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Socleo, l'alimentaire de proximité en fer de lance
Né Panier Local puis renommé Socleo, le partenaire logiciel des circuits courts crée par Ludovic de Beaurepaire a conservé intactes ses ambitions. La solution se dédie aux producteurs, transformateurs, collectifs, distributeurs et plateformes territoriales pour optimiser la gestion de leurs activités administratives, commerciales et logistiques.
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Socleo
De Panier Local à Socleo, l’histoire de l’entreprise a connu plusieurs étapes. Sa naissance remonte en 2006, quand Ludovic de Beaurepaire décide de créer une Amap (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) à Nantes et observe qu'il est très compliqué de gérer les contrats administratifs. « J’ai donc conçu dès 2007 une première version de Panier Local pour les Amap qui a très vite intéressé des groupes de producteurs distribuant à des particuliers », se souvient-il.
Un logiciel « précurseur »
Cette version initiale du logiciel est ensuite commercialisée sous forme associative entre 2008 et 2011 avec, pour premier client, le Panier Presqu'île (44) composé de 20 producteurs distribuant sur une dizaine de points relais. « À l’époque, nous étions précurseurs : le logiciel leur permettait de gérer la prise des commandes en ligne, leur préparation, la livraison sur les points relais ainsi que la partie comptable. Le tout avec des bons de préparation pour chaque client et chaque livraison ». En 2011, Ludovic de Beaurepaire est ensuite sollicité par Manger bio 44, groupe des producteurs bio de Loire-Atlantique, qui distribue à la restauration collective. Une partie de leurs flux était livrée en direct par les producteurs chez les clients tandis qu’une autre partie passait par leur plateforme logistique avec une écrasante majorité des produits uniquement gérée en transit, restant moins de trois jours sur la plateforme. « Manger bio 44 s’est tourné vers moi, car ses adhérents avaient besoin d’un outil web de gestion au niveau administratif, commercial et logistique. Je me suis donc investi à plein temps sur ce projet jusqu’en 2014 pour leur offrir une solution capable de gérer les différents flux logistiques, les préférences territoriales (dans le cas d’un producteur livrant en direct chez un client situé près de chez lui), la partie stockage mais également l’ordonnancement des tournées de livraison afin d’optimiser le chargement et le déchargement du camion », détaille-t-il.
Le logiciel de gestion était né. Sa spécificité ? Le fait qu’il soit dédié aux circuits courts sur les plateformes collectives. Tout y est construit autour de la notion de transit, le stock se présentant plutôt comme une exception : « Le flux de base est géré en une seule fois comme s’il s’agissait d’une livraison en direct du producteur chez le client sauf que la commande va transiter pendant quelques jours sur la plateforme ». L’intérêt se situe également au niveau de la traçabilité : les informations sont directement renseignées sur les bons de livraison du client lui évitant d’avoir à réconcilier les achats et les ventes : « La même donnée est fournie au producteur et au client dans notre outil qui se présente comme une solution particulièrement dédiée à la logistique de proximité ».
