Maxime d'Hauteville, président de Pickup : « Notre ambition est de déployer une centaine de consignes réfrigérées à travers la France en 2024 »

Vous lancez une nouveauté sur la consigne multi-services Pickup : les casiers réfrigérés. Pouvez-vous présenter cette innovation ?
Maxime d'Hauteville : Chez Pickup, nous cherchons à innover et à penser nos services de façon complémentaire pour les commerçants, consommateurs et e-commerçants. Nous croyons que notre consigne multi-services jouera un rôle clé pour dynamiser les centres-villes en facilitant les contacts et échanges entre les habitants et les commerçants d’un quartier. Cette consigne a pour particularité de réunir au sein d’une seule et même infrastructure tout un éventail de services de proximité pour simplifier le quotidien des particuliers : retrait et dépôt de colis e-commerce, retrait en click & collect de produits, etc.
Les nouveaux casiers réfrigérés peuvent accueillir des produits alimentaires frais tels que des plats cuisinés, viandes, poissons, laitages, fruits, légumes, etc (hors surgelés). Ces produits frais, commandés en ligne sur des marketplaces ou sur les sites internet des commerçants, sont ensuite récupérés par le client en consigne au moment qui l’arrange, pour plus de flexibilité.

Quel est le niveau de la demande pour ce type de solution ?
Maxime d'Hauteville : Les consignes automatiques sont devenues indispensables sur le marché du hors-domicile et sont très appréciées des particuliers en raison de leur confort et de leur praticité, notamment grâce à leurs larges plages horaires, qui peuvent aller jusqu'à 24h/24 et 7j/7 pour certaines.
Selon le baromètre e-shopper 2022 de Geopost, en Europe, les consignes sont désormais aussi fréquemment utilisées que les relais commerçants. En 2022, 20 % des e-acheteurs réguliers européens ont opté pour une livraison en consigne, ce qui représente une augmentation de trois points par rapport à 2021. Il s'agit donc d'un marché en plein essor, sur lequel Pickup a considérablement accéléré ces dernières années en multipliant les déploiements. Pour nous, c'est un axe de développement majeur qui nous permet de renforcer notre réseau en complément des relais commerçants, tout en contribuant au développement du hors domicile en France.
Si on regarde spécifiquement la demande sur les produits alimentaires frais, le baromètre e-shopper 2022 de Geopost montre qu’en France, 36 % des acheteurs réguliers commandent des produits frais et boissons en ligne. C’est une catégorie qui a connu une forte croissance en 2021 et qui est désormais installée dans les habitudes d’achats.
La consigne multi-services permet donc aux commerçants et marketplace d'augmenter leur accessibilité, d'élargir leur base de clients, en dehors de leur zone géographique habituelle ou avec des contraintes horaires, et d'offrir une expérience de livraison flexible, répondant à un vrai besoin des consommateurs.

Est-ce une technologie inventée en interne par votre département R&D ?
Romain Jallon : Ce projet a été initié il y a environ 12 mois et a été le fruit d'une collaboration étroite entre les équipes de développement Pickup et nos fournisseurs, qu’ils soient fournisseurs de matériel ou de software. Nous avons travaillé main dans la main pour concevoir une consigne hybride avec des casiers réfrigérés répondant à notre cahier des charges ainsi qu'aux exigences de sécurité et de fiabilité de nos partenaires et des sites d'implantation. Nous nous sommes appuyés sur une technologie de refroidissement sans gaz, que nous avons spécialement adapté à nos machines.

Cette technologie a donc dépassé les stades du prototype et de l'expérimentation ?
Romain Jallon : Après un an de travail de nos équipes de développement, nous avons présenté un prototype fonctionnel de notre consigne multi-services au salon Vivatech 2023, où nous avons reçu un accueil très favorable. Nous entrons maintenant dans une deuxième phase du projet, celle de l'industrialisation. Nous continuons en parallèle à échanger avec des partenaires potentiels et des collectivités pour identifier les emplacements les plus pertinents.

En cas de coupure de courant, existe-t-il un système de secours qui puisse maintenir les produits au frais en attendant le rétablissement de l'électricité ?
Romain Jallon : Sur la gestion de la chaîne du froid, nous nous sommes appuyés sur le savoir-faire de Geopost et notamment de Chronofresh, filiale de Chronopost, spécialiste du transport de produits alimentaires : chaque casier est équipé d’isolants thermiques qui permettent un maintien de la température pendant un certain temps même sans alimentation électrique ainsi que d’une sonde monitorant la température en temps réel. Si la température dans le casier a dépassé la limite fixée par la norme, alors le casier est bloqué et l’expéditeur et le commerçant sont alertés.

Comment contrôlez-vous la température dans les casiers réfrigérés ?
Romain Jallon : Elle est contrôlée en continu et pilotée à distance de façon à respecter les normes en vigueur selon la catégorie de denrée.

Quelles sont les dimensions d'un casier réfrigéré ?
Romain Jallon : Nous avons conçu notre consigne pour être modulable en fonction des besoins spécifiques de chaque zone d’implantation et de nos partenaires. Les dimensions des casiers réfrigérés dépendent de la configuration de la consigne. Pour donner un ordre d'idées, le casier frais présenté à Vivatech mesurait 22 cm de hauteur, 30 cm de largeur et 43 cm de profondeur.

