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Grand Est : premier atelier après le lancement de la conférence régionale de la logistique

Lancée le mois dernier, la conférence régionale de la logistique en région Grand Est a débuté le 6 octobre son premier atelier sur la thématique de l'immobilier logistique et du foncier. L'occasion de revenir avec Nicolas Boidevezi, chargé de mission Transports de marchandises et logistique à la Dreal Grand Est pour l'ORT&L, sur les enjeux et les résultats attendus par cette démarche.

Publié le 10 octobre 2022 - 10h43
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ORT&L Grand Est, photos Terra / Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires

Fin juillet 2021, la ministre chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, et le secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des communications électroniques, Cédric O, signaient deux chartes d'engagement avec les acteurs de l’immobilier logistique et ceux du commerce en ligne. Une initiative étatique traduisant une prise en compte de la filière ayant également conduit le gouvernement à demander à chaque région de monter une conférence de la logistique.


Pour une vision commune des multiples enjeux du fret et de la logistique

La mesure sera par ailleurs évoquée lors du 2e Cilog (Comité interministériel de la logistique) du 21 octobre 2021 dont l'une des 13 mesures concerne le lancement de ces conférences « qui permettront d’anticiper et d’accompagner les collectivités locales dans l’identification au plus près des territoires des besoins et de l’offre en matière de sites logistiques ». Après la Bourgogne-Franche-Comté qui a répondu à cette demande ministérielle, la région Grand Est s'est penchée sur la question. La démarche a été organisée par L’ORT&L (Observatoire régional transport & logistique) Grand Est, à l’initiative de l’État donc et de la Région avec la volonté d'aboutir à une conférence construite autour de cinq ateliers de travail. « Lorsque nous avons reçu cette lettre de commande du gouvernement, nous l’avons partagé à l’ensemble des membres de l’Observatoire. La Région a souhaité s’investir sur cette démarche, sur la mise en œuvre des investissements, sur les infrastructures. Nous avons pris un peu de temps pour savoir comment organiser cela et nous avons décidé de monter des ateliers de travail, ce qui nous semblait être la meilleure façon de faire travailler les parties prenantes en dépassant la seule conférence ‘’politique’’ », témoigne Nicolas Boidevezi, chargé de mission Transports de marchandises et logistique à la Dreal Grand Est pour l'ORT&L Grand Est. L'objectif recherché ? : « Permettre aux acteurs publics et privés de partager une vision commune des multiples enjeux autour du fret et de la logistique en Grand Est et de cibler les leviers d’action permettant d’y répondre », indique le document récapitulatif édité à l'issue de la conférence de lancement début septembre.

 

Cinq ateliers pour structurer la démarche

Les ateliers mis en place, qui viendront égrainer la fin de l'année 2022 et de début de l’année 2023, auront pour tâche de répondre aux nombreux défis à relever dans le Grand Est par les acteurs du fret et de la logistique (adaptation face aux crises, transformation du commerce, manque d'attractivité des métiers, vieillissement des infrastructures, raréfaction du foncier, transition énergétique, hausse des besoins d'entreposage...). Des enjeux également visibles à l'échelle nationale, mais qu'il s'agit ici d'adresser en prenant en compte les spécificités de la région, riche de 5,6 millions d’habitants, bordée par quatre frontières internationales (Belgique, Luxembourg, Allemagne et Suisse) et au croisement de quatre corridors du Réseau transeuropéen de transport. Le secteur de la logistique y trouve une place importante avec plus de 125 000 personnes exerçant un métier lui étant directement lié, soit 7 % de l’emploi salarié total dans la région.

 

Débutés en octobre, ces ateliers s'organiseront jusqu'au printemps 2023, chacun d'entre eux étant préparé en amont par des membres et partenaires de l'ORT&L Grand Est et visant à intégrer acteurs publics et privés. « Le but, c'est que les participants viennent avec leurs idées, les confrontent. Chaque atelier se déroule durant une journée entière et s’organise en plusieurs sous-groupes de travail sur différents sujets », détaille Nicolas Boidevezi. Le premier d'entre eux porte sur le sujet « Immobilier logistique et foncier » et s'est tenu le 6 octobre 2022. Il a traité du sujet de la localisation des activités logistiques et, en particulier, de la « manière de piloter au mieux cette localisation, tant dans l'intérêt de la filière avec des implantations bien situées du point de vue de l’intégration dans les chaînes d'approvisionnement que vis-à-vis d'un aménagement raisonné du territoire : faire en sorte que le bâti s'intègre harmonieusement dans l'environnement, notamment urbain, et soit bien situé par rapport aux infrastructures de transport structurantes. Il a notamment été question de favoriser les installations en bord de voie d'eau et que les entreprises qui s'y installent utilisent effectivement le transport fluvial. Idem pour le transport ferroviaire. » Il a aussi été question de la reconversion des friches et de la valorisation d'anciennes emprises industrielles délaissées : « C'est un sujet important en Grand Est qui est une région historiquement très industrielle ». Les échanges entre les près de 50 participants ont permis d'avancer sur un partage des enjeux et d'un diagnostic, ainsi que de faire émerger des pistes d'actions pour répondre à la question de « comment parvenir collectivement à être plus optimaux en Grand Est concernant les implantations logistiques ? ». Suivra en novembre, l'atelier « Infrastructures et flux de fret ». L'occasion de parler de transport combiné, mais pas seulement. Y sera aussi pris en compte « les différents modes et leur imbrication entre eux. On étudiera comment développer les modes massifiés, les flux sur le ferroviaire et le fluvial ainsi que les besoins en capacité et en qualité de service des infrastructures afin d’absorber ces nouveaux trafics tout en maintenant les trafics actuels, alors que se pose l'enjeu du vieillissement de ces infrastructures et la question de leurs financements ». En décembre, la région se penchera sur la thématique de la « Transition écologique » : « Nous nous concentrerons surtout sur le transport et notamment le verdissement des véhicules. Il s'agit d'un gros dossier qui génère beaucoup d'inquiétude, de besoins de clarté, que cela soit par rapport à l'objectif zéro carbone en 2050, ou à la mise en place des ZFE-m [Zones à faibles émissions mobilité] », stipule Nicolas Boidevezi. Janvier 2023 sera l'occasion de se pencher sur la question des « Ressources humaines », « intégrant les questions d'attractivité, de formations et l’adaptation de ces dernières aux nouveaux besoins », tandis que l'atelier du mois de févier s'intitulera « Système logistique régional », le but étant ici de prendre du recul sur les différents enjeux du positionnement logistique voulu pour le territoire, avant une synthèse et une restitution des travaux au printemps 2023. « Nous aimerions, au sein des membres de l’ORT&L Grand Est, qu’à l’issue de chaque atelier, nous puissions avoir au moins une ou deux actions concrètes, voire plus qui puissent ensuite être mises en œuvre », détaille Nicolas Boidevezi.


