L'Alliance ECTN (Ceva Logistics, Engie et Sanef) teste un dispositif de transport routier bas carbone sur 900 km

Les groupes Ceva Logistics, Engie et Sanef, fondateurs de l’Alliance ECTN (European clean transport network Alliance), ont démarré le 20 novembre 2023 une expérimentation à grande échelle visant à décarboner le transport routier de marchandises longue distance. Pendant deux ans, les trois membres de l'alliance proposeront aux transporteurs et aux donneurs d'ordres une solution fondée sur des énergies alternatives au diesel, à savoir l'électricité et le bioGNC (version décarbonée du gaz naturel comprimé), et déployée sur 900 km d'autoroute, entre Avignon et Lille. « Le concept ECTN est compatible avec des camions circulant à l'hydrogène vert, mais pour l'instant, la pertinence économique de cette énergie reste à démontrer. C'est pourquoi nous avons choisi de prioriser nos efforts sur l'électrique et le biogaz dans un premier temps », explique à Voxlog Arnaud Bouffard, chef de projet ECTN chez Ceva Logistics. « L'utilisation de l'ECTN permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 75 % par rapport au trajet direct en camion diesel », poursuit-il. Des chargeurs issus du commerce et de l'industrie, comme Heineken et la Logistique Alimentaire Intermarché (LAI), ont accepté de confier leurs flux logistiques Sud/Nord. Des processus et outils logiciels seront développés pour permettre de transmettre aux clients des certificats de traction bas-carbone précis et d’assurer une supervision en temps réel.

Un dispositif de points relais

À la manière des anciens relais de poste qui utilisaient des chevaux, le trajet a été découpé en quatre segments autoroutier, avec cinq stations relais au total entre chaque tronçon : Avignon (Vaucluse) - Lyon (Rhône) - Dijon (Côte-d’Or) - Sommesous (Marne) - Lille (Nord). Equipés de bornes de recharge électrique et de pompes de distribution de bioGNC, ces relais assureront l’avitaillement bas carbone des poids lourds. Chaque véhicule effectuera deux allers-retours par jour entre deux de ces stations. Leurs remorques seront décrochées puis raccrochées au camion tracteur du segment suivant. Cette organisation vient réduire au passage l’éloignement du domicile pour le conducteur.
Le projet débute avec quatre camions bioGNC fournis par le transporteur FDE, puis s’élargira progressivement à 16 camions, dont 12 électriques, en accueillant de nouveaux partenaires transporteurs et chargeurs. À terme, il devrait permettre la remontée vers le Nord de huit semi-remorques parties de la zone de chalandise Avignon-Marseille, et la descente dans l’autre sens de huit autres, cinq jours sur sept.

© Alliance ECTN

Des partenaires spécialisés dans leurs domaines respectifs

« Le projet ECTN a été mûri pendant plus de deux ans, explique Luc Nadal, directeur général de Ceva Logistics Europe. En associant les capacités et expertises de trois grands groupes français, avec le soutien de nos partenaires et clients, nous avons réuni toutes les conditions pour apporter une réponse concrète à l’enjeu critique de décarbonation du transport routier de marchandises en Europe. » Chaque membre a apporté son expertise.
Ceva Logistics, fournisseur de solutions de chaîne d'approvisionnement, accueille des stations relais sur ses agences d’Avignon, Lyon, Dijon et Lille, et met en place une tour de contrôle basée à Valenciennes pour réaliser la supervision des flux ainsi que le suivi des temps de trajet et de l’énergie consommée. L'énergéticien Engie installe et opère des bornes de recharge électrique et des pompes de distribution de biogaz. Quant à Sanef, spécialiste des infrastructures routières exploitant 1 807 km d’autoroutes, il met à disposition une station relais sur l’aire de service de Sommesous. Cette dernière est différente « car elle est réalisée sur une aire publique d'autoroute, ce qui permet de se rapprocher du concept final avec des relais effectués à proximité immédiate de l'autoroute », souligne Arnaud Bouffard.
À la fin de l'expérience, l’Alliance ECTN analysera les résultats d'un tel réseau pour la décarbonation du transport routier et évaluera la possibilité de son déploiement en Europe. « Un premier rapport est en cours de finalisation. Les détails seront communiqués en 2024 », conclut Arnaud Bouffard.

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