Pierre Bitane, fondateur de l'institut Nemo : « J’ai créé l’école de formation en transport et logistique dans laquelle j’aurais aimé aller »

Le centre de formation Nemo fête cette année ses 20 ans d'existence. Pierre Bitane, pouvez-vous nous retracer les moments importants de son développement ?
Tout d'abord, la création. J’avais un Bac Pro option exploitation des transports, et un BTS en alternance. Mon école m’a embauché comme commercial puis comme directeur de centre. Mais ce que j’ai vu ne m’a pas convenu. J’ai donc décidé de créer l’école dans laquelle j’aurais aimé aller. J’avais 24 ans. Par la suite, les grandes étapes ont été constituées principalement par des ouvertures de classes (nouvelles formations), et des partenariats avec des entreprises référentes du secteur, ainsi que la collaboration avec l'Aftral, qui nous a licencié leurs titres.
Depuis trois ans, nous avons amorcé une accélération afin de couvrir une offre de formations beaucoup plus large.

Êtes-vous satisfait du chemin parcouru ?

Oui. J’avoue que le lancement a été très instinctif, fondé sur l’envie de faire une école. Puis la montée en charge a été fluide et naturelle. Nous avons bien sûr rencontré les difficultés inhérentes à toutes PME, mais la plus grande satisfaction vient des parcours des jeunes que nous avons formés. Lors du Gala des 20 ans de Nemo, nous avions mis à disposition un Livre d’or, et nous avons été vraiment touchés par tous ces témoignages. Elle est là, notre fierté.

Que pèse aujourd'hui le centre Nemo ?
Aujourd'hui, l'institut Nemo c'est 300 entreprises partenaires, 3 000 apprenants formés, et surtout 100 % d’employabilité à trois mois.

Quel éventail de formations dans le domaine du transport et de la logistique proposez-vous actuellement ?

Nous proposons des formations du CAP (TP3) au Master (TP7). Dans le détail : TP3 niveau CAP Agent Magasinier, TP4 niveau Bac Technicien en logistique d’entreposage, TP5 niveau Bac+2 Technicien supérieur en méthodes et exploitations logistiques, BTS niveau Bac+2 Gestion des transports et logistiques associées, TP6 niveau Bac+3 Responsable en logistique, TP7 niveau Bac+5 Manager des organisations et processus logistiques.

Abordez-vous, dans vos formations, des sujets actuels comme le e-commerce, le numérique, la décarbonation, le développement durable, ou encore l'énergie ?
Tout à fait, tous ces sujets sont abordés. Nous tentons d’être au plus près du marché, de ses attentes, de la culture réelle des entreprises. C’est un vrai challenge de ne pas créer un fossé entre l’enseignement théorique et les besoins et enjeux réels des entreprises.

Qu'est-ce qui vous différencie des autres organismes de formation du secteur ?
Nous sommes uniquement centrés sur le transport et la logistique. Bien sûr, les grands acteurs comme l'Aftral le sont aussi, mais on voit apparaître des centres généralistes qui proposent, entre autres, des formations transport. Ce n’est pas notre cas, nous sommes des spécialistes. Mais aussi, nous avons toutes les formations dans le même établissement, ce qui est rare.

Qui sont vos partenaires ?
L'Aftral est le partenaire qui nous permet de dispenser le TP6 de Responsable en logistique et le TP7 Managers des opérations et processus logistiques. Du côté des entreprises partenaires, nous avons : DB Schenker, Dachser, Stef, Grière, Sofripa, STG, Lapeyre, Ikea Logistique, Bansard International, Kuehne+Nagel, XPO, SNCF Fret, Chronopost, Grands Moulins de Paris, Logisur, Aux Porteurs, Stab, Geodis...

© Institut Nemo

Quelle nouvelle formation allez-vous lancer pour la rentrée 2023 et pourquoi ?
À la demande des élèves de la formation TLE (Technicien en logistique d’entreposage), l’institut Nemo a mis en place pour cette rentrée un nouveau diplôme Bac+2 : le TSMEL (Technicien supérieur en méthodes et exploitations logistiques). Titre RNCP de niveau 5, il est ouvert aux titulaires d’un diplôme ou d’un titre de niveau 4 (niveau BAC). S’étalant sur 24 mois, avec un volume de 850 heures (121 jours de formation), l’objectif de cette formation avec un rythme d’alternance d’une semaine par mois à l’école, est d’apprendre à piloter les activités du site logistique ainsi que d’élaborer et de mettre en œuvre des solutions techniques en réponse aux besoins du site logistique, y compris en anglais. La pédagogie de cette formation, comparée à un BTS, est essentiellement basée sur des mises en situation professionnelles avec de véritables problématiques d’entreprise. Elle est donc accessible à des profils d’étudiants beaucoup plus diversifiés.

Combien d'élèves attendez-vous à la rentrée 2023 ? Quelle est la tendance ?
Comme vous le savez nous sommes sur un secteur en tension. Ce qui veut dire que les entreprises sont demandeuses, mais que, mécaniquement, les jeunes ne viennent pas massivement vers ces métiers. En ce qui nous concerne, nous avons la chance d’avoir toujours rempli nos objectifs à chaque fois que nous ouvrions une formation. Nous accueillerons 350 étudiants à la rentrée.

Qui finance les formations ?
Les OPCO (Opérateurs de compétences), à 100 %.

Quelles évolutions constatez-vous du côté des entreprises ?
Une volonté de mieux intégrer les jeunes ; et la conscience que l’apprentissage est aussi une façon de former des apprentis à la culture de l’entreprise, et pas seulement à un métier. Aussi, nous constatons que certains nous envoient leurs salariés à potentiel pour upgrader leur formation, les former à nouveau, vers des diplômes plus élevés.

Et du côté des élèves ?
Une volonté d’accompagnement plus fort. Ils ne savent pas mieux quoi faire, mais ils expriment leur besoin d’être accompagnés dans leur projet. Ce que nous faisons.

Quel futur pour Nemo ?
Nous avons beaucoup de projets. J'aimerais voir une adaptation avec des apprentissages plus concrets, notamment en utilisant les nouvelles technologies. Davantage de cours en réalité virtuelle, par exemple, pour rendre l'apprentissage plus accessible et fluide pour les élèves. Nous souhaitons consolider nos partenariats existants, et impliquer les alumni, afin que les anciens s'investissent plus en tant que membres de jury, et deviennent de véritables tuteurs et mentors pour les entreprises qui recrutent nos futurs élèves.
De manière générale, nous voulons être en meilleure adéquation avec les attentes des entreprises en mettant en place des programmes qui valident les compétences acquises sur le terrain plutôt que sur des exercices théoriques en classe. Nous visons à élargir notre panel de formations afin de répondre au mieux aux besoins des entreprises, et aussi former les jeunes qui le souhaitent à devenir entrepreneurs.

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