Transversal
La logistique durable, une question d'argent
L'enquête « Green Logistics » du cabinet Simon-Kucher dévoile des entreprises motivées par le développement d'une logistique durable, mais peu engagées concrètement, certainement refroidies par les coûts engendrés.
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Dans sa récente étude « Green Logistics », Simon-Kucher & Partners, un cabinet de conseil en stratégie et marketing, aborde la question du transport et de la logistique durable sous l'angle économique. Réalisée auprès d'une centaine entreprises européennes du BtoB ayant recours à des prestataires logistique et transport, celle-ci montre que 55 % d'entre-elles considèrent la durabilité comme un sujet sérieux, mais qu'elles manquent de mesures concrètes, alors que les clients souhaitent que l'éco-responsabilité devienne une norme dans le secteur.
Une volonté mais pas de mesures claires
En matière de mesures éco-responsables, les entreprises se focalisent sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre qu'elles produisent. Or, selon Simon-Kucher, les mesures de réduction des émissions ne sont actuellement pas suffisantes pour atteindre une neutralité carbone ; la compensation carbone reste donc à l'ordre du jour. Et lorsqu'il s'agit de choisir un prestataire de services logistiques, seules 31 % des entreprises considèrent que le sujet de la durabilité reste très important (Europe occidentale : 25 %, Europe centrale : 34 %, Europe du Sud : 36 %), probablement en raison du manque d'offres adaptées. Globalement, d'après l'étude, les entreprises n'ont toujours pas de préférence claire quant aux mesures à prendre. Ainsi, il n'est pas certain que le marché soit prêt pour des solutions logistiques coûteuses mais véritablement neutres sur le plan climatique, telle que l'utilisation de carburant durable dans le fret aérien.
Prêt à payer plus cher ?
La création d'un produit logistique durable nécessite de prendre en compte plusieurs éléments tels que les objectifs d'émissions, les mesures, la conception des offres, les stratégies de communication et, bien entendu, le pricing. « Même si presque tous les grands acteurs de logistique dans le monde ont fixé des objectifs clairs en matière d'émissions conformément à l'Accord de Paris, pratiquement aucun engagement monétaire n'a été pris pour les atteindre. Au bout du compte, on ne sait toujours pas qui va payer », lâche Franck Brault, senior partner et expert logistique au bureau de Paris de Simon-Kucher. « En raison des marges globalement faibles dans le secteur de la logistique, les coûts d'une plus grande durabilité devront être répercutés. De nombreux clients ne reconnaissent toujours pas la nécessité de limiter les émissions de gaz à effet de serre. La question cruciale est de savoir si les clients seront prêts à payer plus cher pour une logistique plus respectueuse de l'environnement à l'avenir. Dans le cas contraire, les gouvernements seront appelés à renforcer leurs réglementations. Quoi qu'il en soit, il ne sera pas possible pour les entreprises de logistique de se contenter de prendre en charge les coûts supplémentaires sans les répercuter sur les clients », déclare-t-il.