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Benoît Frette, président de Chronopost : « Grâce à notre réseau déjà existant, nous sommes compétitifs sur nos activités en température dirigée »
Chronopost vient d’ouvrir quatre hubs avec chambres froides à Corbas (69) et Chilly-Mazarin (91) pour accompagner la croissance de sa filiale Chronofresh (alimentaire) et de sa division Chronopost Healthcare (santé). Benoît Frette, président de Chronopost, nous détaille à cette occasion les spécificités et le développement de ces deux activités de livraison express sous température dirigée.
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CoworkCom I Chambre froide chez Chronopost.
En prévision d'une hausse des volumes dans l'alimentaire et la santé qui devraient représenter 20 % de son chiffre d'affaires en 2025, l'expert de la livraison express Chronopost investit 22 millions d’euros dans l'ouverture de quatre nouveaux hubs destinés aux activités sous température dirigée à Corbas, en région lyonnaise, et à Chilly-Mazarin, dans l'Essonne. Deux de 2 700 m² et 2 300 m² sont dédiés à la filiale de transport de produits alimentaires Chronofresh (frais et surgelés), et deux autres de 1 500 m² et 2 200 m² à la filiale des produits de santé Chronopost Healthcare (médicaments, prélèvements biologiques, …). Plus de 4 000 m² de chambres froides à Corbas, et autant à Chilly-Mazarin, garantissent cinq zones de températures différentes avec des plages allant de -30°C à 15-25°C. « La croissance à deux chiffres que nous avons connue chaque année depuis notre lancement a démontré que nos solutions répondent à un réel besoin des acteurs du marché alimentaire. Le déploiement de ces nouvelles infrastructures va permettre à Chronofresh d’accélérer son développement sur la livraison aux professionnels (restaurateurs, commerçants, artisans, grossistes, industriels) et aux particuliers », explique Christophe Desgens, président de Chronofresh. Des panneaux solaires permettent une injection dans le réseau à Corbas, lorsque de l'autoconsommation couvre 25 % des besoins en électricité à Chilly-Mazarin.
Une forte croissance des volumes en prévision
Grâce à ces nouveaux sites, les deux divisions de Chronopost vont réduire leurs délais de livraison à travers la France (livraison à J+1), à la grande satisfaction des professionnels de l’alimentaire et de la santé confiant des produits sensibles. L'expressiste table sur un doublement des volumes sous température dirigée d’ici cinq ans. Benoît Frette, président de Chronopost, explique : « La température dirigée est devenue incontournable dans le transport des denrées alimentaires et des produits de santé. Les professionnels étaient en attente de solutions pour respecter au mieux la réglementation et protéger les consommateurs et les patients dans un contexte où les épisodes de canicule sont de plus en plus fréquents. Chronopost a aujourd’hui un positionnement unique sur le marché grâce à son réseau de transport sous température dirigée le plus dense en France ».
Un solide réseau national sous température dirigée
Ces quatre nouveaux hubs viennent étoffer le réseau de transport sous température dirigée de Chronopost. Avec les trois autres hubs préexistants de Brive-la-Gaillarde (19), Le Mans (72) et Dijon (21) qui s’équipent de chambres froides sous température dirigée, l'ensemble du réseau est désormais constitué de sept hubs sous température dirigée, 93 agences, 32 700 m² de chambres froides, un millier de véhicules frigorifiques et 13 500 contenants sous température dirigée. Partout, les produits alimentaires y sont strictement séparés des produits de santé.
Entretien avec Benoît Frette, président de Chronopost
Quand vous êtes-vous lancés sur le marché de la distribution sous température dirigée de denrées alimentaires (Chronofresh) et sur le marché du transport de produits pharmaceutiques pour la santé (Chronopost Healthcare) ?
Nous avons attaqué le marché de l'alimentaire sous température dirigée en lançant Chronofresh il y a huit ans, avec la volonté de disrupter ce marché comme on l'avait déjà fait il y a 30 ans dans l'express, l'objectif étant de rapprocher le producteur du consommateur. Chronofresh connait une forte croissance depuis son lancement, même depuis l'inflation récente. Nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 120 millions d'euros sur cette activité en 2022.
Concernant le marché de la santé sous température dirigée, nous nous y sommes lancés plus tôt, en 2005. Pour croître plus rapidement, nous avons racheté la société Biologistic. Elle nous a permis de mettre au point notre offre « pharma ». Aujourd’hui, nous générons 160 millions d'euros de chiffre d'affaires sur ce secteur et traitons 80 000 colis par jour, que nous distribuons aux professionnels, mais aussi aux particuliers, avec une maîtrise du dernier kilomètre et des bonnes pratiques de distribution exigées par le monde de la santé.
Les aliments et les médicaments sont des produits différents par nature. Comment répondez-vous à la fois aux besoins de ces deux marchés ?
Au niveau du process opérationnel, la logique est commune. Nous réduisons nos coûts pour proposer des tarifs compétitifs, en exploitant le réseau Chronopost déjà existant et en misant sur la mutualisation. Chronopost a un maillage important constitué de plus de 100 agences partout en France. Pour soutenir la croissance de nos activités sous température dirigée, nous associons les espaces froids à nos sites Chronopost opérationnels. Cela nous permet de d’effectuer à moindre coûts des distributions dans les zones denses avec des véhicules sous température dirigée, ainsi que dans les zones plus éloignées.
