Immobilier
Goodman dévoile un entrepôt hors norme sur le port de Gennevilliers
Multimodal, construit sur quatre étages et situé à quelques kilomètres de Paris... Le développeur immobilier Goodman et Haropa Port dévoilaient mardi 1er juin 2021 le projet Green Dock, un entrepôt de 90 000 m² au format inédit en Europe. Prévu pour fin 2024, il a déjà suscité l’intérêt de DB Schenker, Stef et Ceva Logistics.
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A26 Architectes | Green Dock Gennevilliers - Facade Bureaux
Première plateforme multimodale d’Ile-de-France connectant la région aux terminaux maritimes du Havre, le port de Gennevilliers n’est pas étranger aux projets immobiliers logistiques innovants. Il y a quelques années, c’est un bâtiment sur deux étages qui avait été construit dans la zone, occupé aujourd’hui par Ikea pour sa distribution urbaine dans la région francilienne. Et le projet Green Dock, dévoilé par le développeur Goodman et Haropa Port au début juin 2021, présente de nombreuses caractéristiques que les deux acteurs qualifient d’« avant-gardistes ». Ce bâtiment pensé pour la distribution urbaine se développera sur 90 000 m² de surface, répartis sur quatre étages. Chaque étage sera indépendant et accessible par les camions via des rampes. « C’est un projet unique. Tout d’abord par sa localisation combinée avec ses perspectives multimodale, car le port permettra de bénéficier d’installations portuaires sur l’amont, et de rayonner sur la capitale en aval via la Seine. Mais surtout par sa verticalité, avec quatre étages sur une hauteur de 30 mètres. Pour avoir les mêmes surfaces de plain-pied, il nous aurait fallu faire au moins quatre fois plus grand », note Philippe Arfi, directeur de Goodman France. Chaque étage proposera quatre cellules qui pourront être toutes indépendantes, assurant une grande divisibilité du site selon les évolutions des clients. Deux des niveaux du bâtiment auront une hauteur de 4,70 mètres, visant des activités de type cross dock, tandis que les deux autres feront 6,2 mètres pour des opérations logistiques de stockage pour des produits à forte rotation, avec la possibilité de racker au sol et sur deux niveaux. L’officialisation du projet le 1er juin 2021 était donc pour Goodman et Haropa Port l’aboutissement d’une année d’échanges sur le projet, mais également le point de départ d’un chantier qui reste encore long. « Nous déposerons les dossiers administratifs à la fin de l’année ou au début 2022. Débutera alors une période d’instruction qui devrait durer entre 12 et 18 mois, puis deux années de construction. Nous espérons un début des travaux mi-2023 et une livraison qui interviendrait fin 2024 ou début 2025 », note Philippe Arfi.
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© Dronepress/Wepa | Philippe Arfi (Goodman) et Stéphane Raison (Haropa Port), le 1er juin 2021Une dimension environnementale soignée
Le projet du développeur a été choisi à l’issue d’un appel d’offres lancé par Haropa Port sur un terrain de 6,5 hectares, actuellement occupé par un bâtiment industriel, qui sera entièrement réhabilité pour accueillir le nouveau site logistique. Un espace de développement assez étroit, d’un peu moins de 100 mètres de large, mais s’étendant sur 600 à 700 mètres de long, mis à disposition pour Goodman sur une période de 60 ans. « Nous avons optimisé le moindre mètre cube disponible », assure Philippe Arfi. Pour permettre la connexion au fleuve, le site sera équipé d’un ponton de transbordement fluvial qui apportera une solution logistique inédite pour gérer les flux aval, puisque des camions pourront être chargés depuis Green Dock sur des barges pour remonter ensuite le cours de la Seine. La dimension environnementale est également un élément crucial de la conception du site. Ainsi, côté énergie, le site sera triplement équipé, avec 11 000 m² de toiture photovoltaïque, une installation de géothermie, ainsi qu’un échangeur calorifique dans le fleuve. « La combinaison de ces éléments nous permettra d’avoir un site entièrement autonome. Cela nous permet de prétendre à trois certifications : tout d’abord Breeam, à un niveau Outstanding qui n’existe pas dans l’immobilier logistique, mais aussi les labels Bas-Carbone et Biodivercity », note Philippe Arfi. Autre originalité, la présence d’une ferme urbaine sur le toit du bâtiment, qui proposera 10 000 m² de cultures en plein air, et 7 000 m² de serres. Conçue avec le partenaire Cultivate, elle devrait produire 200 tonnes de fruits et légumes par an, dont la livraison sera ensuite gérée directement depuis le site Green Dock dans une optique « de circuits très courts ». Enfin, côté architectural, le travail réalisé par le cabinet A26 permettra au site de s’intégrer dans le paysage urbain avec une façade constituée de matériaux naturels et recyclés, en bois et béton.
