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Transport

Carburant : « La situation deviendra critique dès la fin de cette semaine pour certains transporteurs »

Alors que les mouvements de grève continuent dans les raffineries en France, le monde du transport s’inquiète des difficultés croissantes qu'il rencontre pour s’approvisionner et continuer ses activités. Olivier Poncelet, délégué général de l'Union TLF, fait le point sur la situation en France, au 14 octobre 2022.

Publié le 14 octobre 2022 - 15h56
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Image by fxquadro on Freepik

Quelle est la situation aujourd’hui du côté de vos adhérents ?

Olivier Poncelet (Union TLF) : Elle est évidemment très tendue, mais varie selon les régions. Certaines sont peu ou pas touchées, principalement dans l’ouest du pays, tandis que d’autres connaissent des tensions particulièrement fortes : le Nord, l’Île-de-France, la Normandie, l’Est, la région Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi qu’une partie du Centre et en PACA. Cependant, la situation évolue quotidiennement. Concrètement, la pénurie actuelle rend la situation tendue pour les transporteurs, avec un impact économique réel sur leur activité, au-delà même de la désorganisation, de la fatigue et du stress pour les salariés. Les transporteurs subissent la hausse des prix du carburant, mais aussi la chute de leur rentabilité et de leur productivité à cause des délais d’attente importants dans les stations et des temps de conduite augmentés pour trouver où s’approvisionner. Ces acteurs passent habituellement par le réseau professionnel AS24 [réseau de distribution de carburants pour professionnels du groupe TotalEnergies], mais celui-ci est en grande difficulté, ce qui les contraint à se rabattre par les pompes des grands distributeurs et des aires d’autoroute, avec des files d’attentes conséquentes, car les transporteurs n’ont pas leur propre queue dans ces stations.

 

Comment le Gouvernement agit-il face à cette situation ?

L’enjeu est de maintenir la chaine logistique, essentielle au fonctionnement de notre économie et des fonctions vitales du pays. Depuis dix jours, nous avons des points quotidiens avec le Gouvernement – les ministères des Transports et de la Transition énergétique – afin de faire remonter les situations concrètes que rencontrent nos adhérents sur le terrain, et les bilans faits par nos délégations régionales. Il s’agit d’identifier les mesures qui peuvent être prises. Bien sûr, la réelle sortie de crise dépend d’un conflit social complètement extérieur au monde du transport. Pour autant, des mesures peuvent permettre de lever certaines difficultés, ou au moins d’apporter un peu d’oxygène dans certaines régions : tout d’abord en libérant certains stocks stratégiques et en important des carburants depuis le Benelux par exemple. L’État a également assoupli un certain nombre de règlementations, dont l’interdiction de circulation des transporteurs de carburant le week-end, et les règles de temps de conduite, de façon à faciliter le transport de carburant. Du côté d’Union TLF, mais aussi du Gouvernement, notre rôle est de faire passer des messages auprès des préfectures et distributeurs pour que les transporteurs puissent tous être approvisionnés dans les meilleures conditions, et nous dénonçons toutes les situations de discrimination des poids lourds.

 

Certains de vos adhérents rencontrent-ils des difficultés à poursuivre leur activité aujourd’hui ?

Nous commençons à avoir quelques retours d’entreprises ayant du mal à rouler, mais ce sont pour le moment des cas spécifiques et limités, même s’ils peuvent être très complexes à gérer pour les entreprises concernées. Majoritairement, les camions ne sont pas à l’arrêt. Cependant, pour beaucoup de nos adhérents, la situation deviendra critique dès la fin de cette semaine ou dès le milieu de la semaine prochaine si le conflit perdure.

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