Prestataires
162 tours de la Terre en camion évités en 10 ans avec le pool Sphinx de FM Logistic
FM Logistic a fêté ce 7 juin les 10 ans de son pooling mis en place sur la plateforme de Longueil-Sainte-Marie, dans l’Oise. En présence de l’ensemble de ses sept partenaires industriels, l’entreprise de logistique est revenue sur son rôle de précurseur dans la mutualisation des flux du secteur de l’agroalimentaire, à destination des clients de la grande distribution. Avec tous les avantages environnementaux que cette massification optimisée comprend.
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FM Logistic
8 662 tonnes de CO2. C’est ce qu’ont pu éviter Bolton Food, Intersnack, JDE, Kimberly-Clark, Kraft-Heinz, Nutrimaine et Pastacorp, en 10 ans de partenariat avec FM Logistic pour la plupart d’entre eux. Soit l’équivalent CO2 de 162 tours de la Terre en camion, d’après les données du prestataire, qui a fait appel au cabinet CPV Associates pour calculer l’empreinte carbone de son initiative. Ou de plus de 3,5 milliards de km parcourus en TGV, selon le calculateur de l’Ademe impactco2.fr/transport. Le pool « Sphinx » (en référence aux initiales des membres fondateurs de ce regroupement, qui a connu quelques changements de lettres depuis) accueille aujourd’hui six industriels de l’agroalimentaire ainsi que Kimberly-Clark, géant américain du papier transformé pour l’hygiène personnelle, commercialisant notamment les fameux mouchoirs « Kleenex ». Cohabitant sur la plateforme de Longueil-Sainte-Marie (60) de FM Logistic, ces sept mercenaires n’ont pas sorti les flingues ; ils ont au contraire trouvé dès le départ un terrain d’entente pour agir en toute intelligence collective. Celle de l’optimisation des tournées de livraison à destination des distributeurs, avec tous les avantages économiques et opérationnels que la mutualisation et la massification des flux comportent : des camions remplis, une meilleure rotation des stocks, une augmentation des fréquences de livraison pour chaque industriel, des lignes régulières et des rendez-vous plus fixes auprès des retailers.
Des flux supplémentaires, des gaz à effet de serre en moins
À tous ces bénéfices s’ajoutent surtout une diminution des externalités négatives liées au fret routier : émissions importantes de gaz à effet de serre, pollution de l’air, pollution sonore, congestion… Car même si les volumes de commandes augmentent pour chaque industriel, le nombre de trajets effectués diminue considérablement par rapport à un schéma de livraison direct. « Ce regroupement est unique en Europe, et nous y voyons que des intérêts, assure Delphine Husson, directrice France de Kimberly-Clark. Il nous offre une grande flexibilité. Nous pouvons par exemple avoir certains camions remplis ne comportant qu’une seule palette de Kleenex, entourée de celles de tous les autres fournisseurs. Notre client peut ainsi commander de toutes petites quantités sans que cela soit impactant. » Le détail de ces impacts environnementaux mais aussi sociaux, FM Logistic et CPV Associates les ont chiffrés, sur l’ensemble des 10 années de pooling : 17 % d’émissions de CO2 évitées ; une diminution de 45 % des mises à quais, et 45 % également de temps d’attente en moins pour les conducteurs de poids lourds. « Nous voulons être un partenaire logistique amenant à nos clients des solutions de plus en plus responsables tout en répondant à leurs besoins omnicanaux, explique Yannick Buisson, directeur général France, Europe de l’Ouest et Europe centrale de FM Logistic. Le pooling était, est et sera toujours une solution pour économiser des kilomètres, des tonnes de CO2 et bien plus. »
Un regroupement d’ampleur et précurseur
Plus grand pooling de ce type en Europe, le regroupement opéré par le prestataire prend place au sein d’un entrepôt de 97 000 m², avec 100 000 emplacements de palettes au total. Cette plateforme ne se dédie pas uniquement à la mutualisation, de nombreux flux étant aussi opérés pour le compte d’autres clients du gestionnaire de sites logistiques. Mais aussi par les sept industriels, dans une logique plus classique de livraison directe, comme lorsque l’un d’entre eux peut expédier suffisamment de palettes pour remplir un camion à destination d’un client ciblé. Cependant, le pourcentage de commandes groupées ne cesse d’augmenter, de même que le nombre de palettes dites « poolées » dans le jargon. Cette démarche collaborative répond à une demande typiquement française ; celle d’un modèle de grande distribution ayant connu ses balbutiements en France, pays pionnier. Cette spécificité, Jean-Marie Mascarenhas la connaît bien. Le président d’Interlog – 4PL et véritable tour de contrôle de l’entrepôt de FM Logistic, gérant