media supply chain
et logistique

Transport

Transport et logistique : accélérer la décarbonation grâce aux données

Si l'adoption des véhicules électriques s'accélère chez le grand public, la tendance est beaucoup plus timide dans l'industrie du transport et de la logistique. Jérôme Bamy, manager, MidMarket Sales chez Samsara France explique dans une tribune exclusive pourquoi les données sont essentielles à la décarbonation du secteur des transports.

Publié le 16 octobre 2023 - 15h00
A_1

DedMityay via stock.adobe.com

 

La décarbonation du secteur des transports – qui contribue actuellement à près d'un quart (23 %) des émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à l'énergie – est l'un des axes stratégiques dans l'effort mondial de réduction des émissions de carbone. Bien que cette politique s'applique à toutes les formes de transport – y compris l'aviation, le transport maritime et le transport ferroviaire – pour beaucoup, elle se résume à la mise hors service des véhicules à essence et diesel (moteurs à combustion interne) et à leur remplacement par des voitures, camions et camionnettes fonctionnant à l'électricité (véhicules électriques) ou à d'autres sources d'énergie vertes.

 

L’attention s’est essentiellement portée sur l'adoption des véhicules électriques (VE) et tout porte à croire que les politiques de décarbonation vont continuer à encourager cette transition pour remodeler le secteur des transports.

 

Selon un récent rapport, l'adoption des véhicules électriques et hybrides est en hausse, et la France est actuellement en tête pour l'adoption de ces véhicules. Ainsi, près de neuf personnes sur dix (87 %) parmi les 1 500 chefs d'entreprise des États-Unis, du Mexique, du Royaume-Uni et d'Europe qui ont participé à l'enquête ont déclaré que leur flotte était déjà composée d'au moins 20 % de véhicules électriques ou hybrides. Six entreprises sur dix (58 %) prévoient que leur flotte sera au moins à 50 % électrique ou hybride d'ici 2025. La moitié (50 %) des organisations prévoient d'acheter ou de louer des VE en 2023 pour réduire les émissions.

 

L'adoption de VE s'accélère, mais fait face à de nombreux défis

Pour autant, la décarbonation des transports ne consiste pas simplement à remplacer les véhicules thermiques par des véhicules électriques ou hybrides.

 

Pour les professionnels du transport, la perspective d’acquérir des camions électriques est loin d’être simple et rassurante. Il y a tout d’abord le coût d’achat des véhicules, environ trois fois supérieur à celui de leurs homologues thermiques. Il y a ensuite le problème des bornes de recharge en nombre suffisant et avec des puissances adaptées pour pouvoir charger rapidement.

 

D’ici 2030, la France devrait disposer de 1,4 TWh d’électricité disponible par an pour les véhicules lourds électrifiés. C’est également l’année à laquelle les émissions des poids-lourds neufs devront avoir baissé de 45%, comme le prévoit la Commission européenne. Selon les calculs de l’organisation européenne, Transport & Environment, l’électricité disponible en France en 2030 représentera 97 % de ce qui sera nécessaire pour alimenter les camions électriques qui circuleront dans le pays.

C’est dans cette optique que le tout premier réseau français de recharge pour camions électriques va ouvrir en 2024 sur l'autoroute entre Paris et Lyon, avec une station de recharge tous les 150 kilomètres en moyenne.

 

Le temps de recharge peut également constituer un frein à l’adoption des véhicules électriques. Il est, en effet, possible de charger partiellement les batteries (à hauteur de 80%) pendant les pauses obligatoires des chauffeurs, à condition, toutefois, de disposer de borne ultra haute puissance (supérieur à 150 KWh). Selon les derniers chiffres, la France dispose aujourd’hui de 7000 bornes ultra haute puissance, ce qui est encore insuffisant.

 

Face à ces vents contraires, le seul moyen de contourner ces problématiques est d'utiliser les données pour planifier les itinéraires, de lier les temps de charge à la disponibilité des chargeurs de VE et de s'assurer que tout cela coïncide avec les périodes de repos obligatoires des conducteurs.

 

En d'autres termes, la décarbonation des véhicules commerciaux ne peut se faire qu'en conjonction avec une plateforme de données capable d'utiliser une télématique intelligente et connectée pour suivre les véhicules, s'assurer qu'ils ont suffisamment de batterie pour effectuer un aller-retour et programmer la recharge de manière à ne pas gêner les opérations.