De Panier Local à Socleo
Alors que Ludovic de Beaurepaire équipe jusqu’alors les collectifs, l’entreprise se voit en 2013 sollicitée directement par les fermes et les transformateurs, désireux aussi de se doter d’un outil de gstion web: « C’est alors devenu un projet d’entreprise avec un marché de masse, car pour rendre ces logiciels accessibles financièrement à des petites structures, il fallait avoir un grand nombre de clients », explique le fondateur. En 2020, changement de nom et d’identité visuelle : Panier Local devient Socleo : « Panier Local nous desservait, car il donnait l’impression de ne s’adresser qu’aux particuliers et pouvait laisser penser que nous étions une marketplace. Or, nous sommes éditeurs de logiciels. Avec Socleo, nous avons conforté notre volonté d’être le socle sur lequel nos clients peuvent s’appuyer pour asseoir leur développement ». Si l’entreprise, composée aujourd’hui de 12 personnes, se développe, son ambition demeure immuable : « Notre fer de lance est l’alimentaire de proximité avec des structures de production seules ou en collectif qui vont distribuer aux professionnels locaux ». Niveau logistique, l’outil agit généralement pour des opérations au départ de la ferme ou de l’atelier en camions pleins : « Nous permettons à nos clients de travailler sur leur tournée, afin de les charger et décharger dans le bon ordre. Nous travaillons également avec des professionnels externalisant leurs livraisons. Dans ce cas-là, nous intégrons les EDI avec les flux DESADV [avis d’expédition] et nous leur permettons de transmettre directement les plans de transport auprès des transporteurs ». Concrètement, les clients de l’entreprise disposent chacun de leur propre site internet avec leur logiciel, Socleo se présentant comme un éditeur d’ERP hébergé sur leur espace dédié. Pour ses utilisateurs, le premier objectif en adoptant le logiciel consiste à gagner du temps : « Le fait d’avoir un outil trois en un sur le commercial, la logistique et l’administratif permet de gagner un temps infini, y compris sur la gestion des stocks, qu’ils faisaient auparavant manuellement ou avec des outils logiciels moins adaptés à l’alimentaire de proximité. Et étant donné qu’il s’agit d’un logiciel web, leurs clients professionnels peuvent passer leurs commandes en ligne », détaille Ludovic de Beaurepaire. L’abonnement à Socleo comprend l’hébergement, la maintenance corrective et évolutive, les montées en version ainsi qu’un accompagnement : « Nous pouvons réaliser des rendez-vous d’une heure avec partage d’écran, cela ne sera pas facturé, précise Ludovic de Beaurepaire. Cela permet à nos clients d’avancer dans leur formation à l’outil de façon progressive ».
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© Socleo I Capture d'écran tournéesVers le WMS et les transformateurs
Prochaine étape pour l’entreprise : l’intégration en 2022 de briques WMS à l’outil : « Notre logiciel est adapté aux personnes qui travaillent dans les bureaux. Mais on nous demande désormais de concevoir également des petites briques applicatives pour la gestion dans les entrepôts, car les solutions qui existent ne sont pas adaptées aux structures de moins de 15-20 personnes ». La solution existante comportant déjà des passerelles avec le WMS, la montée en version permettra de travailler sur les deux plans : apporter un premier niveau de fonctionnalités de logiciel de gestion d’entrepôt à l’outil tout en facilitant l’interopérabilité avec des WMS existants. Dans son développement, Socleo mise de plus sur une stratégie commerciale renforcée auprès des petits ateliers de transformation alimentaires, ceux-ci ayant des besoins similaires aux producteurs tout en gérant en plus la fabrication, les approvisionnements en matières premières et la traçabilité entre ces dernières et le produit fini. « Ce sont des acteurs qui ont besoin d’être outillés et qui sont centraux pour le développement des circuits courts. Par exemple, pour un producteur de betteraves qui serait en surproduction et ne parviendrait pas à vendre tous ces produits à DLC rapprochées, cela va permettre de continuer à être en circuit court en augmentant la durée de consommation des betteraves grâce à leur transformation ». Socleo œuvre actuellement pour 700 clients (producteurs, transformateurs, collectif ou distributeurs, plateformes territoriales). Et la crise sanitaire aura largement contribué au déploiement de l’entreprise : Socleo a multiplié par deux le nombre de ses clients, de ses collaborateurs dans l’équipe et de son chiffre d’affaires durant la période Covid. « Aujourd’hui nous nous trouvons davantage sur un plateau. Une partie de l’activité dédiée à la vente au particulier se reporte sur les professionnels puisque les consommateurs retournent en magasin où leur appétence se porte sur les produits locaux. Nous croyons beaucoup au fait que les magasins (Bio, Biocoop puis GMS), vont être les futurs lieux d’achats de produits locaux, d’où l'importance de favoriser les EDI. Notre objectif, c’est qu’une petite structure de production dispose des mêmes outils de qualité, voire de qualité supérieure au niveau administratif, commercial et logistique que les grossistes ou les industries agroalimentaires », conclut-il.
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