entre autres les budgets et achats transport, et leur organisation technique avec ses solutions logicielles – en détaille l’évolution : « Le concept même de mutualisation ne peut s’entendre que dans un monde de grande distribution, qui est né en France avec le Carrefour de Sainte-Geneviève-des-Bois [ouverture du premier hypermarché en 1963, ndlr]. Les États-Unis par exemple ne disposaient alors que de magasins spécialisés. Puis dans les années 90, le concept de pooling en France a émergé avec des industriels souhaitant rationnaliser les process avec des services et solutions informatiques de GPA, pour gestion partagée des approvisionnements. Encore aujourd’hui, cette organisation mutualisée reste assez franco-française. »
L’énigme du pool Sphinx
Les avantages de ce pooling spécifique parlent à l’ensemble de ses parties prenantes, qui en deviennent volontiers des prêcheurs rationnels. « Nous souhaiterions convertir 100 % de nos clients au pooling, témoigne Delphine Husson. Même si une majorité d’entre eux suivent déjà ce principe, il y en a encore qui n’en font pas partie. Nous ne voulons plus transporter de l’air dans nos camions ; lorsque l’un d’entre eux part avec seulement 15 palettes, nous trouvons cela inadmissible. C’est hors de notre feuille de route. » Laure Dezanay, directrice supply chain France d’Intersnack, s’est même amusée à calculer le nombre de palettes que son groupe (commercialisant des marques comme Monster Munch, Vico, Curly…) a utilisé depuis son démarrage dans l’Oise. Mises bout à bout, elles formeraient un trajet Longueil-Sainte-Marie – Antalya en Turquie, soit 3 400 kilomètres de palettes à enjamber sans interruption. « Ce pool a su continuer et progresser au-delà des modifications, des organisations et des changements d’équipes, relate-t-elle. Car c’est avant tout un engagement et une vraie volonté de notre direction et de FM Logistic, sur une vision commune de l’optimisation de la supply chain. » Comme pour Œdipe dans la mythologie grecque, ce Sphinx ne pose qu’une seule énigme : Quelles sont les raisons poussant à ne pas rejoindre ce modèle coopératif, alors que ses bénéfices ne cessent d’être démontrés avec des données sociales, environnementales et économiques explicites ainsi que des retours dithyrambiques de l’ensemble des acteurs, pourtant réputés initialement pour ne servir que leurs propres intérêts financiers ?
Trois questions à Yannick Buisson de FM Logistic
Propos recueillis par Voxlog le 7 juin 2023.
Après dix années d’expérience, ressentez-vous une évolution de la demande en pooling, notamment vis-à-vis des distributeurs ?
Nous avons monté six pools différents en dix ans. C’est effectivement un service en déploiement et en augmentation. Si nous regardons spécifiquement le pool Sphinx, nous avons augmenté le nombre d’enseignes et sommes passés d’une vingtaine à une soixantaine de points de livraison. Au commencement, nous avions environ 20 % des flux qui partaient poolés. Nous sommes passés de 200 000 à 400 000 palettes mutualisées en 10 ans, avec un taux de 28 % aujourd’hui. Bien qu’il y ait eu des entrées et des sorties, ce pool reste stable. Le fait d’avoir sept industriels change la donne par rapport à de petits regroupements ; c’est un argument commercial important. Nous avons par ailleurs des discussions en cours pour intégrer de nouveaux entrants.
Pensez-vous que ce taux de mutualisation des flux va augmenter ?
Nous devrions atteindre les 30 voire 40 % prochainement. Nous ne serons jamais à 100 %, car chaque industriel gère sa politique commerciale, ne livre pas toutes les enseignes ni tous les entrepôts du pooling. Mais ce mécanisme groupé ne va faire qu’augmenter. À ses débuts, le pool n’était destiné qu’aux industriels en GPA avec la grande distribution. Depuis environ 5 ans, nous avons ouvert ce système à des entreprises hors de ce schéma, ce qui permet aussi d’augmenter le nombre de palettes poolées.
Le volet écoresponsable du pooling est-il plus recherché par vos partenaires ?
Cela rentre clairement dans la réalisation de leurs objectifs ; nombre d’entre eux suivent notamment l’initiative SBTi (Science Based Targets initiative). Il reste cependant beaucoup encore à faire sur le transport, l’un des principaux enjeux en termes d’émissions. La meilleure économie consiste à ne pas dépenser. Ce pooling Sphinx permet d’économiser l’emploi d’environ 1 500 camions par an : un argument très solide pour les clients. Nous continuons à militer auprès des enseignes et des points d’entrepôts n’étant pas encore sur cette logique. Nous travaillons également sur notre politique de sourcing transport, pour proposer à nos clients des transporteurs roulant à l’écodiesel ou d’autres énergies.