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Log's, à l'heure du Covid-19
Afin de répondre à la crise sanitaire du Covid-19, les acteurs de la supply chain se mobilisent. Tout au long de cette période complexe, Voxlog donnera la parole à des chargeurs, prestataires, transporteurs et logisticiens afin de mettre en lumière la façon dont leurs organisations et équipes doivent s'adapter. Aujourd'hui, Franck Grimonprez, fondateur et président du groupe Log’s, fait le point sur la situation chez le prestataire logistique français.
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Log's | Entrepôt de Louvres
Quel est actuellement l’impact de la crise sanitaire sur votre activité ?
Pour le secteur de l’agroalimentaire et du e-commerce, l’activité augmente avec une explosion des commandes à distance. Nous observons sur certains flux un report flagrant de la commande retail sur la commande internet. Par exemple, sur des produits outdoor de première nécessité pour faire jouer les enfants dans le jardin : multipliés par 5 par rapport à l’année dernière avec la même météo. Il y a en revanche des activités qui ont dû s’arrêter, par exemple dans l’automobile : toutes les usines françaises sont stoppées, et nous avons mis en place du chômage partiel.
De quelles manières avez-vous réadapté votre organisation suite à ces événements ?
Dès les premiers signaux, nous avons mis en place des mesures très strictes sur les gestes barrière, et communiqué sur toutes les prescriptions préventives. Concernant l’organisation de nos équipes, nous sommes très précautionneux sur le contact : nous avons des chevauchements de poste qui ne se font plus. Nous espaçons par ailleurs énormément les postes, et les moments de regroupements durant les pauses sont interdits. Nous avons également mis en place des équipes alternées, travaillant une semaine et pas l’autre. Nous avons enregistré des droits de retrait mais nous fonctionnons beaucoup sur le volontariat chez Log’s. Pour certaines personnes, l’état de santé ou les antécédents médicaux ne permettent pas de continuer à travailler. Il n’y a pas de discussion à ce sujet ! Par rapport au volume que nous avons à produire pour l’e-commerce, particulièrement pour les biens de première nécessité et les premiers équipements (four, micro-onde…), nous avons travaillé avec toutes les enseignes pour proposer un séquencement du traitement de la commande, avec des plans de transport en conséquence. C’est-à-dire qu’un client qui commande sur Internet, au lieu d’être livré en 24h, sur les produits qui peuvent l’être, nous lui garantissons, via les services publics qui sont maintenus et notamment La Poste, un délai de livraison sous cinq jours. Les commandes sont accumulées et nous les traitons le jour A, tandis que le jour B nous mettons tout le monde au repos, etc. En n’étant pas occupants du site, on considère que celui-ci s’auto-sécurise puisqu’on sait que le virus se désagrège au bout d’un certain temps.
Cela vous a donc demandé un gros travail de réajustement et de communication avec vos clients ?
Oui nous étions déjà en veille depuis plusieurs semaines par rapport aux approvisionnements asiatiques. Il était important pour nous de traiter toutes les problématiques liées à ce virus, sur cette partie approvisionnement tout d’abord, avant de traiter la partie production. La situation s’est encore complexifiée depuis que nous sommes partis sur un fonctionnement de télétravail en confinement sur tous nos sites pour un maximum des encadrants, des administratifs et des personnes relais pour nos clients. Nous n’avons, à ce propos, pas hésité à se doter de moyens matériels importants grâce à nos ressources internes et à nos équipes IT notamment : des VPN, des accès internet, des outils collaboratifs... La priorité reste la famille : depuis trois semaines, à la moindre suspicion, on écarte la personne de l’équipe, on préfère ne prendre aucun risque pour elle et pour ses proches. Notre équipe RH est complétement mobilisée, en télétravail, et communique des infos régulières à nos sites.
Quels sont les défis à relever à court et moyen terme ?
Notre principal défi, c’est qu’il n’y ait pas de rupture sur les biens de première nécessité. Cela peut passer par la mise en place, s’il le faut, d’une confraternité de nos équipes sur la chaîne. Nous avons ainsi eu l’occasion de mettre à la disposition d’un confrère certains de nos caristes Caces 5, en s’assurant bien évidemment que ceux-ci travailleraient dans des conditions similaires à celles de Log’s aujourd’hui. Notre dernier défi, c’est d’anticiper la reprise de l’approvisionnement de l’ensemble de nos concitoyens en format normal, et de redémarrer le plus efficacement possible pour nos clients dans l’industrie, dès que nous le pourrons, et que cette fichue pandémie aura pris le large.