Entrepôts
Stef s'appuie sur Moten Technologies pour diminuer les risques de TMS
Le spécialiste transport et logistique Stef s'est tourné vers la start-up à impact Moten Technologies et a mis en place ses capteurs musculaires pour retirer des mesures objectives sur l'utilisation de certains exosquelettes en test dans l'entreprise. Une démarche intégrée à ses objectifs d'amélioration des conditions de travail de ses employés.
©
Moten Technologies
Cela fait plus de 15 ans que le sujet de l’ergonomie est intégré dans les actions RSE de Stef, spécialiste européen des services de transport et de logistique sous température contrôlée dédiée aux produits alimentaires. À tel point que le groupe y a dédié deux postes, au sein de ses équipes, dont le rôle est « d’accompagner les équipes opérationnelles et centrales dans leurs projets avec pour objectif l’amélioration des conditions de travail autant du point de vue physique que mental », stipule Jessica Maroud, ergonome à la direction de la responsabilité sociale de l’entreprise. C’est dans le cadre de ces projets sur la prévention des TMS (troubles musculo-squelettiques), que le groupe a été amené à tester différents types de solutions organisationnelles, techniques et humaines, parmi lesquelles figurent les exosquelettes. « Depuis 2017, nous avons testé une quinzaine d’exosquelettes sur nos situations de travail et nous avons principalement réalisé des évaluations subjectives en recueillant le retour et le ressenti des salariés. Nous avons voulu passer une étape supplémentaire pour avoir des retours sur ce qu’il se passe d’un point de vue physiologique afin d’obtenir des données plus filtrées », poursuit Jessica Maroud. Pour aboutir à ces informations plus précises, Stef a décidé de faire appel à l'entreprise Moten Technologies en 2022, avec pour but d’« objectiver » l’impact des exosquelettes sur l’activité musculaire et les mouvements réalisés par ses salariés.
Un catalyseur de prise de décision
La solution proposée par la jeune société créée en 2018 se présente sous la forme d’un petit capteur de la taille d’un cadran de montre dotée d’une technologie venue mesurer les vibrations émises par les muscles en contraction des salariés en situation de travail. « Une des spécificités chez Stef réside dans l’environnement grand froid qui implique des tenues de travail adaptées. Les technologies habituelles ne permettent généralement pas de réaliser des mesures musculaires en situation réelle : elles peuvent être faites en laboratoire mais difficilement en entrepôt. Notre solution permet justement de mesurer ce qui se passe réellement en activité et de rendre ces données accessibles aux entreprises », décrit Marie-Anne Grangeret, COO et ergonome de Moten Technologies. L’entreprise, qui se présente comme une « start-up à impact » a en effet développé sa propre technologie de capteurs musculaires ainsi que ses logiciels de traitement et d’analyse de données : « Nous allons poser nos capteurs sur des volontaires qui vont réaliser leur activité de la manière la plus naturelle possible et nous allons ensuite venir réceptionner les données sur notre plateforme SaaS, les traiter pour en sortir des éléments (graphes, données) permettant à l’entreprise de prendre par la suite des décisions ». Parmi ses clients (construction, industrie…), le secteur de la logistique se montre « assez avancé dans le domaine de la prévention, observe Marie-Anne Grangeret. Les clients qui se saisissent de notre solution sont déjà parvenus à une étape de validation, soit de changement organisationnel, soit d’intégration technologique ». Moten a par exemple eu l’occasion de travailler avec Lidl entre 2020 et 2022, qui souhaitait valider les apports d’exosquelettes avant et après leur déploiement dans son département fruits et légumes. « Nous sommes un catalyseur de prise de décision. Cette validation des solutions leur a permis de déclencher des investissements conséquents. Notre solution permet une intégration massive de solutions techniques pour des changements organisationnels conséquents ». Le secteur de la logistique représente aujourd’hui 15 à 20 % des activités de la start-up : « Au sein de cette filière, nous enregistrons aussi une forte demande pour intégrer de la donnée musculaire dans le cadre d’outils de simulation dans le métavers, afin d’anticiper les efforts qui devront être mobilisés par les opérateurs, par exemple dans le cadre d’un futur entrepôt ». Sur la partie amont, Moten Technologies est également amenée à réaliser des diagnostics de postes de travail : « Beaucoup d’entreprises font appel à nous avant qu’il n’y ait de problèmes identifiés et nous réalisons une sorte d’audit des postes de travail avec des capteurs pour analyser par exemple les références qui posent le plus de problèmes au sein d’un entrepôt en matière d’efforts mobilisés », décrit Marie-Anne Grangeret.
Un nouveau projet de plus grande envergure
En se rapprochant de la start-up, Stef a pu bénéficier de mesures précises venues l’aider dans le choix des solutions mises en place sur le terrain. « Nous ne souhaitions pas faire de la mesure pour faire de la mesure, rappelle Jessica Maroud. Nous voulions faire le lien avec l’activité réalisée par les salariés, l’idée étant de bien comprendre les tenants et aboutissants des résultats, pour qu’ils puissent servir la démarche d’amélioration des conditions de travail. Sur les tests mis en place, nous avions des retours objectifs en corrélation avec le ressenti des testeurs. Cela nous a permis d’avoir un apport éclairé sur les deux exosquelettes testés et nous a conduits à éliminer l’un d’entre eux sur la situation en question ». Séduit, le spécialiste de la supply chain alimentaire a de nouveau fait appel à la société pour un nouveau projet de plus grande envergure : « Celui-ci va engager des changements organisationnels, techniques et humains plutôt importants, et la prestation de Moten Technologies est une des actions que nous avons mises en place pour maximiser les impacts du projet et assurer une amélioration significative des conditions de travail, détaille Jessica Maroud. Nous testons actuellement une solution sur trois sites pilotes avec l’objectif de la déployer ensuite sur l’ensemble des sites du groupe Stef qui pourraient en avoir besoin ». Si Stef ne peut en dévoiler davantage sur ce projet qu’elle espère voir se développer fin 2023, l’entreprise détaille seulement qu’il s’agit d’un dispositif d’aide pour ses salariés, toujours tourné vers son objectif de solutions ergonomiques apportées au personnel.
Stef