[Portrait] Thomas Mortier, président de Staci

Certaines histoires de vie, portées par la détermination de leur protagoniste, forcent le respect de ceux qui l’entourent. C’est le cas de Thomas Mortier, actuel président de Staci. Lorsqu’il entre chez le spécialiste de la logistique de picking en 1996 comme directeur des ventes, Thomas Mortier vient de vivre le dépôt de bilan de la société d’import d’objets promotionnels dans laquelle il officiait. Il rencontre Jean-Pierre Masse, fondateur de Staci, ancien client de son entreprise, qui lui propose de travailler pour lui : « Je me suis retrouvé un lundi matin de septembre dans un bureau à Saint-Ouen-L’Aumône avec un téléphone et une mission : trouver des clients. J’étais alors le 37e salarié de l’entreprise. Aujourd’hui, 27 ans plus tard, j’en ai pris la présidence et nous sommes 3 500 », entame Thomas Mortier. Cette success story professionnelle n’a pas été vécue au hasard, Thomas Mortier l’a profondément voulue, dès le plus jeune âge, porté par un tempérament travailleur et déterminé : « Thomas a toujours parfaitement su où il voulait aller, avec qui et comment. Il n’a pas un parcours universitaire particulièrement brillant, mais il a été déterminé et stratégique, il a maîtrisé sa trajectoire professionnelle en se forgeant un background très solide. Il a tracé une route simple et claire en assumant pleinement son envie de réussir », soutient son frère cadet de 10 mois, Jean-Baptiste.    

Plage, PAF et logistique

Né à Nice en 1969, marqué par une éducation assez dure, Thomas Mortier met très tôt les voiles direction la Bretagne où, à 17 ans, il participe à la création d’une société de location de planches à voile et de catamaran, puis d’un restaurant de plage et d’une boîte de nuit. Chaque été, le jeune homme ne ménage pas sa peine et poursuit en parallèle ses études en école de commerce, qu’il n’achèvera finalement pas, trop pressé d’entrer dans le monde du travail. Démarre alors une carrière dans le paysage audiovisuel français. Il participe à l’organisation et à la logistique de grands événements télévisuels tels que les cérémonies des Césars, Molières et autres 7 d’Or. L’aventure durera cinq ans et marquera le début de sa carrière logistique puisqu’il enchaînera dans l’import de produits promotionnels avant d’intégrer Staci. La logistique deviendra alors la discipline qu’il ne cessera de vouloir explorer, optimiser et développer.  

Faire ses preuves

« En entrant chez Staci, j’ai très vite vu la valeur ajoutée que nous pouvions apporter à nos clients avec la logistique. Et l’entreprise a grandi, jusqu’à un changement d’actionnariat en 2006. J’étais alors directeur commercial », explique Thomas Mortier. Cinq ans plus tard, le fondateur part en retraite. Le fonds d’investissement Astorg Partners, ayant acquis une participation dans Staci, recherche alors un profil international et diplômé d’une grande école. Thomas Mortier ne coche pas les cases mais il a un atout : il connaît son métier. On lui laisse six mois pour faire ses preuves. À l’époque, Staci génère 120 millions de chiffre d’affaires dans une dizaine d’entrepôts en France. Son nouveau président restructure alors le comité de direction, recrute de nouveaux collaborateurs dont Brigitte Andréolis-Clavier, CFO, fidèle bras droit de Thomas depuis 2011, et mise sur une plus grande diversité et complémentarité des profils. « Thomas est l’exemple même de la méritocratie dans son parcours professionnel. Il donne véritablement sa chance, à tous, sans jugement de valeur. C’est comme cela qu’il a su faire grandir la société, la rendre internationale, développer de nouveaux business et nous amener des solutions de plus en plus technologiques. Nous vivons ce succès ensemble et je dois avouer que c’est assez formidable de se retourner sur le chemin parcouru et de réaliser tout cela », évoque Virginie Mauchamp, actuelle directrice des ventes internationales, recrutée comme directrice commerciale lors de la prise de fonction de Thomas Mortier en 2011. Aujourd’hui, Staci affiche plus de 800 millions de chiffre d’affaires dans 80 entrepôts, huit pays et bientôt neuf. Et si l’entreprise a connu plusieurs LBO et quelques ratés, elle n’a jamais cessé de se développer.

Bâtir des projets communs

Les clés de la réussite de Thomas Mortier, selon son frère Jean-Baptiste ? La confiance et la fidélité : « Il dispose d’une sensibilité et d’une intelligence humaine qui lui permettent de s’appuyer sur des gens en qui il a confiance. Cela se ressent aussi dans ses relations personnelles. Il est extrêmement fidèle avec ses amis et l’est également avec ses collaborateurs », assure son plus proche confident. Des propos corroborés par sa collaboratrice Virginie Mauchamp : « Il a compris que les réussites se font en équipe et il en est le chef. Il a su fédérer et lier à l’entreprise des personnes depuis des générations dans une confiance et un respect constant ». Et aujourd’hui encore, la volonté d’avancer est intacte. Peut-être tout simplement parce que le président de Staci aime son métier et que se « lever et aller travailler n’est pas un problème » pour ce bosseur, résistant au stress, relativisant les échecs et préférant se focaliser sur des objectifs : « Je voulais être patron d’une entreprise à 40 ans, je l’ai été à 41 ans. Je souhaitais me marier avant 30 ans, je l’ai été à 31 ans. Je pense très clairement que la clé du succès qu’il soit personnel ou professionnel, réside dans le fait de se fixer des objectifs. Qui ne se fixe pas d’objectifs, ne risque pas de les atteindre. C’est mon leitmotiv », soutient Thomas Mortier. « Thomas est un bâtisseur, il veut imaginer des projets, les faire grandir et avancer », soutient son frère. Et à propos de Staci, l’imagination et la volonté de Thomas Mortier ne manquent pas. Pour les mois et années à venir, les objectifs, encore confidentiels, sont nombreux et comme à son habitude, Thomas Mortier se donnera les moyens de les atteindre.