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Transversal

Un Hub Day en distantiel pour des enjeux supply chain transverses

Les 2 et 3 février avait lieu l'édition 2021 du Hub Day "Future of retail and e-commerce" dont le parcours dédié à la "smart supply chain" revenait sur les grandes tendances structurantes du secteur, actuelles et à venir, tout en se penchant sur les démarches des acteurs de la filière.

Publié le 9 février 2021 - 09h00
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Devenu virtuel, Covid oblige, le Hub Day consacrait cette année encore un de ses trois parcours à la supply chain les 2 et 3 février 2021. Introduit par le président et fondateur de la structure de veille et d'intelligence économique SprintProject, Fabien Esnoult, l’événement dédié au futur du retail et du e-commerce, se penchait sur les grandes tendances supply chain 2021. Ce dernier, comme lors de la conférence du 25 novembre dernier, est revenu sur les axes structurants de la filière et les innovations qui la construisent. Face à ce monde changeant où se conjuguent des facteurs d’évolution démographique, de poussée RSE, de changements des habitudes de consommation et de développements technologiques, il s’agit selon Fabien Esnoult d’observer les tendances qui viennent ou viendront influencer et innerver le domaine de la supply chain.


Tendances en cours et à venir

Parmi ces innovations en cours, le président de SprintProject cite l’accélération de la gestion des retours requérant des réponses simplifiées pouvant par exemple être apportées par des start-ups comme Coliback ou encore Revers.io. Il s’agit également de travailler à la consolidation du dernier kilomètre tout autant qu’à la restructuration du premier kilomètre, deux univers ayant « explosé », notamment avec la crise, tout en étudiant le développement des micro-hubs urbains : « Avec la pression du foncier, quand on veut faire de la logistique durable, la zone dense du cœur des villes est inadaptée. Certains grands groupes et start-ups viennent avec des visions nouvelles et recréent de la valeur dans des sites qui n’étaient pas logistiques », détaille Fabien Esnoult, citant Urby ou encore Urbanhub. Sur le sujet de la plateforme logistique elle-même, des axes de développement travaillent à cette smart supply : « Cela fait longtemps que l’on travaille avec des WMS, mais avec de nouvelles technologies telles que l’IA, on peut encore gagner des points d’optimisation dans l’entrepôt », avec des start-ups comme Vekia ou encore Amia Systems.


Transition technologique et énergétique

Côté technologique, Fabien Esnoult invite à se pencher sur les objets connectés : « Comment ce monde connecté va-t-il changer quelque chose ? Qu’est-ce que la 5G par exemple nous apportera demain ? Les entreprises devront répondre à ces questions en définissant le cadre de leurs ambitions. A priori il n’y aura pas de solution unique ». Parmi les tendances en cours dans un moyen terme, il évoque également l’industrialisation des véhicules du dernier kilomètre aujourd’hui encore soumis à des volumes étroits (vélo électrique, cargo…) : « Il faut que les fournisseurs de ces véhicules se dirigent vers une échelle industrielle, ils doivent croître pour pouvoir être les partenaires de grandes structures ». Autre défi à considérer : la disruption du maritime et son « enjeu majeur » de transition énergétique. « Cet univers vit sa propre révolution avec des start-ups très pointues et pertinentes à l’instar de Buyco, Wakeo ou encore Ovrsea. Ce monde maritime devrait être très instructif dans les années qui viennent », soutient-il. Enfin, sur les tendances qui devraient habiter les métiers de la supply d’ici trois ans, Fabien Esnoult évoque les robots autonomes en attente d’une maturité technologique. Considérant les tests de véhicules autonomes pour la livraison, il y observe encore « les problématiques juridiques » engendrées par ce genre d’utilisation. « Toutefois de grandes entreprises commencent à y travailler, comme La Poste avec la start-up TwinswHeel », termine-t-il.