Quel est le niveau de consommation énergétique d'un casier réfrigéré ?
Romain Jallon : Les casiers réfrigérés disposent chacun de leur propre système de refroidissement, et leur niveau de consommation énergétique est compris entre 50 et 60 W.
Toutefois, dans un souci d’efficience énergétique et pour répondre à une demande croissante de livraison de produits frais, nous sommes déjà en train de faire évoluer le modèle : accroître le nombre de casiers frais avec un système de refroidissement partagé, ce qui permettra de réduire la consommation globale d'énergie. Ainsi, nous pourrons adjoindre à nos consignes des colonnes réfrigérées complètes, y compris sur des sites existants.
Par ailleurs, nous avons conçu la consigne de manière à ce que les écrans, les capteurs et certains composants électroniques puissent se mettre en veille lorsque leur action n’est pas indispensable. Nous verrons bientôt l’apparition d’un bouton de rallumage rapide, permettant aux clients de réveiller la consigne en veille lorsqu'ils en ont besoin. Cela contribuera à économiser de l'énergie en l'absence d'utilisation.

Les casiers réfrigérés sont-ils alimentés en électricité par le réseau électrique, ou bien pas un autre système ?
Romain Jallon : La consigne multi-services est alimentée par le réseau électrique via une prise 220 volts. Cela est nécessaire lorsqu’il y a la présence d’un ou plusieurs casiers réfrigérés.
Conscients des enjeux énergétiques et environnementaux, nous testons actuellement des consignes, sans casiers réfrigérés, alimentées par des panneaux solaires. Ces consignes sont complètement autonomes et n’ont plus besoin d’être raccordées électriquement au réseau. Nous prévoyons de déployer plus d’une centaine de ce type de consignes dès fin 2023.

Consommateur d'énergie et nécessitant une logistique plus complexe que les produits secs, le prix de la livraison de produits frais via un casier réfrigéré reste-t-il raisonnable pour les consommateurs ?
Maxime d'Hauteville : La livraison de produits frais via nos consignes multi-services permet une mutualisation des flux et des livraisons, ce qui permet de proposer des prix compétitifs aux consommateurs. C’est un service qui offre une grande flexibilité au consommateur, qui peut retirer sa commande en toute autonomie, sur une grande amplitude horaire. De plus, notre tarification est basée sur la livraison au casier, ce qui signifie que plus les achats sont groupés, plus le coût par livraison est avantageux.

Combien y-a-t-il de casiers réfrigérés par bloc Pickup ?
Romain Jallon : Notre consigne multi-services est conçue pour être totalement modulable en fonction des besoins du marché. Le nombre de casiers réfrigérés par bloc Pickup dépend de plusieurs facteurs, tels que le nombre de commerçants concernés, la densité de la population et l'espace disponible pour l'emplacement de la consigne. Nous pouvons donc passer d’un à plusieurs casiers unitaires réfrigérés ou même ajouter un module complet comprenant 10 casiers. C’est le cœur de la promesse Pickup : proposer une consigne qui soit bien dimensionnée, en adéquation avec son écosystème et environnement, qui propose une grande variété de flux pour favoriser les connexions au niveau local.

Pour le déploiement de ces casiers réfrigérés, faut-il remplacer complètement l'ensemble d'un bloc Pickup, ou faut-il juste remplacer quelques casiers d'un bloc Pickup déjà installé sur site ?
Romain Jallon : Actuellement, nous avons choisi de nous concentrer sur de nouveaux déploiements plutôt que d’intégrer des casiers frais dans des consignes déjà installées. Cela nous permet de réduire les coûts d'intervention et de s’assurer que les services proposés par la consigne multi-services répondent bien aux besoins de l’écosystème local (habitants, commerçants…). Les sites existants pourraient toutefois, au besoin, se voir doter de modules complets réfrigérés complets en supplément de leur configuration actuelle si le besoin existe.

Combien de Pickups intégrant des casiers réfrigérés comptez-vous déployer, sur quel horizon de temps, et dans quelles zones géographiques ?
Maxime d'Hauteville : Notre ambition est de déployer une centaine de consignes réfrigérées de ce type à travers la France métropolitaine en 2024. Nous choisirons les emplacements en fonction de la demande de nos partenaires mais aussi de la densité de population. Nous menons ces analyses grâce à des études géomarketing uniques qui nous permettent d’adapter notre maillage pour être là où les Français sont.

Proposez-vous des casiers de congélation pour surgelés ?
Maxime d'Hauteville : Pour des besoins spécifiques de certains partenaires, nous disposons d’une gamme de consignes pour produits congelés, mais à la différence de la consigne multi-services, 100 % des casiers sont dédiés à la congélation.

Hormis les casiers réfrigérés, avez-vous d'autres nouveautés concernant la consigne multi-services Pickup ?
Maxime d'Hauteville : Les consignes Pickup sont pensées pour être en phase avec l’évolution des modes de vie et modulables en fonction des besoins de nos partenaires. C’est pourquoi l’offre de consignes ne cesse de s’enrichir. Nous nous concentrons sur le développement sur des consignes durables, à faible consommation énergétique ou totalement autonomes en énergie. Cela s'inscrit dans notre démarche de responsabilité environnementale. Nous déployons également des consignes qui s'adaptent à des environnements restreints : consignes à faible hauteur ou largeur par exemple.
Concernant la consigne multi-services, nous travaillons sur la mise en place d’une offre de réservation de casiers entre particuliers ou indépendants. Cela permettra aux habitants d'un quartier de faciliter leurs échanges, que ce soit pour transmettre des clés, conserver un sac de courses, ou livrer un article vendu en seconde main.
À moyen terme, notre objectif est de multiplier les services associés à la consigne et de faire de cette infrastructure un point de départ vers un monde de services. Par exemple, le retrait de billets de cinéma directement ou la mise à disposition de produits régionaux ou de première nécessité. La seule limite, c’est notre imagination.

Propos recueillis par Voxlog le 27/07/2023

© Pickup I Maxime d'Hauteville (à gauche), président de Pickup, et Romain Jallon, directeur Activité consignes de Pickup

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