La supply chain britannique pessimiste face au Brexit

« Les diplomates de chaque côté de la table ont à peine décidé de leurs principes de négociation et déjà les gestionnaires supply chain sont au cœur de leurs préparatifs pour le Brexit. Les entreprises européennes et britanniques seront prêtes à redéfinir leurs chaînes d'approvisionnement pour 2019 si les négociations commerciales échouent et ne perdent pas de temps à voir ce qu'il se passe », observe Gerry Walsh, président du CIPS (Chartered Institute of Procurement & Supply). Une enquête menée par le groupe auprès de 2 111 managers supply chain britanniques et européens montre que les entreprises de part et d'autre de la Manche préparent des plans d'urgence qui commencent à rompre les liens entre le Royaume-Uni et l'UE.

Les entreprises britanniques sont 32 % à chercher activement à remplacer leurs fournisseurs européens par d'autres alternatifs basés au Royaume-Uni et 36 % à prévoir de répondre au Brexit en réduisant les prix des fournisseurs. Du côté de l'Europe, les entreprises sont encore plus avancées dans leurs préparatifs. Presque la moitié (45 %) des managers européens de supply chain s'attendent à ce qu'une grande partie de celle-ci soit retirée du Royaume-Uni, avec un peu plus du quart (28 %) ayant l'intention de relayer l'ensemble ou une partie de leurs chaînes d'approvisionnement vers l'Europe. À long terme, les gestionnaires européens semblent plus confiants quant à leur capacité à répondre à tous les tarifs résultant de la négociation finale en réaffectant leurs chaînes d'approvisionnement dans le marché unique.  

Les négociateurs britanniques en faible position

Avec des négociations de sortie tout juste à leurs débuts, le défi le plus pressant pour les entreprises britanniques a jusqu'ici été la fluctuation des devises. Près des deux tiers (65 %) des entreprises du Royaume-Uni ont vu leurs chaînes d'approvisionnement devenir plus chères en raison d’une monnaie plus faible. Près d'un tiers (29 %) ont renégocié certains contrats avec leurs fournisseurs en conséquence. Les gestionnaires supply chain européens et britanniques s'accordent à dire que la priorité devrait consister à garder les tarifs et les quotas à un minimum, mais ceux du Royaume-Uni estiment faire face à de sérieuses difficultés lors des négociations commerciales.

Lorsque l'enquête pose la question aux sondés « des principaux défis auxquels sont confrontés les négociateurs britanniques dans les négociations commerciales », 39 % déclarent que le Royaume-Uni a une faible position de négociation, 36 % croient que le pays va manquer de temps et 33 % pensent qu'il y a une pénurie d'expertise et de connaissances en supply chain.  Ce pessimisme est également évident lorsqu'il s'agit de gérer les coûts financiers de Brexit. Plus d'un tiers (36 %) des gestionnaires du Royaume-Uni envisagent de répondre en réduisant les coûts de leurs fournisseurs, tandis que 11 % admettent qu'une partie de leurs opérations pourrait même ne plus être viable.

« La refonte des supply chain britanniques avant le Brexit pourrait constituer une excellente opportunité pour les petites entreprises qui cherchent à gagner de nouveaux contrats, mais elle présente également des défis importants. Le Brexit est susceptible d'entraîner des coûts considérables pour les entreprises du Royaume-Uni et de l'Europe. Ces coûts seront ensuite transmis aux petits fournisseurs et éventuellement aux consommateurs », conclut Gerry Walsh.