Innovation
Daher teste avec Traxens le conteneur connecté pour le secteur de la défense
Daher s’est associé avec la start-up marseillaise Traxens pour développer le smart containers & shelters, une offre couplant produit et service avec fourniture du conteneur et de ses fonctionnalités connectées. L’équipementier aéronautique et prestataire logistique teste cette solution auprès de ses clients de la défense comme Thales et MBDA.
En s’associant avec Traxens, start-up qui développe une solution de conteneurs intelligents avec l’objectif d’équiper massivement et à moindre coût la flotte mondiale de conteneurs maritimes, Daher transpose une innovation en pleine éclosion dans le fret maritime à celui de l’industrie de la défense. L’équipementier et prestataire a développé avec Traxens le Smart containers & shelters, un conteneur connecté qui, grâce à des capteurs, va collecter des données (température, pression, géolocalisation etc.) et les communiquer à distance à un système d’information. Les conteneurs intelligents de Daher peuvent être interrogés via des applications de proximité, pour déclarer un dommage, planifier des opérations de maintenance ou encore consulter de la documentation technique. Accessible depuis un smartphone, une tablette ou un ordinateur, une application de monitoring permet quant à elle de piloter un ensemble de conteneurs connectés et de disposer d’une vision globale de la flotte. Daher teste actuellement la solution auprès de ses clients de la défense comme Thales et MBDA.
Une solution plébiscitée
La technologie exploitée par Daher s'inscrit dans la lignée de celle utilisée par CMA CGM. Dès les années 2000, le géant du transport maritime par conteneurs était entré en contact avec Michel Fallah – ingénieur spécialiste de la communication radio, co-fondateur et PDG de Traxens – pour réfléchir à une technologie capable de suivre les conteneurs à la trace. Née en 2012, Traxens bénéficie du soutien financier de CMA CGM qui est devenu, suite à une montée en capital organisée en février 2015, actionnaire minoritaire de la start-up. « Ils sont notre premier gros client et sont convaincus que d’ici quelques années tous leurs containers seront connectés », indique Tim Baker, directeur marketing et communication de Traxens.
À la différence d’autres solutions de traçabilité des marchandises dans le fret maritime, consistant à installer un boitier sur un conteneur puis à le récupérer à la fin de son voyage, la technologie de Traxens a été conçue pour ne faire qu’un avec le conteneur, le transformant ainsi en conteneur connecté. Les boitiers communiquent entre eux via un réseau local. « C’est un réseau radio maillé à très basse consommation, qui permet de fonctionner sur des distances entre une centaine de mètre et deux kilomètres, et qui est opérationel en environnement métallique et humide, explique Tim Baker. En utilisant ce réseau, un message généré par un conteneur peut ainsi remonter de conteneur à conteneur, jusqu’à un boitier relai capable de communiquer avec des technologies plus classiques comme le GSM ou le satellite. » Au sein de chaque cluster, un seul conteneur a pour mission de se connecter au réseau global et communiquer les données de tous les autres. Ce relais unique permet d'économiser une immense quantité d'énergie. Ainsi, les boitiers de Traxens ont une durée de vie minimum de trois ans. Un gain économique primordial pour leurs utilisateurs qui n'ont plus à gérer une logistique de batteries et de boitiers complexe, qui était jusqu'alors l'un des principaux freins au développement des conteneurs connectés.
CMA CGM en est pour l’instant « à l’étape des milliers » de conteneurs équipés par les boitiers Traxens. Le groupe prévoit d’en installer plusieurs dizaines de milliers d’ici la fin de l’année 2016 et a pour objectif d'étendre à terme la couverture à l'ensemble de sa flotte, soit plus de deux millions de conteneurs. La start-up est confiante quant à l’avenir de sa solution. « Toutes les compagnies maritimes sont intéressées par ce type de solution, assure le marketing et communications de Traxens. C’est un mouvement global. Avoir plus de data et augmenter l’efficacité de leur système tout en ayant accès aux données de positionnement, de température, d’humidité, de choc, de vibration, etc., est à mon avis la prochaine grande vague pour ces compagnies. » La technologie de Traxens, de par son agilité et sa robutesse, intéresse également des acteurs d'autres secteurs.
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Illustration d'une TRAX-BOX, le boitier de Traxens. © TraxensTronc commun et personnalisation
Les industriels optant pour la technologie bénéficient d'un retour de données constant, et ce tout le long du voyage du container. Ils ont la possibilité de paramétrer la solution pour accéder à un niveau de service en phase avec leurs besoins. « Nous avons commencé dans l’industrie du conteneur maritime avec l’objectif de développer une solution qui puisse être déployée en masse et sur tous les conteneurs du monde, explique Sylvain Prevot, directeur du business development chez Traxens. Nous avons été contactés par différentes industries qui ont retrouvé dans la solution que nous développions dans le monde du conteneur maritime la réponse à des besoins propres à leur métier. Nous nous sommes très vite rendu compte que Traxens pouvait être un partenaire technologique pour développer l’électronique embarqué sur l’ensemble de la chaîne logistique. Nous travaillons aujourd'hui avec des partenaires stratégiques dans le monde du wagon ferroviaire, de la caisse mobile, de la remorque routière, et avec Daher dans le monde des contenants défense et militaire. Nous développons une architecture globale du système commune à tous ces métiers. »
Sylvain Prevot rappelle que tout le long de sa vie, un même conteneur va adresser différents clients, ayant chacun des besoins spécifiques, et va rencontrer de multiples intermédiaires (chargeurs, logisticiens, douanes, assurances, transporteurs terrestre, ferroviaire, maritime etc.). Tous ces acteurs ont un impact sur le bon déroulement du transport multimodal. Traxens donne l’opportunité à ces acteurs d’accéder à un même système de données temps réel et augmenter ainsi leur capacité à se synchroniser « L’objectif est d’avoir un cœur d’intelligence commune, qui soit standard pour tout le monde, avec une solution ultra agile et une très forte customisation pour répondre à un besoin particulier à un moment donné », synthétise Sylvain Prevot.
Crédits de la photo de couverture : © Guillaume Bellan