Nominations
Remaniement : Patrice Vergriete nommé ministre délégué chargé des Transports
Il est enfin l’heure de sonner le glas d’un remaniement en deux temps, rocambolesque par la durée de sa finalisation. Après quatre semaines de flou complet, c’est Patrice Vergriete, maire de Dunkerque de 2014 à 2023, et ministre chargé du Logement de l’ancien gouvernement Borne, qui prend la charge du portefeuille des Transports.
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Jérémy-Günther-Heinz Jähnick via Wikimedia Commons, CC BY-SA 3.0 DEED (photo recadrée par rapport à l'originale)
Ce jeudi 8 février 2024, après une attente interminable jamais vue sous la Ve République, la seconde salve de nominations du nouveau gouvernement de Gabriel Attal a réintroduit Patrice Vergriete, cette fois-ci en qualité de ministre délégué chargé des Transports. Président de la communauté urbaine de Dunkerque (en poste depuis avril 2014) et ministre chargé du Logement de l’ancien gouvernement Borne du 20 juillet 2023 au 11 janvier 2024, cet ancien du PS, étiqueté Renaissance et classé au centre gauche, est aussi et surtout connu en sa qualité d’ancien maire de Dunkerque. Une fonction qu’il a exercée pendant 9 ans et demi, avec une réélection en 2019, dès le premier tour, avec 64 % des suffrages en sa faveur.
Un partisan de la multimodalité et de la décarbonation du fret
Présidant l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afit France), Patrice Vergriete n’a rien d’un néophyte en matière de transports, que ce soit de personnes ou de marchandises. Pionnier dans la mise en place du bus gratuit en France – effectif depuis le 1er septembre 2018 sur l’ensemble du réseau de communauté urbaine de Dunkerque (1) –, il est aussi un défenseur de la décarbonation du fret, via notamment le report modal et des investissements conséquents pour favoriser les alternatives au transport routier. Lors de son audition publique de candidature, le 13 janvier 2023 auprès du Sénat, pour présider l'Afit France (2), Patrice Vergriete déclarait par exemple : « Le fluvial est connexe au rail. Demain, le fluvial doit lui aussi devenir une priorité, car il s'agit de transférer du fret de la route vers ces modes de transport. L'autre enjeu est de mobiliser les camions sur les grands axes, et non sur les routes nationales ». Ce polytechnicien, également titulaire d'un doctorat en aménagement de l'espace et urbanisme de l’Université Paris-Est (3), a aussi œuvré à la décarbonation de l’industrie à Dunkerque, et à la politique de réindustrialisation engagée au niveau national, dont sa ville est l’une des vitrines.
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(1) Les transports en commun, ville-dunkerque.fr, 2024
(2) Transports : Patrice VERGRIETE, candidat à l'AFITF, videos.senat.fr, 2023
(3) La ville fiscalisée : politiques d’aide à l’investissement locatif, nouvelle filière de production du logement et recomposition de l’action publique locale en France (1985-2012), theses.fr, 2013
La progressive déliquescence symbolique du portefeuille des Transports
Lors du gouvernement Fillon III sous Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet avait exercé de novembre 2010 à février 2012 le poste de ministre de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement. Elle pouvait alors compter sur le soutien de Thierry Mariani, qui avait rapidement été promu ministre chargé des Transports. Un titre sans la mention « délégué », pour un poids et une portée symbolique plus importants. Depuis, avec les gouvernements successifs sous l’égide des présidents François Hollande puis Emmanuel Macron, le portefeuille des Transports a été davantage relégué au second rang, avec à sa tête soit des ministres délégués, soit des secrétaires d’État. Dans le dernier gouvernement d’Élisabeth Borne, Clément Beaune était placé, en tant que ministre délégué chargé des Transports, sous la houlette du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Une mise sous tutelle renouvelée pour son successeur. Patrice Vergriete pourra-t-il disposer d’assez de bande passante pour gérer les piles de dossiers, accumulés depuis quasiment un mois de ministère fantoche ? Difficile exercice que de devoir, après autant d’attente et de bifurcations, se remettre sur les rails.