 

Une supply chain plus « green »

Pour débuter le cycle des interventions supply chain, trois acteurs professionnels étaient venus évoquer leur stratégie pour développer une chaîne logistique durable autour de la table ronde virtuelle « En route vers une sustainable supply chain ». Pour Olivier Dubreucq-Perus, group logistics and supply chain innovation director du groupe L’Occitane, cette notion de supply chain plus verte, débute « avec une ambition fixée au niveau du groupe sur la durabilité de [son] environnement en général, et pas seulement sur l’aspect carbone ». Le tout s’illustrant à travers l’acronyme ACT : « Adapter », par exemple en opérant la livraison du dernier kilomètre avec une solution décarbonée ou encore sur l’emballage d’un gel douche avec un flacon recyclé ; « Changer », avec la mise en place du ship-from-store afin de massifier les transports et donc de réduire les émissions ; « Transformer », « étape plus complexe à mettre en œuvre, en supply chain, juge-t-il. Cela revient à revoir notre maillage logistique en prenant les dépenses de CO2 comme un critère au même titre que le lead time, les coûts… » Sur le sujet des emballages, le groupe L’Occitane est par ailleurs pilote sur une initiative menée par SupplyChain 4 Good de France Supply Chain, consistant à redéfinir un conditionnement vertueux pour l’e-commerce


Une démarche responsable côté produits, emballage et transport

Chez Kering, Sorin Ciocan-Vladescu, group supply chain & logistics director indique que le groupe de luxe français travaille notamment « sur le développement de produits réalisés avec des matières premières plus responsables, comme le coton par exemple », et s’attache, côté logistique, à « revoir [ses] emballages » pour contenir davantagee de matières recyclables. Côté transport, Sorin Ciocan-Vladescu, estime que l’idéal, « pour réduire les invendus traditionnellement élevés dans le secteur », serait « de ne pas les produire mais d’envoyer un avion juste à temps et dans les justes quantités ». En attendant, il s’agit de trouver une manière et des solutions industrielles pour recycler ces invendus : des sujets sur lesquels planche l’entreprise. Toujours sur la question du transport, le groupe Rocher travaille de son côté à la décarbonation de la chaîne aval, « très visible du grand public », explique Yann de Feraudy, président de France Supply Chain et directeur général adjoint des opérations et IT du Groupe Rocher. Pour cela, l’entreprise œuvre « à la racine », en incluant dans les évaluations faites par ses acheteurs dans les appels d’offres un axe de développement durable. « En 2021, la moitié de nos 700 magasins français seront livrés par des véhicules plus verts, hybrides », décrit-il. Une démarche passant également par la réduction d’énergie sur l’ensemble des sites du groupe : « Au cours des dernières années, nous avons baissé la consommation de 50 % ». Face à cette volonté de diminution énergétique, la rapidité voulue par les consommateurs peut « créer une tension », observe Yann de Feraudy : « Les différents confinements, ont fait un peu baisser le buzz sur la rapidité, ce qui comptait, c’était davantage la fiabilité, le fait de tenir ses engagements. C’est ce qui restera demain », juge-t-il.

 

De l'importance du sourcing

S’interroger sur la « sustainability », de la chaîne logistique, cela peut aussi passer, dans le cadre de Kering, par une démarche menée autour de la traçabilité, par exemple sur les peaux exotiques utilisées, eu égard aux réglementations sur la protection des animaux. « Nous devons travailler pour communiquer plus vis-à-vis du client et lui donner l’information sur l’origine de la peau », indique Sorin Ciocan-Vladescu. Un « sourcing durable et responsable », c’est aussi l’enjeu pour Olivier Dubreucq-Perus qui indique que chez L’Occitane, cela se traduit par des « partenariats respectueux pour la fourniture de leurs ingrédients naturels ». Dans cette démarche, le groupe passe par le portail EcoVadis [Plateforme d'évaluation des performances RSE et achats responsables] où « la notation devient un critère soit d’entrée soit de continuité pour la relation avec [ses] fournisseurs et [ses] prestataires logistiques ». Par cet ensemble d’initiatives, chaque acteur indiquait la pluralité des enjeux du développement durable sur la chaîne logistique, nécessairement mise en œuvre avec l’ensemble des partenaires.