 

Le rôle des données dans la décarbonation des transports

La ville d'Orlando, aux États-Unis, qui fournit des services à plus de 315 000 habitants en Floride, est l'un des pionniers en matière de VE. Dans le cadre de ses projets visant à devenir une ville durable, elle s'est engagée à utiliser 100 % de véhicules à carburant alternatif d'ici à 2030.

 

En installant une plateforme de données connectées sur la majeure partie de sa flotte de 2 800 véhicules, les responsables des transports disposent d’un tableau de bord unique leur fournissant toutes les données nécessaires à un pilotage centralisé et précis. Les urbanistes disposent ainsi de données d’itinéraires complètes pour déterminer où implanter les stations de recharge, afin de garantir que les VE disposent de la puissance et de l'autonomie nécessaires à la réalisation de leurs services quotidiens. Aujourd'hui, 91 % de la flotte d'Orlando est alimentée par des carburants alternatifs et la ville est, de ce point de vue, en bonne voie pour devenir une « ville verte ».

 

Si cet exemple – particulièrement avancé – préfigure les villes de demain, la transition vers les VE reste encore complexe pour la plupart des gestionnaires de flottes. D’après l’étude citée précédemment, des problématiques telles que la disponibilité des stations de recharge rapide (50 %), l'autonomie des batteries (48 %) et la disponibilité générale des VE (48 %) continuent de freiner les plans de décarbonation.

 

Les plateformes de données sont essentielles à la décarbonation des transports

Toujours selon le même rapport, 62 % des personnes interrogées ont déclaré qu'elles prévoyaient de monétiser les stations de recharge des VE par le biais d'un paiement à l'utilisation ou d'un abonnement. Près de six personnes sur dix (58 %) ont déclaré qu'elles chercheraient à monétiser leur investissement dans les VE en revendant de l'énergie au réseau.

 

Pour que cela soit réalisable, il faut une plateforme de gestion de flotte capable de gérer l'achat et la vente d'électricité au bon prix et au bon moment pour maximiser les revenus, mais aussi que cette plateforme s'appuie sur des données fiables et précises.

 

En d'autres termes, la décarbonation des transports va de pair avec les données et les plateformes technologiques.

 

Les données alimentent la décarbonation

L'avenir de la politique des transports doit s'articuler autour des véhicules connectés, de l'infrastructure routière connectée et de l'utilisation de données en temps réel si nous voulons un jour offrir un réseau de transport plus sûr, plus rentable et plus efficace.

 

Les données sont essentielles pour gérer efficacement les flux de trafic, rendre les routes plus sûres et assurer une transition réussie vers les VE. Sans technologie connectée, la transition vers les VE et le rôle que jouent les transports dans la poursuite de l’objectif ZEN (« zéro émission nette ») devront s'en remettre à la chance plutôt qu'à des données fiables et complètes.

 

C’est pour cette raison que l'avenir des transports – et leur décarbonation – n'est pas dans les VE, ni même dans l'hydrogène, ou les carburants électriques synthétiques (e-carburants) mais bien dans l’exploitation des données.

 

À propos de l'auteur et de Samsara

E_1
© Samsara France

Diplômé de l’INSEEC Grande Ecole, Jérôme Bamy a débuté sa carrière dans les ventes internationales en tant que consultant junior chez HTS BIO, puis en tant que global export manager. Avant de rejoindre Samsara, il a occupé le poste de directeur commercial chez Bridge powered by Bankin'. Il a également travaillé comme enterprise account manager chez GoCardless, une plateforme de paiement d'abonnements et de factures. Ayant intégré Samsara en 2021, Jérôme Bamy y occupe les fonctions de directeur commercial France depuis août 2022.

Au travers de sa plateforme cloud et de ses nombreuses solutions (télématique des véhicules, flottes connectées, visibilité et optimisation des flux de transport, surveillance des équipements...), Samsara aide les entreprises à optimiser leurs opérations en offrant une visibilité de bout en bout. Ses clients incluent de grandes organisations du monde du bâtiment, du transport et de l'entreposage, des services sur le terrain, de la fabrication, du détail, de la logistique et du secteur public.

à lire aussi
CHAQUE JOUR
RECEVEZ LES ACTUALITÉS
DE NOTRE SECTEUR
INSCRIVEZ-VOUS
À LA NEWSLETTER
OK
Non merci, je suis déjà inscrit !