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Livraison de colis et e-commerce : La Poste appelle à plus de transparence environnementale
La Poste a organisé ce 23 mai 2023 une conférence de presse pour présenter sa politique d’engagement en faveur d’un e-commerce plus durable. S’appuyant sur deux études (un sondage et une analyse de cycle de vie), l’opérateur de services postaux et de solutions de commerce en ligne a partagé son retour d’expérience et ses ambitions autour de la « livraison responsable ». Il promeut la transparence entre acteurs de la distribution, dans l'intérêt des clients finaux, et souhaite être un moteur d’exemplarité sur les sujets environnementaux.
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Colissimo
Dans le cadre de sa conférence de presse intitulée « Livraison de colis : La Poste poursuit sa politique d’innovation pour un e-commerce plus durable », le groupe français et sa filiale Colissimo ont présenté ce jour les résultats de deux études. La première, issue d’un sondage Yougov réalisé pour Colissimo¹, expose la vision et les attentes des e-commerçants français. En guise d’introduction, Vincent Mayet, directeur général d’Havas Paris et spécialisé dans le commerce mondial, a mis en exergue la croissance continue du e-commerce et en particulier du m-commerce (commerce via un terminal mobile). Dans ce contexte, la livraison à domicile reste largement plébiscitée auprès des e-commerçants, qui sélectionnent majoritairement leurs prestataires sur des critères liés à la rapidité des délais de livraison, à la garantie de leurs respects et aux tarifs. « Tous ces point clés sont très fortement investis par les consommateurs, ce qui explique pourquoi les acteurs du e-commerce y portent tant d’importance », précise Vincent Mayet. Seul un tiers des sondés pensent ainsi que des délais de livraison moins urgents seront généralisés au cours des deux prochaines années, afin de rendre la livraison plus « responsable ». Ils imaginent plutôt des délais de plus en plus courts (à 44 %), avec une remise en main sur-mesure (à 43 %), à l’endroit exact où se trouve le client. La livraison de demain est-elle ainsi vouée à devenir de plus en plus impactante pour la planète ? Tout est une question de cas d’usage et d’analyse sérieuse et précise des données environnementales.
La livraison à domicile souvent plus vertueuse qu'un retrait hors domicile
Contrairement à une idée reçue, le fait de se faire livrer à domicile peut dans de nombreux cas être plus vertueux que d’aller chercher son colis dans un bureau de Poste ou un point de retrait. En cause principalement : ces déplacements s’effectuent majoritairement en voiture (et non à pied ou à vélo), avec une distance moyenne de 5 km parcourus sur un trajet dédié. C’est ce qu’explique notamment la seconde étude présentée par La Poste, se concentrant sur l’analyse de cycle de vie (ACV) d’un colis du e-commerce². Prenant en compte 16 indicateurs d’impact environnementaux (dont le changement climatique, l’épuisement des ressources énergétiques et minérales non renouvelables, l’usage des terres…), elle démontre que le retrait d’un colis e-commerce en voiture thermique multiplie en moyenne par 2,4 l’impact sur le changement climatique de son envoi par rapport à une livraison à domicile réussie. « Ces proportions sont quasiment les mêmes sur les particules fines et la consommation d’énergie non renouvelable, remarque Laure Mandaron, directrice RSE de la branche Service-courrier-colis de La Poste. Il est ainsi fondamental d’apporter des éléments factuels, en fonction des cas d’usage, pour orienter le choix du client final quant à une livraison à domicile ou hors domicile, puisque cette dernière n’est pas toujours plus favorable en matière de performance environnementale. » Donner la possibilité au consommateur de pouvoir choisir son mode de livraison en toute connaissance de cause : tel est le souhait répété du groupe La Poste, qui insiste sur son devoir de transparence en qualité de géant historique de la distribution de colis (via Colissimo) en France.
Les émissions de CO2 n'ont pas le monopole de l'impact environnemental
« Cette analyse du cycle de vie nous a beaucoup appris, commente Jean-Yves Gras, directeur général de Colissimo. Je raisonnais beaucoup, voire uniquement en CO2 équivalent, alors que d’autres critères existent, et qu’il est nécessaire de les prendre dans leur complexité. » Ainsi, pour que ses clients disposent des données nécessaires au choix du mode de livraison le plus responsable sous un prisme autre que le seul CO2, La Poste a mis en place un « Score écologique ». Sous le principe du Nutri-score dans l'alimentaire ou de l’Eco-score de l’Ademe, avec une note allant de A à E (A étant le meilleur résultat), cet affichage environnemental prend en compte trois domaines d’impacts : le changement climatique, la qualité de l’air ainsi que les matières et leur circularité. La note est dressée en fonction des étapes du parcours d’un colis, depuis son envoi jusqu’à sa réception finale. « Notre défi consiste à communiquer sur ce score écologique auprès de tous nos e-commerçants, partenaires de Colissimo, et à les inciter à l’utiliser pour donner au consommateur le choix entre une livraison « A » et une « D », espère Jean-Yves Gras. Nous rêvons que l’ensemble de l’industrie nous suive mais nous ne sommes pas naïfs : lorsque vous êtes transparents dans un univers concurrentiel, vous risquez de vous confronter à la non-transparence des autres. » Le directeur général de Colissimo, tout comme la responsable RSE du groupe La Poste, ne désespèrent pas cependant qu’un véritable élan vers l’échange de données environnementales puisse s’opérer.
La transition écologique comme « critère différenciant de compétitivité »
Dans le cas où cette démarche collaborative ne viendrait pas, ils souhaitent prendre les devants, en montrant l’exemple et en investissant auprès de leurs prestataires. « Nous avons beaucoup travaillé sur l’information des e-acheteurs, en équipant les entreprises d’un tableau de bord CO2 consultable sur leur espace en ligne », indique Jean-Yves Gras, qui précise que l'axe des émissions de CO2 a tout de même l'avantage d'être un élément de comparaison et de communication bien ancré dans les esprits. Les e-commerçants partenaires disposeront, d’ici fin 2023, d’une nouvelle version de ce calculateur de CO2 qui prendra en compte « le mode de dépôt, l’optimisation de [leurs] processus industriels, et la part de leurs colis livrés en mode décarboné ou doux ». En complément de son travail de pédagogie environnementale, le groupe La Poste planche à des solutions directes pour réduire ses émissions propres : transformation de son parc de poids-lourds, avec 400 millions d’euros investis pour le convertir aux énergies bas carbone, renouvellement de sa flotte de vélos cargos (200 millions d’euros d’investissements), avec un passage de 600 à 1 000 unités, optimisation des chargements dans les camions avec l’usage de 1 100 caisses mobiles flexibles et empilables, emploi d'emballages réutilisables 100 fois en partenariat avec la start-up française Hipli… « Nous allons continuer à investir massivement dans la transition écologique, en espérant que ce soit un critère différenciant de compétitivité. Nos clients regardent la qualité, la vitesse et le prix. Nous espérons que le quatrième critère soit l’écologie, et de manière concrète. L’écologie ne sera certes jamais le seul argument – nous ne pouvons pas par exemple nous passer de la qualité –, mais il faut qu’il soit davantage mis en valeur et qu’il ait surtout du sens », conclut Jean-Yves Gras.
¹ Sondage effectué du 13 au 16 mars 2023 auprès de 205 e-commerçants de plus de 50 salariés.
² La Poste précise que « l’unité fonctionnelle étudiée sur cette ACV est l’acheminement d’un colis BtoC ayant un poids de 1,3 kg, depuis son lieu de prise en charge par La Poste jusqu’à son destinataire en France métropolitaine ».