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DeliverMe.City : un opérateur pour optimiser et décarboner la logistique urbaine
Responsable de 30 % des émissions de gaz à effet de serre en ville et pétrie de problèmes de congestion ou de qualité de service, la logistique urbaine figure parmi les secteurs à optimiser en urgence. Christophe Martins, cofondateur et directeur général de l’opérateur cyclologistique DeliverMe.City, présente à Voxlog les principes sur lesquels se fonde son projet, ainsi que les principaux axes d’optimisation qu’il entend corriger sur les livraisons de colis.
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DeliverMe.City
Limitation de l’accès aux villes par le PTAC (« poids total autorisé en charge ») ou généralisation des ZFE (« zones à faibles émissions »), pour vertueuses que soient les mesures de décarbonation des villes, elles sont loin de répondre à tous les enjeux de la logistique urbaine. Les statistiques demeurent aussi stables qu’alarmantes : elle est responsable, en ville, de 30 % des émissions de gaz à effet de serre, 40 % de celles de particules fines et 50 % de la consommation de gazole*. « Pour nous, ces chiffres sont une aberration qu’il est urgent d’éradiquer. »
Ce « nous », Christophe Martins l’emploie au nom de lui-même et de DeliverMe.City, qu’il dirige et a cofondé. Le dernier kilomètre délivré au sein des agglomérations ne se confronte pas uniquement à des problématiques de décarbonation. Les transporteurs doivent également y optimiser leurs trajets pour limiter l’engorgement des axes routiers, tout en s’assurant de distribuer les clients finaux avec la meilleure qualité de service possible. Le projet de Christophe Martins entend rebattre les cartes du dernier kilomètre grâce à un service de livraison cyclologistique flexible et personnalisé.
La logistique urbaine en échec ?
« On constate justement que les acteurs de la logistique urbaine n’ont pas trouvé de solutions suffisamment performantes », poursuit le directeur général de l'opérateur. Rien qu’à Paris, un colis sur deux trouve porte close à l’arrivée du transporteur. Un chiffre doublement problématique, puisque d’une part la satisfaction client en pâtit – huit utilisateurs sur dix renoncent à commander de nouveau chez un marchand dont la livraison s’est mal passée – et que, d’autre part, ces 50 % de dépôts non honorées repartent en tournée le lendemain. Pour des camions d’autant plus chargés, des voies de circulation non moins congestionnées et des pollutions supplémentaires.
Ces difficultés naissent pour la plupart d’un modèle opérationnel en inadéquation avec les attentes spécifiques des consommateurs. « Ce qu’il faut, argue le directeur général de DeliverMe.City, c’est que le transporteur puisse s’adapter au besoin du client, qui n’est pas d’être livré entre 8 h et 18 h et de tout arrêter séance tenante quand le colis arrive, mais quand lui-même est disponible. » Bref, un modèle opérationnel qui garantirait la livraison en première intention tout en respectant les contraintes du destinataire.
Du flux poussé au « flux souhaité »
À l’aune d’une moyenne nationale de 30 % d’échec de livraison en première intention, Christophe Martins s’est donné pour mission de réduire l’insatisfaction générale née des modèles peu vertueux à son origine. La solution : inverser la tendance, tout simplement. « Plutôt que de procéder, à l’instar de la plupart des transporteurs, à des flux poussés – c’est-à-dire je charge le maximum de colis dans le camion et j’essaye de délivrer un maximum de points sans prendre en compte la disponibilité du destinataire final –, on a créé ce qu’on appelle un flux souhaité, expose-t-il. C’est-à-dire que l’on part du destinataire pour organiser notre modèle opérationnel et notre technologie autour de lui. »
Pour assurer un « flux souhaité », c’est DeliverMe.City qui s’adapte à ses clients, non l’inverse. Attribuer à M. Marsh une fenêtre de livraison directement chez lui de 6 h à 15 h tous les jours du mois de novembre, hors de question. À la place, celui-ci choisit lui-même le lieu, l’heure et l’amplitude horaire (de 30 minutes à deux heures) de la prestation, données modifiables le jour même jusqu’à une heure à l’avance. Comment l’opérateur parvient-il à honorer des délais si serrés ? La réponse repose sur une flotte de hubs mobiles, constituée d’autant de camionnettes électriques aménagées comme des entrepôts – rayonnages et QR codes compris. Un tel gain d’espace et de mobilité « permet à nos cyclistes de se charger et se décharger à différents points de la ville et d’effectuer l’ultra-dernier kilomètre, détaille Christophe Martins. Le système permet de gérer la flexibilité des livraisons dans le temps et l’espace, puisque le colis n’est remis au cycliste qu’au tout dernier moment, sur la dernière heure. Et si, finalement, vous changez votre créneau, le paquet reste dans l’entrepôt mobile jusqu’au moment où le livreur effectue une tournée proche de chez vous. »
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*Source : AdCF, Logistique urbaine : la capacité à agir des collectivités, janvier 2022
Les avantages d'un modèle opérationnel alternatif
Partant du principe que DeliverMe.City s'applique à répondre aux problématiques des modèles habituels de livraison de colis, dans quelle mesure Christophe Martins et son opérateur s'engagent-ils dans une transformation verte et efficiente de la logistique urbaine ?
Écoresponsable et fonctionnel – avec un taux d’échec mesuré à 1 % –, le modèle opérationnel de DeliverMe.City se veut une alternative de confiance à la multiplication des VUL (« véhicules utilitaires légers ») sur le dernier kilomètre. « Notre ambition consiste à harmoniser l’optimisation de la logistique urbaine et la décarbonation de ses transports », abonde le cofondateur de l’opérateur. Deux axes a priori contradictoires, que Christophe Martins entend réconcilier. Entre une flotte de véhicules entièrement électriques et une technologie d’optimisation des trajets de livraison en temps réel, les ressources déployées par DeliverMe.City lui ont permis de délivrer plus de 100 000 colis depuis sa création.
Par ailleurs, « le fait d’être décarbonés nativement nous dispense de nous adapter, car nous le sommes naturellement, à l’économie de demain, s'enthousiasme Christophe Martins. Notre système est, entre autres, favorable à l’économie circulaire, à laquelle nous participons déjà. » Cet engagement se mesure notamment au regard d’une collaboration avec le fabricant de produits d’entretien Super Flacon, dont les bouteilles en verre consignées sont récupérées par DeliverMe.City en même temps que ses livraisons classiques. Là où un transporteur traditionnel doit généralement gérer les retours à l’aide d’un second flux. L'opérateur de cyclologistique s'empare ainsi d'un système vertueux dans le but de le rendre plus vertueux encore.
« Nous pensons que pas mal d’acteurs essayent de répondre aux freins de la logistique mais en ne se focalisant que sur un seul axe d’amélioration à la fois, alors qu’elle en possède plusieurs, mesure Christophe Martins. Il était vraiment temps d’arrêter de partir de l’entrepôt pour aller vers le destinataire final, et à partir du moment où nous avons inversé la tendance, nous avons créé un modèle plus vertueux pour tout le monde, marchand comme client. » Ne reste plus, pour DeliverMe.City, qu’à convaincre le reste des métropoles françaises, et même européennes, de l’efficacité de son modèle opérationnel face à leurs enjeux logistiques respectifs. Un constat à la mesure des ambitions de l’opérateur, axées sur un développement géographique bien au-delà des frontières de l’Hexagone. « À partir du moment où la densité de population est élevée, notre solution concerne toutes les métropoles, dont les problématiques de volumétrie et d’efficience se rejoignent », rappelle son cofondateur.