 

Un grand projet e-commerce chez Mars Petcare

L'événement était également l'occasion pour des grands acteurs chargeurs de présenter les efforts mis en place pour faire évoluer leurs supply chains. C'est le cas Mars Petcare, avec une intervention d'Henri Harfouche, son directeur supply chain. Si le groupe Mars est particulièrement connu pour son activité de confiserie, qui compte pour 40 % de son chiffre d'affaires, l’alimentation animalière représente une part égale avec les marques Royal Canin ou Pedigree, le reste concernant l’alimentation humaine à 20 % (Uncle Benz). « En 2020, la croissance de la vente en ligne s’est accélérée avec +46 % sur les grandes surfaces, et +22 % sur les marketplaces. Jusqu’à présent, nous n’avions pas la capacité d’opérer en BtoC : nous avons des flux physiques de GMS (camions complets, palettes homogènes), un ERP SAP adapté aux grands clients... Notre projet a donc été de démarrer la gamme petcare en marketplace à partir de février 2021 », explique-t-il. Dans les semaines qui viennent, Mars Petcare va vendre ses produits chez eBay et Rakuten avec la cpacité de gérer ses commandes et livraisons vers le client final. Pour cela, l'entreprise s’appuiera sur deux experts extérieurs : pour les flux physiques, FM Logistic, et la plateforme e-commerce Diatly va consolider flux, ventes et données. « Aujourd’hui, notre activité représente une centaine de commandes par jour, avec 100 camions complets. En marketplace, ce sera 100 à 200 commandes quotidiennes, mais avec deux unités en moyenne par commande. Il a donc fallu modifier notre organisation », décrit Henri Harfouche.

 

S'appuyer sur les éléments les plus agiles et motivés

Piloté en plein cœur de la crise sanitaire, le projet a été privilégié par rapport à d'autres, et a dû être géré dans toutes ses spécificités : « Il s'agissait de trouver un équilibre entre l’agilité pour démarrer au plus vite, tout en ayant une vision long terme avec des développement réapplicales dans d'autres pays. Il ne faut pas gérer ce genre de projet comme un chantier traditionnel. Il est crucial de réaliser un focus en phase amont sur le design de la solution et il n'est pas problématique de démarrer avec une transaction et un système imparfaits, car cela peut être corrigé au fur et à mesure. Dans le e-commerce, les démarrages sont lents, avec peu d’achats, ce qui laisse le temps de faire des transactions manuelles pour corriger si besoin est », raconte Henri Harfouche. Le tout avec la nécessité de s’adosser à des partenaires experts pour faire les bons choix, en externe, mais également en interne : « S'appuyer sur les éléments les plus agiles et les plus motivés de votre organisation pour accompagner ces enjeux est essentiel à la réussite des projets ».

 

Chez Ikea, une approche collaborative pour déployer l'innovation

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Autre intervention, celle de Peter Ac, head of innovation supply chain au sein du groupe Ikea. Celui a présenté le Developement and Innovation Networks, une approche collaborative dans laquelle les compétences d’Ikea et de ses partenaires s’associent pour penser « out of the box » sur les questions de logistique. « Le développement de notre supply chain doit créer les conditions pour une supply chain compétitive, avec un contrôle bout en bout de nos flux. Nous nous appuyons donc sur un hub de bonnes idées, et invitons chaque collaborateur d’Ikea à partager ses idées et ses solutions. Nous faisons des tests sur des concepts nouveaux et avons un portfolio d’innovations. Plus on est rapide pour déployer ces dernières, plus on peut en tirer de la valeur, et plus l’avantage compétitif est fort. Il faut créer les conditions pour démocratiser l’innovation, impliquer les équipes... ». Le géant suédois travaille ainsi beaucoup à la suppression du plastique dans ses emballages mais aussi à adapter son packaging doté d'une vision centrée sur les magasins, à des enjeux e-commerce  : « Nous avions des packagings avec des ouvertures d’un côté du carton pour la présentation en magasin. Nous sommes passés à des paquets fermés, qui sont faits pour tous nos canaux de ventes », raconte Peter Ac. Côté transport, la décarbonation passe par des motorisations alternatives, dont le biodiesel pour le maritime et l'électrique pour la livraison en ville. L'innovation se déploie aussi en entrepôt avec une plus grande automatisation dans la préparation des produits. « Nous travaillons avec des experts de l’IA pour avoir davantage de flexibilité et de précision – avec du machine learning pour apprendre à reconnaître nos produits et optimiser l'automatisation de notre production. Nous regardons également les systèmes autoguidés pour le transport d’un point à l’autre sur nos sites, ou les drones d'inventaires », termine-t-il.

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