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Transport

Décarbonation du transport : Cécile Maisonneuve répond à l'association Équilibre des Énergies

Lors d'un débat dédié à la décarbonation des transports, la spécialiste Cécile Maisonneuve est venue évoquer les enjeux de transition écologique des mobilités en observant les travaux déjà accomplis sur le sujet et ceux à venir pour le prochain quinquennat.

Publié le 18 novembre 2021 - 16h20
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Equilibre des Energies I Cécile Maisonneuve et Brice Lalonde

À l’approche des élections présidentielles, l’association Équilibre des Énergies (EdEn) a invité, le 17 novembre 2021, Cécile Maisonneuve, senior fellow de l'Institut Montaigne et conseillère auprès du centre énergie et climat de l'Ifri, à l'occasion d’un débat animé par Brice Lalonde, président de l’association et ancien ministre de l’Environnement. Le thème de cette discussion : « Décarboner les transports : quelle feuille de route pour le prochain quinquennat ? ». Partant du constat que malgré l’adoption de la loi d’orientation des mobilités et le développement de l’offre, la tâche est encore longue pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le domaine de la mobilité, il s’agissait ce jour-là de faire le bilan des actions déjà menées dans ce domaine et d’esquisser les axes de travail nécessaires pour notamment atteindre l’objectif national de neutralité carbone des transports terrestres d’ici 2050.

 

Trouver un business model

Cécile Maisonneuve insistait de prime abord sur « l’énormité » du travail à accomplir face à un changement qui ne doit pas être incrémental mais systémique en ce qui concerne la mobilité. Si la question du transport public y était largement abordée, avec la nécessité d'y intégrer « le sujet rural en priorité », le thème de la logistique n’était pas absente de cette matinée d’échanges. Un « parent pauvre » du débat, déplore-t-elle : « On a considéré que le secteur privé faisait très bien le travail et qu’il était beaucoup trop compliqué de s’attaquer à une chaîne de valeur aussi atomisée que l’est celle du transport de marchandise. Et on a pensé que l’intendance suivrait ». Mais dès lors que les problèmes de pollution engendrée ont fait surface, avec leur impact sur l’espace public, certaines villes s’y sont enfin attaqué, observe-t-elle. « On a alors compris que lorsque l’on évoque la logistique urbaine, on parle de flux de mobilité mais aussi de stock, d’immobilier. Or, les entrepôts se sont de plus en plus éloignés des grands centres urbains ». Comment ces derniers pouvaient dès lors agir sur des emplacements ne relevant pas de leur juridiction ? « Les villes ont alors compris que si elles voulaient avoir un impact, non seulement il fallait réglementer l’espace public, pousser les acteurs à décarboner leur flotte et à diversifier leurs modes de livraison, mais aussi avoir des entrepôts relais intra-muros ». Avec un problème à la clef : celui de trouver un business model pérenne lorsqu’il s’agit de stocker de la marchandise, étant donné le prix du mètre carré en ville.

 

Consolider les flux en fin de parcours

Cécile Maisonneuve observe néanmoins, sous cette impulsion, une géographie des entrepôts qui se complexifie. « On a compris que la ville devait réintégrer certaines fonctions alors qu'elle était jusqu'ici un peu comme Tartuffe : "Cachez cette logistique que je ne saurais voir !" On est aujourd’hui sorti de cette époque et ce sont maintenant les acteurs de la filière eux-mêmes qui bougent énormément sous la pression de la législation notamment ». Sur ce sujet de la logistique urbaine, Cécile Maisonneuve juge ainsi que nous ne sommes qu’au début la vraie révolution à venir : la consolidation des flux en fin de parcours. Le tout pour répondre à un système parfois « complétement aberrant » : par exemple lorsque les membres d'une même famille réalisent plusieurs commandes, ce qui conduit à une atomisation des livraisons en direction du même logement. Poussant au bout un raisonnement visant à la massification de ces flux d'acheminement pour œuvrer à la décarbonation, Cécile Maisonneuve relève la nécessité d’un travail de consolidation de données, lequel posera alors question sur la protection de la vie privée : « Cela va faire partie des sujets dont il faut débattre. Et au-delà de la question de la décarbonation, cela interroge également l’utilisation rationnelle de cette denrée rare qu’est l’espace public en milieu urbain », termine-t-elle.

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