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Digital SITL : quel dynamisme pour la robotique et l’automatisation après la crise ?

Parmi les différentes conférences organisées pendant la Digital SITL, du 23 au 26 juin, une table ronde virtuelle s’intéressait plus particulièrement à la question de la robotique et de l’automatisation. Entre projets reportés dans certains secteurs et intérêt grandissant dans d’autres, prestataires et experts du sujet dressent le portrait d’un marché en pleine adaptation.

Publié le 30 juin 2020 - 09h26
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Scallog

Organisée à l’occasion de la Digital SITL, édition en ligne du salon annuel consacré à l’innovation transport et logistique, une des tables rondes virtuelles menées du 23 au 26 juin 2020 portait sur l’automatisation et la robotique en logistique. Sources croissantes d’investissements et d’innovations, celles-ci se déploient aujourd’hui dans les entrepôts sous de nombreuses formes : mécanisation, cobotique, systèmes intelligents de préparation et de traitement des flux logistiques. Et alors que le monde économique redémarre progressivement après plusieurs difficiles mois de confinement, cet échange était l’occasion de faire le bilan sur le marché après la crise.

 

Dans ce contexte difficile, certaines organisations supply chain ont ainsi pu constater la pertinence de ces installations mécanisées, automatisées ou robotisées, capables de maintenir cadence et efficience malgré les aléas. « Cela a permis à des clients de réduire l’impact sur le personnel et sur leur production. Les gestes barrières et la distanciation sont facilités dans ce contexte. De plus, la production continue a permis à des entreprises de répondre à la demande forte qu’elles ont été amenées à gérer. Nous avons accompagné un spécialiste de la vente de café dont les ventes ont plus que doublé durant la crise. En s’appuyant sur la solution d’automatisation que nous avions mis en place chez lui, il a pu absorber la demande », notait ainsi William Fleuriau, directeur commercial de SSI Schaefer, fournisseur de solutions de stockage et de logistique. Un avis partagé par Alexandre Jordan, responsable du développement commercial systèmes logistiques de Jungheinrich, rappelant que  certaines entreprises dotées de process automatisés ont pu réduire l’impact de la crise sur leur activité, principalement dans les domaines de la distribution ou l’agroalimentaire : « Nous avons un client qui est équipé de chariots automatiques de type AGV afin d'éliminer les déplacements de charge ayant peu de valeur au sein d’une activité en trois-huit. Pour eux, l’automatisation a réellement été un plus pendant la crise. Cela a nécessité pour nous de maintenir notre SAV au plus haut niveau ».

 

Mais la pandémie aura également été une période de ralentissement pour le secteur, principalement pour des activités telles que l’aéronautique, l’automobile, la mode ou le textile, avec de nombreux projets reportés, dans un contexte souvent incertain, comme le souligne Olivier Rochet, CEO de Scallog, spécialiste français de la robotique : « Il a fallu principalement assurer le niveau de service pendant la crise et décaler un certain nombre de projets pour des secteurs très demandés comme l’e-commerce ou la pharmaceutique. Nous avons observé un arrêt des investissements au moment du confinement car les directions ne savaient pas vraiment où cette crise nous amenait. On sent aujourd’hui l’effet inverse avec une accélération. Les entreprises ont compris qu’il fallait évoluer pour ne plus prendre de retard. Dans ce cadre, nous conseillons à nos clients d’aller vers des technologies flexibles, offrant sécurité et agilité. Avec Scallog, nous souhaitons proposer un investissement relativement réduits pour démarrer rapidement dans le domaine de la robotique, puis progressivement étendre la solution ».

 

Un accélérateur technologique

Pour le prestataire Rhenus Logistics, cette épisode sanitaure pourrait être l’occasion pour les acteurs de la supply chain de donner un « coup d’accélérateur technologique dans l’entrepôt », selon les mots de Sophie Conte, sa directrice business, jugeant que la crise du Covid-19 et les contraintes liées aux gestes barrière peuvent également être l’occasion de repenser le travail sur site : « Le déchargement d’un container est par exemple un process très manuel, avec deux personnes qui travaillent ensemble.  Dans un contexte de distanciation sociale, comment faire ? Les actions de protection existent, mais cela a aussi lancé des réflexions sur la capacité à faire du déchargement semi-automatique ou totalement automatique par exemple ». L’automatisation, même partielle, est donc toujours une réponse de choix pour les acteurs de la supply chain afin de répondre aux nouvelles exigences de la supply chain, même quand celles-ci sont d’ordres sanitaire. « Avec une crise comme celle du Covid-19, l’automatisation est très intéressante car elle donne une approche plus locale des processus : les préparateurs n’ont plus à faire les déplacements dans l’entrepôt car ceux-ci sont effectués par les AGV ou les systèmes automatisés. Cela peut simplifier les problématiques de distanciation sociale », note Sophie Conte. Une réflexion qui était déjà en cours avant le confinement chez Rhenus, puisque le prestataire avait pu déployer des robots Scallog dans un de ses entrepôts, permettant de stocker 15 000 références en étagères sur une surface de 2 000 m² en mezzanines. Des installations AutoStore avaient également été déployées en Europe par Rhenus.

 

« Les systèmes automatisés ont un avenir indéniable et cette tendance devrait encore se renforcer pendant de longues années, dans un grand nombre de secteurs. De telles installations offrent, dans les schémas directeurs, un levier de réduction des coûts d’investissements et de réalisation des bâtiments, car elles permettent de massifier les surfaces exploitées et de faire des économies d’échelle. Les systèmes que nous mettons en œuvre aujourd’hui ne sont pas figés, et nous les étudions en permanence pour les rendre plus agiles et mieux adaptés aux évolutions des marchés », indique William Fleuriau, pour SSI Schaefer. Pour Jungheinrich, le Covid-19 va même profondément impacter la culture d’entreprise dans les années à venir, avec une volonté de résilience en s’appuyant sur des technologies nouvelles telles que les AGV. « La crise va être le catalyseur d’une tendance déjà bien lancée et va accélérer la transformation pour certaines activités. L’automatisation répond à la difficulté d’embauche, réduit la pénibilité au travail et résout les problématiques de coût en densifiant le stockage », note Alexandre Jordan, citant un sondage mené par le cabinet d’audit Ersnt and Young dans un contexte post-pandémie : celui-ci montre que le marché des chariots automatiques AGV va passer de 80 à 300 milliards de dollars d’ici la décennie 2030-2040. L’automatisation sous toutes ses formes a encore de beaux jours devant elle.

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