Transversal
Des produits en direct de la ferme avec Okadran
La plateforme de vente en ligne mise sur des acteurs locaux pour une livraison dans tout l'Hexagone, directement depuis le producteur. Créée en 2016, Okadran travaille aujourd'hui à diversifier ses process de livraison et prévoit des déploiements vers la restauration.
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Okadran
« Votre producteur local en circuit court à votre porte ». Ce message, indiqué sur la page d’accueil du site internet Okadran, aura résonné particulièrement ces derniers temps face aux remous de la crise sanitaire. Fondée en 2016 avec le désir de « faire vivre des expériences de consommation en harmonie avec une agriculture raisonnée », la plateforme communautaire se fonde sur le souhait de proposer des produits en direct des fermes de producteurs locaux : viandes, produits laitiers, miels, fruits et légumes, produits bio... « C’était un sujet d’actualité à l'époque, les agriculteurs manifestaient car ils voulaient vivre de leur métier. L’un des membres de ma famille est éleveur et il s’agissait de discussions que nous avions. L’idée était d’apporter une solution aux producteurs pour qu’ils puissent fournir le fruit de leur travail à des consommateurs », détaille Alexandre Mechri, président d’Okadran. Le projet se lance donc autour de trois associés : un producteur, Philippe Ruault, et deux anciens de chez Paypal, Roger Mechri et Hassen Moufok. Le nom choisi, Okadran, fait lui référence au concept du Marché au Cadran, système où les transactions se déroulent par enchères électroniques. À la différence qu’ici le prix est fixé par les producteurs, Okadran récupérant ensuite une commission. Ces producteurs sont aujourd’hui pas loin de 650 sur le site, issus de toutes les régions, pour une livraison partout en France.
Connecté à Chronofresh et Colissimo
Quelles démarches pour vendre sur la plateforme ? « Il y a un cahier des charges à suivre, stipule Alexandre Mechri. Il faut bien sûr être producteur, nous avons déjà fermé des comptes de négociants… ». Quant à la logistique, elle passe en grande partie par les services de Chronofresh (pour les produits frais) et Colissimo, « les seuls à aller chercher les produits au fin fond de la ferme et à les livrer partout en France ». En contrat avec les deux spécialistes de la livraison depuis 2016, Okadran opère ensuite une logistique plutôt « manuelle » pour traiter les livraisons : « Le producteur reçoit un e-mail quand il y a une commande. Charge à lui de la valider. Une fois fait, s’il est en tournée programmée, c’est-à-dire que Chronofresh ou Colissimo passe quotidiennement chez lui, il est en mesure d’imprimer lui-même le bon d’enlèvement, de le coller sur le colis et de le donner au transporteur ». Si, en revanche, il n’est pas en tournée programmée, Okadran envoie le bon d’enlèvement la veille du transport et fait la demande auprès du prestataire. Le colis est ensuite livré en 24, 48 ou 72 h. Quid du suivi ? « Nous sommes connectés à Chronofresh et Colissimo, notre système questionne tous les jours le statut de la livraison. Dès que le statut est ‘livré’, nous payons en 24/48h le producteur. Quand il y a un problème de livraison, nous nous chargeons d’ouvrir un litige avec le transporteur, le producteur ne s’en occupe pas », précise le président d’Okadran.
Des développements en cours
Des évolutions sont aujourd’hui à l’étude pour diversifier cette offre afin de répondre notamment aux besoins des producteurs avec d’importants volumes. Okadran modifie actuellement son site pour leur permettre non seulement de rentrer leur catalogue destiné à des professionnels, mais également de créer leur propre grille de tarifs transport. Le tout afin de pouvoir faire appel à une multitude de transporteurs, en indiquant le montant du produit, le prix par kilo ou par palette transporté, etc. « Nous ne serons plus en charge de la logistique, uniquement du calcul du tarif et d’informer le producteur qu’il a reçu une commande. En revanche, c’est nous qui allons encaisser. Notre problématique est donc de se connecter avec chaque transporteur pour avoir une mise à jour des étapes de livraison afin de permettre le règlement dans des délais rapides au producteur », explique Alexandre Mechri. Une démarche nécessitant de questionner chaque transporteur pour savoir s’ils ont une API, comme cela a déjà été fait avec Chronofresh. « Nous apportons au producteur une plateforme qui permet de gérer sa tarification transport, ses transporteurs. Notre objectif est d’automatiser au maximum ces process ».
Vers la restauration
Autre développement pour la plateforme, celui de l’élargissement de sa gamme de consommateurs. « Ce sujet du circuit court est devenu de plus en plus d’actualité, particulièrement durant la première année de la pandémie, où nous avons augmenté de 54 % notre chiffre d’affaires », indique Alexandre Mechri. Si le rythme est retombé à des niveaux pré-crise sanitaire, avec de 250 à 300 commandes traitées mensuellement, la plateforme est en plein développement. Notamment, depuis son partenariat avec le groupe Up, ex-Chèque Déjeuner, qui, avec ses 200 000 restaurants affiliés, a souhaité connecter Okadran à sa plateforme pour proposer leurs services aux restaurateurs, « le maître-mot étant que ces derniers puissent proposer des produits en circuits courts et ainsi valoriser l’offre sur leur table en indiquant qu’elle vient directement d'un producteur, et non pas d’un grossiste. » Suite à cette collaboration, qui enrichit le contingent d’Okadran d’environ 150 producteurs démarchés par le groupe Up, le site disposera d'une nouvelle version courant janvier 2022, avec une interface spécifique destinée aux professionnels de la restauration. Avec l’arrivée de ces professionnels (environ 100 000 ont été identifiés par le groupe Up), Okadran s’attend aussi à ce que le panier moyen, aujourd’hui à 120-130 euros, augmente de façon significative, à environ 1 000 euros par commande.