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La Poste et la Métropole du Grand Paris signent une convention pour la logistique urbaine
Patrick Ollier, président de la Métropole du Grand Paris et Philippe Wahl, président directeur général du groupe La Poste ont signé le 9 février dernier une convention cadre assortie d'un dispositif spécial dédié à la logistique du dernier kilomètre visant à accélérer la décongestion urbaine et améliorer la qualité de l’air.
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DR I Philippe Wahl (La Poste) et Patrick Ollier (Metropole du Grand Paris)
En fin d’année dernière, le Groupe La Poste communiquait sur ses divers engagements en faveur de villes plus respirables. Parmi ses champs d’action : la mise en place d’une démarche partenariale avec les 22 métropoles françaises pour « créer les conditions d’une logistique à faible émission ». Le groupe indiquait le 23 novembre 2022 que les discussions étaient engagées avec l’ensemble d’entre elles et que d’ici peu, 11 auraient adopté une convention de partenariat avec La Poste d’une durée de quatre ans. Une convention dédiée à la mise en place d’un plan d’action concerté visant à accélérer la décongestion urbaine et à améliorer la qualité de l’air. Parmi les métropoles concernées -Toulouse, Bordeaux, Lyon, Montpellier, Brest, Clermont-Ferrand, Le Havre, Grenoble, Aix-Marseille et la ville de Lille – figure celle du Grand Paris.
Une convention-cadre et deux conventions d’application
Poursuite de la démarche : le 9 février dernier, la Métropole du Grand Paris signait une convention-cadre avec le groupe La Poste. Alors que cette dernière intègre sept leviers d’action -Attractivité territoriale et dynamisation des centres-villes, Logistique urbaine, Inclusion numérique, Innovation, Rénovation énergétique et construction circulaire, Aménagement urbain, Culture – répertoriant les différents sujets sur lesquels s’engagent à travailler les deux entités, parmi eux deux domaines plus particulièrement bénéficient d’une convention d’application avec des dispositifs déjà enclenchés : le Pass Numérique (visant à structurer des réseaux de médiation numérique locaux) et la Logistique Urbaine. Pour cette dernière, La Poste et le Grand Paris s’engagent à un travail partenarial sur le déploiement au sein de la Métropole d’une logistique vertueuse et innovante. « En tant que leader de la logistique décarbonée, nous sommes heureux de signer cet accord avec la Métropole du Grand Paris. Ce partenariat va permettre de développer des actions conjointes visant à décarboner la Ville. Ensemble, nous allons fournir des efforts convergents pour construire une logistique urbaine durable, allant au-delà de la décarbonation des véhicules », déclarait Philippe Wahl. GeoPost qui est le premier livreur de colis par la route en Europe essaie de promouvoir le même dispositif de décarbonation logistique dans toutes les grandes villes d’Europe, et la métropole du Grand Paris nous servira d’exemple ». « Le sujet de la logistique du dernier kilomètre est essentiel. Avec Jean-Michel Genestier, [conseiller métropolitain délégué à la logistique métropolitaine], nous avons mis en place un groupe de travail qui fonctionne extrêmement bien, La Poste a été une des premières entreprises à s’engager dans ce groupe de travail qui regroupe une soixantaine d’entreprises pour émettre des propositions concrètes pour faciliter la logistique de la ville de Paris. J’espère que nous allons avoir des propositions concrètes à proposer à la population le plus rapidement possible », poursuivait Patrick Ollier, président de la Métropole du Grand Paris.
Sept leviers d’action pour la logistique urbaine
Plus précisément, cette convention de partenariat Logistique Urbaine avec la Métropole du Grand Paris comporte sept leviers d’action visant à accélérer la décongestion en ville et à améliorer la qualité de l’air. L'un concerne la décarbonation, le Groupe La Poste s’engageant à accélérer le processus sur l’ensemble de ses flottes pour la distribution urbaine et à participer activement au dispositif de concertation volontaire mené par la Métropole du Grand Paris dans le cadre de la mise en œuvre des prochaines étapes de la ZFE-m. Le deuxième touche à la sécurisation de l’accès aux infrastructures de recharge pour les véhicules électriques en poursuivant l’équipement de ses sites (1 500 bornes déjà installées – 370 nouvelles à installer d’ici à 2025 sur les sites postaux) et en participant au dispositif de concertation mis à place par la Métropole pour disposer d’un maillage territorial en cohérence avec les besoins des opérateurs de livraison urbaine. Le troisième vise à déployer sur le territoire de la Métropole diverses démarches dans le sens d'une logistique durable : livraison à la première présentation, développement des services de mutualisation…, tandis que le quatrième concerne la cyclo-logistique et la manière de soutenir son essor avec la réalisation d’aménagements adaptés et l’accès à des lieux de services dédiés. Le cinquième levier touche à l’harmonisation des règlementations locales en matière de transport et de livraison de marchandises en ville, le sixième au transport de marchandises par voie fluviale, retenue comme une priorité par la Métropole du Grand Paris dans son Pacte pour une logistique métropolitaine. La septième démarche entreprise vient encadrer les précédentes avec l’accent mis sur l’information et la sensibilisation des collectivités et les établissements publics territoriaux sur le sujet, notamment au travers de supports réalisé par La Poste sur le sujet (documentaires, guide méthodologique, plaquette) et la mobilisation d’intervenants œuvrant à cette sensibilisation.