Les chambres froides sous température dirigée sont entièrement séparées entre l'alimentaire et la santé, mais la plage de température appliquée est la seule chose qui les différencie. Nous utilisons les mêmes technologies pour nos prestations de bout en bout sur ces deux marchés : systèmes de suivi de la température en temps réel, technologies d'interaction avec les destinataires...
Existe-t-il des synergies entre vos deux activités Chronofresh et Chronopost Healthcare, où sont-elles strictement cloisonnées ?
Il y a des synergies sur le management. Toute l'équipe managériale de Chronopost effectue les opérations de tri, de distribution, et de pilotage des prestations à la fois pour le domaine de l'alimentaire et pour celui de la santé sous température dirigée. Il y en a aussi sur le transport avec certaines liaisons sous température dirigée qui acheminent à la fois des produits alimentaires et de santé. Nous avons beaucoup de synergies dans la partie IoT et tracking, avec adaptation fine (fine-tuning) en fonction des exigences du client. Enfin, nos bâtiments et infrastructures sont pilotés par une équipe centrale qui gère aussi bien les sites en température ambiante que les espaces sous température dirigée.
Quels sont les produits alimentaires et pharmaceutiques qui enregistrent les plus fortes croissances actuellement ?
Sur l'alimentaire, nous constatons depuis quelques années une hausse des livraisons de box alimentaires, et cela représente une grande part de la croissance de Chronofresh. HelloFresh est un de nos clients boxistes par exemple. Concernant les produits pharmaceutiques, de plus en plus sont composés de molécules thermosensibles issues du règne animal ou végétal, ce qui induit une accélération de la nécessité de transport sous température dirigée.
Chronofresh et Chronopost Healthcare prévoient un doublement de leurs volumes sous température dirigée d'ici cinq ans. Votre infrastructure actuelle est-elle suffisante ?
Nous sommes prêts. Nous possédons ce qu'il faut pour accompagner cette croissance. Les 22 millions d'euros que nous avons récemment investis dans quatre nouveaux hubs vont servir à assurer le développement de nos clients et à répondre à la croissance de ces marchés pour les cinq prochaines années. De plus, sur la partie dernier kilomètre, lorsque nous déménageons les sites Chronopost opérationnels, comme cela arrive chaque année avec les agences de collecte et de distribution en région, nous les agrandissons systématiquement. Nous soutenons ainsi en permanence la croissance de notre activité d'expressiste standard mais aussi nos activités sous température dirigée. Ensuite, au cas par cas, nous sommes capables d'ajouter des chambres froides sur les sites en fonction des besoins. Notre réseau en mouvement nous permet d'absorber la croissance. Plus de 60 millions d'euros ont ainsi été investis depuis la création de Chronofresh il y a huit ans.
Vos chambres froides doivent consommer beaucoup d'énergie ?
Il n'y a pas que les chambres froides. Les machines de tri et les véhicules électriques qu'il faut recharger consomment également beaucoup d'énergie.
Cherchez-vous de ce fait à réduire vos consommations énergétiques et si oui, comment y parvenez-vous ?
Oui. Il y a deux ans, nous avons déployé des capteurs sur l'ensemble de nos sites en France, et sur l'ensemble des chambres froides. Cela nous permet, dans un premier temps, d'avoir une visibilité parfaite de la consommation d'énergie de chaque chambre froide, mais aussi de chaque bâtiment, des machines de tri et des recharges de véhicules électriques. Nous pouvons ainsi comparer les sites les uns aux autres et identifier les écarts de consommation d'énergie pour des surfaces à peu près équivalentes. Dans un second temps, nous pouvons déployer les bonnes pratiques pour réaliser des économies d'énergie. En un an, nous avons réussi à diminuer notre consommation énergétique de 10 %.
Sur nos quatre nouveaux hubs dédiés aux activités sous température dirigée, nous avons installé des panneaux solaires photovoltaïques nous permettant de produire de l'électricité en journée pour notre propre consommation (autoconsommation). Ces sites venant d'être inaugurés, il faut que nous attendions une année complète pour avoir un premier retour d'expérience.
Dans vos déclarations, vous évoquez « des épisodes de canicule de plus en plus fréquents ». Cela impacte-t-il vos activités sous température dirigée ?
Nous observons aujourd'hui une augmentation des températures, sur des délais de plus en plus longs, ce qui a un effet négatif sur les médicaments produits à partir de molécules animales ou végétales qui résistent très faiblement à des variations de température importantes. Or, ce type de médicaments thermosensibles est en plein développement. De plus en plus de clients souhaitent faire passer leurs produits pharmaceutiques des sites à température ambiante vers des espaces ayant une température entre 15 et 25°C. Nous y répondons grâce à notre réseau industriel de distribution sous température dirigée.
Propos recueillis par Voxlog le 20/06/2023
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Crédit photo de Benoît Frette : © Hubert Raguet