de nuit, jusqu’à 6 h du matin, via des camions 19 tonnes), qui sont ensuite préparées en cross-dock avant d'être expédiées dans la matinée. Le midi, le site s’occupe de quelques flux de réassort pour des restaurateurs. Puis, à partir de 14 h, ce sont des livraisons e-commerce qui sont traitées jusqu’à 20 h. « L’idée est d’avoir un maximum de flux pour optimiser l'utilisation du site », résume Yacine Kara. Au total, le site traite entre 600 et 800 positions par jour au départ du hub P4, avec une équipe de 30 personnes, dont une majorité de livreurs à vélo, mais également des conducteurs, des préparateurs et des dispatcheurs.
De nombreux projets pour répondre aux besoins logistiques
De quoi répondre aux besoins variés des clients du prestataire : « Certains sont préoccupés par les évolutions de la réglementation municipale face aux véhicules de transport de marchandise afin de sortir du gazole. D’autres viennent du monde du bio et veulent participer activement à la décarbonation des villes », explique Yacine Kara. Ecolotrans travaille ainsi avec des enseignes comme Naturalia, Biocoop, La Ruche Qui Dit Oui ou encore Biovore, mais aussi avec Frichti ou la livraison e-commerce à domicile de Carrefour. « Nous sommes aujourd’hui seulement à 50 % de la capacité du site, et nous espérons pouvoir continuer à grandir dans les années à venir ». Et pour agrandir son maillage autour de la capitale, Ecolotrans travaille sur d’autres projets de hubs urbains, sur des terrains privés : « Nous avons un projet très bien situé autour de Montparnasse dans le 15e arrondissement, ainsi qu’un autre sur la Porte de Bagnolet. Nous regardons aussi vers l’ouest parisien, principalement vers la porte de Versailles. Notre préoccupation, c’est de remettre la logistique au plus près des villes, car c'est leur réseau sanguin », résume Yacine Kara.
De son côté Sogaris multiplie aussi les constructions, avec un hôtel logistique Vitry-Les Ardoines (94), dont la première pierre a été posée en septembre dernier et qui donnera naissance à un site de 35 000 m² dans un nouveau quartier, mais aussi des formats plus réduits comme à la porte de Champerret, où un hub prendra place dans une ancienne station service embranchée sur le Boulevard périphérique d'ici fin 2022. « Dans les endroits les plus denses de Paris, on a une logistique qui est encore mal optimisée, avec de nombreux artisans qui peinent à trouver des espaces dans lesquels positionner leurs matériaux. C’est le sens d’un troisième projet que nous développons, le Grenier Saint Lazare, en travaux depuis deux mois. Nous réinvestissons un parking souterrain de six niveaux. Le projet sera mixte et pourra accueillir de la logistique urbaine, de la conciergerie de quartier et un hub de mobilité douce », détaille Jonathan Sebbane. Là encore, la livraison est prévue courant 2022.
Le projet P4 en chiffre :
■ 800 m² de surface ;
■ Une trentaine de salariés ;
■ Une dizaine de véhicules légers électriques et une vingtaine de vélos-cargo électriques ;
■ 600 à 800 points de livraison par jour.