"Nous voulons être leader de la décarbonation des villes"
Guy-Pierre Sachot, directeur du déploiement de la logistique urbaine du Groupe La Poste, revient sur les grands axes de la convention de logistique urbaine signée entre la Métropole du Grand Paris et le Groupe La Poste le 9 février dernier.
En quoi est-il important pour le groupe La Poste de s’emparer de ce défi de la logistique urbaine, notamment à travers la signature de cette convention ?
Parce que nous voulons être leader de la décarbonation des villes. Je travaille sur le sujet à La Poste depuis plus de deux ans et nous avons commencé à parler de cette convention avec la métropole du Grand Paris à l’automne 2021 car c’est une démarche que nous avons avec toutes les grandes villes de France et les métropoles. Mais si on veut décarboner la logistique du dernier kilomètre, il ne suffit pas de décarboner les flottes. Beaucoup de facteurs peuvent entraver notre action et conduire à augmenter les émissions liées au transport de marchandises. Exemple : vous avez un véhicule électrique mais vous ne trouvez pas de place au moment de livrer. Le livreur est en double-file et les véhicules derrière, qui ne sont pas tous électriques, vont eux émettre des émissions alors que ce ne serait pas le cas si le véhicule était correctement stationné. Il faut donc également prendre en compte la problématique des aires de livraison. La décarbonation du transport de marchandises en ville nécessite d’actionner toute une série de leviers d’action et les accords que nous passons avec la Métropole du Grand Paris consistent à travailler conjointement dessus.
Pouvez-vous détailler certains de ces leviers ?
L’un des premiers concerne notre engagement à avoir totalement décarboné nos moyens de livraison fin 2025. Est-on garanti qu’on aura suffisamment d’infrastructures de recharges électriques pour que nos véhicules et ceux de nos prestataires puissent tourner dans la métropole du Grand Paris à cette date ? C’est un sujet de préoccupation pour nous. La cyclo-logistique figure parmi les autres thématiques de cette convention. Faire circuler un vélo-cargo dans le trafic urbain, s’avère un peu compliqué ; nous avons donc besoin de travailler avec les élus sur les réglementations qui rendent possible l’insertion de ce véhicule fragile dans le flux urbain. Nous devons également nous pencher sur l’architecture logistique : est-ce que les sites dans lesquels nous allons charger et décharger peuvent facilement accueillir un vélo-cargo ? Réglementairement, la puissance d’un vélo cargo est limité à 250 watts. Or, si l’on considère les pentes qu’empruntent les véhicules pour se rendre en sous-sol ou monter en étage, avec une inclinaison de plus de 15 %, le vélo-cargo ne pourra pas y aller. Donc décarboner le dernier kilomètre implique aussi de travailler sur l’immobilier logistique. Nous avons également intégré une autre problématique dans la convention : un kilo de marchandises transporté dans nos villes en France l’est par des comptes propres utilisant leurs propres moyens pour acheminer leurs flux physiques. Structurellement, ces personnes qui ne sont pas des professionnels du transport le font de manière sous-optimale. Peut-on dans ce cadre trouver des dispositifs permettant de mutualiser et d’optimiser ? Nous y travaillons ensemble avec la Métropole du Grand Paris. Autre sujet : peut-on parvenir à harmoniser les réglementations pour faire en sorte que si un opérateur doit se rendre ? par exemple du Raincy à Saint-Denis, il ne soit pas obligé de faire de larges détours parce que l’axe le plus direct, générant moins d’émissions, est interdit aux véhicules de plus de 3,5 tonnes ? Il s’agit donc de trouver les réglementations qui vont permettre d’optimiser les parcours pour le transport de marchandise en villes. Nous souhaitons co-construire ensemble les conditions d’une logistique plus vertueuse dans un programme de travail commun, en aucun cas il s’agit de s’affranchir des lois qui s’appliquent à nous comme à tous les autres opérateurs.
Quelles sont les prochaines étapes de « ce travail commun » ?
C’est de se réunir avec la Métropole en indiquant que nous avons identifié sept chantiers pour lesquels nous mobilisons des experts et voir quelle feuille de route commune nous nous donnons et à quelle échéance nous allons nous rencontrer. La prochaine réunion se déroulera idéalement dès le mois de mars 2023. Nous avons par exemple commencé à travailler sur le chantier des infrastructures de recharge des véhicules électriques, nous avons un état des lieux précis de ce que nous avons déjà fait, de ce que nous allons faire jusqu'en 2025, et de ce dont nous avons besoin et que nous ne saurons pas faire seuls.