Le rachat de trans-o-flex change la donne pour Geodis en Allemagne

Annoncée il y a une semaine, la finalisation de l’acquisition de trans-o-flex par Geodis faisait l’objet d’une conférence de presse commune mardi 14 mars. L’occasion de revenir sur les ambitions du groupe mondial de transport et logistique avec ce rachat de l’entreprise allemande spécialisée dans le transport express premium de produits pharmaceutiques sous température contrôlée, tout en détaillant la nouvelle organisation en place.

Un « game changer » en Allemagne

« Nous avons déjà une offre Healthcare que nous voulons développer avec l’acquisition de trans-o-flex. Geodis ambitionne de développer un réseau de bout en bout pour les flux sous température contrôlée dans les pays clés », explique Marie-Christine Lombard, présidente du directoire de Geodis. Après le rachat des Transports Perrier en France et Pekaes en Pologne fin 2022, cette nouvelle acquisition vient accompagner trois autres opérations de croissance externe en 2022 avec Gandon Transports en France, Need it Now Delivers aux États-Unis et Keppel Logistics à Singapour, l’ensemble apportant à Geodis plus d’1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires supplémentaires (sur un CA de 13,7 milliards en 2022). Dernier arrivé, trans-o-flex représente pour le groupe mondial de logistique un « game changer » en Allemagne, n’a de cesse de répéter Marie-Christine Lombard. Parce qu’il lui permet de développer ses activités sur le marché Healtcare, mais aussi parce que l’Allemagne représente un pays clé en Europe dans lequel Geodis souhaitait ardemment renforcer sa présence : « Avec l’acquisition de trans-o-flex, je peux maintenant dire que nous avons un réseau du dernier kilomètre express de grande qualité couvrant l'Allemagne », indique-t-elle. Un réseau qui lui permet de servir ses clients dans les domaines Pharma/Healthcare, High Tech, Automotive et Luxe. Enfin, le groupe entend voir cette opération lui permettre d’augmenter sa visibilité et son attractivité « à la fois pour ses clients et ses employés ».

Entreprise dont le siège est situé à Weinheim, trans-o-flex, évolue sur trois secteurs de l’express : en température dirigée entre 2 et 8° (son segment ThermoMed), entre 15 et 25° et sans contrôle de température. Elle s’appuie sur 35 sites express, 5 sites dédiés à la logistique et aux services, 36 sites ThermoMed en Allemagne et 4 sites ThermoMed en Autriche. Le tout avec une équipe d’un peu plus de 2 000 personnes partagées entre l’express (1 725), le secteur logistique-services (113), ThermoMed Allemagne (83) et ThermoMed Autriche (115). Son chiffre d’affaires est majoritairement entraîné par le secteur de la logistique pharmaceutique (64 %) tandis que la logistique à valeur ajoutée représente 36 % de ses revenus. « Nous sommes passés de 459 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017 à 617 en 2022, nous réalisons donc des profits et sommes dans une très bonne situation. Nous nous situons en bonne place en Allemagne sur le marché de la Pharma. Nous avions la volonté d’européaniser trans-o-flex et avec Geodis, nous allons pouvoir étendre notre activité au niveau international plus que nous l’avons fait par le passé », stipule Wolfgang Albeck , CEO de trans-o-flex. « Nous avons été attirés par cette entreprise qui possède un excellent réseau, une excellente expertise au niveau de l’équipe de direction, un excellent portefolio clients, en synergie avec notre propre activité », ajoute Marie-Christine Lombard.

Une gouvernance stable

À elles deux, les entreprises cumulent désormais en Allemagne 3 400 employés, 107 sites, 744 000 m² d’entrepôt et 1,5 milliard de revenus, ce qui porte les capacités de Geodis Europe, avec cette intégration, à 7 000 employés, 227 sites, 2 120 000 m² d’entreposage et un revenu d’environ 4 milliards d’euros. « Nous avons compris que Geodis avait le même ADN que nous et qu’il représentait donc le meilleur acquéreur. Notre success story avec Geodis va nous permettre de devenir un des leaders de la logistique pharmaceutique », juge Wolfgang Albeck. Avec cette acquisition, la présidente du directoire de Geodis insiste sur la notion de partenariat, à l’œuvre dans le temps, s'assurant d'une gouvernance stable pour assurer la continuité et se concentrer sur la croissance : « Quand nous rachetons une société, nous croyons que nous achetons tout, cela veut dire que nous ne sommes pas le genre d’entreprise qui en acquiert une autre en remplaçant toute son équipe par la sienne ». Le conseil de surveillance de trans-o-flex sera ainsi composé de Marie-Christine Lombard en tant que présidente tandis que côté trans-o-flex, Christoph Schoeller occupe le poste de vice-président. Wolfgang Albeck demeurant CEO de trans-o-flex. S’appuyant sur leurs différentes synergies, cette opération de croissance externe leur apporte à toutes deux deux « des opportunités de croissance significatives en s'appuyant à la fois sur les réseaux et compétences », juge Thomas Kraus, président et CEO Europe de Geodis. Avec à la clef, la volonté d’un « développement commercial avec des solutions de bout en bout couvrant les flux internationaux ainsi que du dernier kilomètre depuis et vers l’Allemagne ».

Des opportunités d'acquisition à l'avenir

Aujourd’hui engagé dans un nouveau plan Ambition 2027, Geodis souhaite renforcer sa stratégie RSE en réduisant son empreinte carbone pour devenir un acteur mondial référence pour la décarbonation de la supply chain, mais aussi conforter sa position d'acteur global doté d'une proposition de valeur unique : « Nous avons calculé que les dépenses de logistique dans le monde entier représentent 5 600 milliards, parmi lesquels 3 000 est externalisé auprès d'entreprises comme les nôtres. Cela signifie que c’est un marché qui est toujours fragmenté où il y a des opportunités de grossir de manière organique pour ceux qui ont les meilleures propositions client, ce qui est notre cas. Nous ne sommes pas qu’une entreprise mono-produit, nous proposons une offre globale. Et il y aura des opportunités à l’avenir pour acquérir des capacités supplémentaires afin de renforcer notre réseau mondial. Nous avons la conviction que nous avons un très bon projet de croissance rentable qui peut être établi par des acquisitions sélectives », termine la présidente du directoire de Geodis.

Photo, de gauche à droite : Wolfgang Albeck, Marie-Christine Lombard, Thomas Kraus et Christoph Schoeller