Transport
Bolloré Energy veut voir ses ventes de biocarburants exploser en 2023
Sur le chemin de la décarbonation, Bolloré Energy, business unit de Bolloré Transport et Logistics, s'emploie à mettre en avant et développer la distribution de ses deux carburants alternatifs, l'Izipure et le Koolza 100, lancés en 2021. Accompagnement de ses clients, investissements et déploiement des lieux de stockage... : Florian Mohand, nouveau directeur de la transition énergétique de Bolloré Energy, détaille la stratégie de l'entreprise à moyen terme.
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DR I Charlotte Cousin
Opérant en France et en Europe avec une capacité de stockage de 1,2 million de m³ répartie dans 23 dépôts en propriété ou en participation, l’acteur de la distribution et de la logistique de produits énergétiques, Bolloré Energy, entend renforcer sa position sur le segment des biocarburants. Pour cette business unit énergie de la division Transport & Logistics du groupe Bolloré, cela passe notamment par la nomination fin 2022 de Florian Mohand au poste de directeur de la transition énergétique, mais aussi par la mise en avant de l'usage de ses carburants alternatifs auprès de ses prestataires et clients.
Une année 2023 charnière
« Nous avons commencé dès 2019 à incorporer dans notre fuel domestique 5 % de végétal, nous atteignons aujourd’hui 30 %, nous travaillons pour être rapidement à 55 % et visons à terme 100 % », indique Florian Mohand. Après avoir lancé fin 2021 ses carburants bas-carbone Koolza 100 et Izipure, Bolloré Energy souhaite désormais passer à la vitesse supérieure : « Nous avions nos produits, il fallait que nous trouvions notre positionnement marketing et prix. Nous avons réalisé un gros travail d’explication auprès des transporteurs au gazole sur le fait que nous avions une solution pour les aider à décarboner. Et au fur et à mesure, nous renforçons nos équipes et notre maillage ainsi que nos capacités de stockage pour que l’année 2023 soit l’année de l’explosion de nos ventes ».
Fabriqué par la société Neste, basée en Finlande, l’Izipure, est un gazole de synthèse basé sur de l’huile usagée hydrogénée (HVO). Produit à partir de graisses animales et d’huiles de cuisson usagées, il est à 100 % issu de matières recyclées et permet de réduire les émissions de CO2 d’au moins 85 % (et jusqu’à 95 %) ainsi que les émissions de particules fines de 30 %. Sa particularité : il se révèle entièrement miscible avec le gazole standard et compatible avec presque tous les moteurs diesels neufs ou anciens. « Il est disponible immédiatement et ne nécessite par ailleurs aucun investissement supplémentaire », précise Florian Mohand, qui évoque un écart de coût entre 8 et 15 centimes par rapport au diesel conventionnel. Quant au Koolza 100, comme son nom l’indique, ce biodiesel (B100) est constitué à 100 % de colza cultivé et transformé en France. Fabriqué à Verdun, il contribue à diminuer les émissions de CO2 de 60 % et celles de particules fines de 80 %. Avec un prix « quasiment iso-gazole », ce carburant ne dispose en revanche pas de système de miscibilité.
Déployer les lieux de stockage
Pour faciliter l’accession de ses clients à ces énergies bas-carbone, Bolloré Energy met en place une politique d’accompagnement : « Pour nos clients BtoB, nous proposons des solutions couplées d’aide au financement, d’installation de nouvelles cuves, de rétrofitage..., indique Florian Mohand. Nous travaillons également pour faire évoluer la réglementation avec un assouplissement des règles de distribution sur les biocarburants. Nous aimerions qu'il soit possible de disposer de cuves partagées chez les logisticiens ». Si ses produits peuvent déjà être distribués sur tout le territoire, stratégiquement, l'entreprise souhaite poursuivre le déploiement de leurs lieux de stockage pour maximiser leurs délais de livraison, Bolloré Energy possédant ses dépôts massifs en propres (à Mulhouse, Chasseneuil-du-Poitou, Strasbourg, Caen, Dépôt Rouen Petit-Couronne, La Rochelle), venues alimenter d'autres dépôts avec des capacités de stockage ainsi qu'un réseau d'agences dotées de dépôts secondaires. Objectif à terme : que les 110 agences de Bolloré Energy puissent, dans leur stockage propre, avoir de la disponibilité sur ces produits-là. Niveau investissements, Florian Mohand évoque l’exemple de la Rochelle avec la somme d’un million d’euros nécessaire pour le passage au nouveau carburant.
110 agences, 600 collaborateurs, 600 000 clients
Avec un lancement du Koolza 100 et de l'Izipure il y a moins de deux ans, Bolloré Energy ne se positionne pas en précurseur de la distribution du carburant bas-carbone. Face à ses concurrents sur ce segment, elle entend néanmoins marquer la différence par sa force de frappe avec « une capacité de distribution et de logistique dans n’importe quelle situation et à n’importe quel moment » et la sécurisation qu’elle apporte en matière d’approvisionnement dans ce contexte énergétique difficile : « Lors des grèves à l’automne, nous n’avons fait de défaut de livraison chez aucun de nos clients ». S’appuyant sur ses 110 agences, 600 collaborateurs et 600 000 clients, la business unit met également en avant ses engagements contractuels en termes de prix et de durée. Exemple avec Kunegel, autocariste du Grand Est, avec lequel Bolloré Energy a signé un contrat de sept ans avec garantie du surcoût.
Parmi les nouveaux clients sur ces solutions, citons les Transports Pihen qui ont signé avec l'entreprise « sur trois ans, pour environ 6 000 m³ » et Bolloré Energy devrait prochainement communiquer sur d’autres noms. Concernant sa flotte propre, sur ses 300 camions, l'entreprise indique être actuellement en train d’en renouveler une partie pour passer au B100 exclusif avant de voir l’entièreté de cette flotte rouler au bas-carbone d’ici 2025. Dans les tiroirs également, la volonté de sortir d’ici la fin 2023, une nouvelle plateforme dédiée aux carburants bas-carbone : « un site qui pourra recenser par région d’éventuels dispositifs d’aides, des actions mises en place… à disposition de tous ceux qui veulent en savoir plus sur ces biocarburants mais aussi de nos clients qui souhaitent calculer les CO2 économisés grâce à l’utilisation de nos produits et éventuellement suivre leur consommation », termine Florian Mohand.
Florian Mohand, directeur de la transition énergétique de Bolloré Energy