Redévelopper les axes fluviaux
« C’est un projet ambitieux, novateur, green, sans équivalent en France ou en Europe, emblématique de la logistique de demain. Nous voyons bien que le secteur fait face à une exigence de densification, en particulier dans la région parisienne, et que les nouveaux sites qui émergent devront être liés à la logistique urbaine décarbonnée. Les ZFE repoussent le transport routier en dehors de la ville et le fleuve apparaît comme un axe idéal pour une logistique propre », note Stéphane Raison, directeur général de Haropa Port, qui réunit désormais les ports de Paris, de Rouen et du Havre. Avec un espoir pour l’organisme : celui de voir la dimension logistique du transport fluvial reprendre des parts de marché, en appuyant ce mouvement avec une capacité à proposer des offres foncières nouvelles sur les zones portuaires. « Il nous reste beaucoup de place sur les trois ports, près de 16 000 hectares, et nous nous fixons comme objectif d’implanter de nouvelles industries pour fixer les flux et les chaînes logistiques durablement sur l’axe Seine. Pour cela, nous allons développer des fonciers clé-en-main, avec un focus sur les friches industrielles, idéalement embranchées fer ou route », explique Stéphane Raison. Un travail qui passera par un accompagnement par les équipes d’Haropa Port pour la réalisation d’études techniques et financières, et les autorisations administratives. L'organisme veut ainsi être « un facilitateur et un coordinateur », afin de reconquérir des parts de marché face aux ports du Nord de l’Europe.
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©A26 ArchitectesTrois logisticiens déjà attendus
Trois clients sont déjà engagés en amont dans la conception du projet, même si l’investissement complet reste entièrement porté par Goodman, pour un montant estimé à 150 millions d’euros. Des grands noms de la logistique qui ont manifesté très tôt leur intérêt pour ce projet insolite : Ceva Logistics, Stef et DB Schenker. « C’est pour nous la meilleure preuve de l’opérabilité du projet, qui est une solution logistique telle qu’il n’en existait pas encore sur le port », juge Philippe Arfi. Chez Stef, le directeur du développement e-commerce David Bali note que le programme pourra « traiter l’approvisionnement de Paris et de la petite couronne tout en améliorant la qualité environnementale des livraisons. L’exploitation du site permettra la distribution alimentaire urbaine pour les restaurants, commerces, mais aussi les particuliers avec la livraison e-commerce. Nous sommes convaincus que sa situation exceptionnelle permettra de répondre aux enjeux du dernier kilomètre ». Du côté de DB Schenker, on souligne le travail de co-conception qui a été mené dans le développement du site et ses nombreux avantages côté RSE. « La mutualisation est également un élément clé du site, qui nous permettra de regrouper nos forces pour développer des projets en commun », note Tariel Chamerois, directeur développement durable chez DB Schenker France. Enfin, pour le prestataire Ceva Logistics, filiale du groupe CGA-CGM, « ce nouveau site est une opportunité pour compléter notre réseau en France et en Europe en augmentant nos lignes de transport entre Le Havre et la région parisienne. Sa localisation nous permettra de développer de nouveaux services de logistique urbaine », détaille Amaury de Jorna, head of business development France chez Ceva Logistics. À eux trois, les logisticiens occupent déjà les trois quarts du programme.
Le projet Green Dock en chiffres :
■ 90 000 m² sur quatre étages indépendants ;
■ 30 mètres de hauteur ;
■ Situé à 5 kilomètres de Paris ;
■ Une ferme végétale sur le toit de 17 000 m² ;
■ 150 millions d'euros d'investissement.