Mettre à profit connaissances, réflexions et capacités d'action

Pour ce faire, l'Observatoire appelle de ses vœux le plus grand nombre d'acteurs à joindre l'effort collectif : professionnels des transports et de la logistique, chargeurs et donneurs d'ordres, fournisseurs de services, gestionnaire d'infrastructures, élus, techniciens, aménageurs, professionnels de la formation et de l'emploi, associations, fédérations... Le rendu et la qualité des conclusions tirées dépendront de l'implication et de la diversité des participants. « Il est essentiel que l'ensemble des acteurs concernés se mobilisent pour contribuer à la démarche en mettant à profit leurs connaissances, leurs réflexions et leurs capacités d'action », stipule le document de présentation de l'ORT&L . L'ensemble des informations sur la démarche et les ateliers de travail est accessible sur le site de Logistique Grand Est avant un rendez-vous au printemps 2023 pour connaître les grands axes retenus pour le Grand Est.

 

 

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ORT&L Grand Est

Trois questions à Nicolas Boidevezi, chargé de mission Transports de marchandises et logistique à la Dreal Grand Est pour l'ORT&L

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Quels sont les spécificités et défis du Grand Est en matière de fret et de logistique ?

De nombreux enjeux évoqués se retrouvent dans la plupart des territoires au niveau national. Si certaines actions identifiées peuvent être prises en compte au niveau hexagonal, nous les ferons remonter. Néanmoins, le positionnement du Grand Est lui amène certaines spécificités : nous sommes en quelque sorte une plaque tournante d'un ensemble de flux nord/sud, est/ouest au niveau européen. Cela nous positionne comme un hub logistique à l'interface des flux et à proximité de grands marchés de consommation, en Île-de-France, en Allemagne, ainsi que sur notre propre marché régional. Le Grand Est est donc une région de transit, mais pas seulement. La logistique s'y est également beaucoup développée autour des besoins propres au territoire et à son économie. De par son histoire et son tissu industriel important, il recouvre des besoins en matière de logistique et de fret importants. Le Grand Est n'a pas forcément pleinement tiré parti de sa situation géographique et l’a peut-être parfois plutôt subi, ce qui implique un certain nombre de réflexions autour de son positionnement.


De quelle manière allez-vous faire travailler les acteurs publics et privés sur cette démarche ?
Nous allons essayer de faire en sorte qu’ils parlent entre eux, notamment parce que les grandes orientations stratégiques publiques ne sont pas forcément connues et intégrées côté privé. Par exemple, quand on parle d'un objectif de zéro artificialisation nette en 2050, on observe que nous ne sommes clairement pas encore prêts au niveau des pratiques, tant du côté des acteurs privés que de celui des acteurs publics de l'aménagement. Il s'agira aussi de permettre aux pouvoirs publics de mieux connaître et intégrer les contraintes des acteurs privés (besoins d'implantation, etc.). L'enjeu, de notre côté, est de donner envie aux entreprises de participer à cette démarche. On sait que ce n'est pas forcément évident de se mobiliser sur toute une journée, mais si les professionnels ne participent pas, ils prennent le risque de se retrouver avec des préconisations qui ne prennent pas en compte leurs besoins et contraintes propres.

 

L'ensemble des ateliers doit se terminer au printemps 2023 avec la tenue d'un temps de restitution. Qu'en attendez-vous ?
L'idée est de parvenir à cette échéance à une sorte de feuille de route pour la région, en ayant une vision assez claire des principaux enjeux qu'il va falloir cibler. Cette synthèse aura aussi la charge de faire le lien entre les différentes thématiques parce qu'il y aura forcément des imbrications entre les différents sujets : quand on parle, par exemple, du développement du multimodal, cela pose aussi des enjeux de foncier. Notre objectif est de voir des actions ressortir de cette démarche. Nous devons réfléchir dès le début à qui sera en mesure de les porter, l'idée étant d'éviter de voir des initiatives figurer dans la synthèse qui ne soient ensuite pas prises en compte par la filière. Ce serait contre-productif. C’est pourquoi l’adhésion de l'ensemble des acteurs à la conclusion des travaux est, pour nous, un enjeu majeur.

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