Prestataires
Blondel, une saga logistique
Depuis 1956, le groupe de transport, devenu logisticien, poursuit son développement en Hauts-de-France et bien au-delà. Du nord de la France à l’international, la saga professionnelle et familiale des Blondel se raconte désormais sur plusieurs générations.
©
Jérôme Halâtre | Grégoire et Ambre Blondel.
Comme dans toute famille, chez les Blondel, l’ADN est commun. Au-delà de la seule notion génétique, il se matérialise également dans le quotidien professionnel de leurs membres, unis autour des métiers du transport et de la logistique. C’est à Ham, en Picardie, et plus largement dans la région Hauts-de-France que démarre le récit de cette histoire tant privée que professionnelle. Dès les années 50, en 1956 précisément, la famille Blondel s’illustre au sein d’une entreprise homonyme. D’abord exclusivement dédiée aux solutions de transport de marchandises, la société est le reflet « d’une histoire d’affaires familiales. Papa, maman, mes sœurs, moi et une dizaine de véhicules poids lourds », entame Grégoire Blondel, actuel PDG du groupe et fils des fondateurs. Et s’il ne se destine pas forcément au transport lorsque ses parents montent l’entreprise, il y entre finalement en 1993, lorsque ces derniers tombent malades : « Nous ne pouvions pas les laisser tomber. Il a donc fallu se mettre au travail rapidement. À l’époque, nous disposions d’une quinzaine de véhicules. J’ai pris la charge du commerce et je suis allé visiter les clients de la GMS, de l’industrie et de l’aérospatial avec ma petite valise. Fort heureusement, très vite, nous avons développé l’activité. Et quelques années plus tard, lorsque mes sœurs et moi avons perdu nos parents, nous avons pris la décision de continuer », raconte Grégoire Blondel.
Se développer sur les bases de valeurs familiales
Les enfants Blondel choisissent alors de diversifier l’entreprise en l’orientant également vers les métiers de la logistique. Le secteur est en plein essor, notamment dans la région. L’entreprise démarre sur le sujet en stockant des vélos dans un entrepôt de 5 000 m² et poursuit en parallèle ses activités transport. Entre 1985 et 2007, le groupe atteint déjà une centaine de véhicules. Et pour que cette croissance se pérennise et s’accélère davantage, en 2006, Grégoire Blondel est rejoint par Jérôme Juteau, actuel directeur général du groupe Blondel. Ensemble, ils poursuivent activement le développement des activités industrielles en lien avec la logistique de production sur les sites aéronautiques de Méaulte, Saint-Nazaire, Rochefort ou Mérignac. L’entreprise familiale se développe aussi en s’implantant en Tunisie en 2014, au Maroc en 2016 mais également en reprenant des activités à Bordeaux et en réalisant plus récemment une incursion au Canada, plus précisément à Montréal pour le compte de son client Airbus. En parallèle, ses dirigeants se lancent dans la croissance externe. L’entreprise acquiert des sociétés telles que Citra, Régis Martelet, Sobotram…
Et si l’entreprise gère au quotidien une hausse des cadences dans le secteur de la logistique industrielle, elle est également fortement questionnée, comme bon nombre de ses consœurs, sur le sujet de la décarbonation et de l’impact environnemental de ses activités : « Notre métier est toujours le même mais demain, le challenge sera encore plus important : aligner le principe de décarbonation aux objectifs de performance de nos clients en tendant vers plus de sécurité et de qualité de vie au travail », signale Ambre Blondel, directrice région Nord de la BU Industrie du groupe et fille de Grégoire Blondel.
Depuis 2015, le groupe a consacré des investissements considérables pour anticiper la mise en œuvre des Zones à faibles émissions (ZFE). Cette initiative a débuté avec l’adoption de véhicules utilisant des sources éco-responsables telles que le biogaz, l’Oleo100, et le biogazole paraffinique de synthèse XTL. En parallèle, des partenariats stratégiques ont été établis avec des acteurs clés tels que l’Ademe, Air Liquide, Iveco, et plus récemment, AlphaGreen Développement. La collaboration avec AlphaGreen Développement vise à déployer un processus innovant permettant de réduire de manière significative et rapide les émissions carbonées de sa flotte de poids lourds. Le logisticien compte ainsi optimiser 179 camions sur trois ans et économiser de nombreuses tonnes de CO2 sur les deux prochaines années. « Notre RSE est très dynamique, nous avons cherché à structurer un savoir-faire spécifique grâce à des profils spécialisés. Aujourd’hui, 22 % de notre parc est décarboné, soit près de 250 véhicules qui utilisent pour la plupart le biométhane », précise Grégoire Blondel.
Se tourner vers la logistique et le transport de demain
C’est cette stratégie au long cours, mêlant engagement, internationalisation, investissements externes et développements internes, qui permet à Blondel depuis les années 50 d’étendre son savoir-faire et son maillage territorial hors des Hauts-de-France mais aussi de consolider sa bonne santé : « J’aime ma région parce que j’y suis né et elle a été notre tremplin. Elle se positionne non seulement entre deux grosses métropoles, Lille et Paris, mais est également riche en industries. Cela nous a sans doute permis d’avancer un peu plus vite. Et même si nous souffrons parfois d’un déficit d’image en termes d’emploi, beaucoup de postes restent à pourvoir sur notre territoire. À l’heure où je vous parle, nous avons besoin de chauffeurs, de logisticiens, d’ingénieurs et de manutentionnaires. Nous manquons de main-d’œuvre », soutient le président.
Pour attirer les talents et « par devoir sociétal », comme l’exprime Grégoire Blondel, le groupe choisit également de faire de ses cadres des actionnaires, valorise les valeurs familiales de son organisation et mise sur la collaboration étroite avec ses équipes considérées comme soudées : « Automatiquement, par sa dimension, l’entreprise a changé. Nous sommes passés de 20 à 3 000 collaborateurs. Nous ne travaillons plus de la même façon mais nous avons su garder des principes et valeurs de base : l’entraide, l’agilité et la bienveillance les uns vis-à-vis des autres. Nous continuerons à construire l’histoire de Blondel à plusieurs cadres dirigeants en portant nos valeurs, en conservant ce qui a fait la réussite du groupe, sous la bienveillance de mon père qui même après la retraite continuera sans doute à venir boire son café tous les matins », s’amuse Ambre Blondel. « J’ai confiance en la capacité de mes équipes à continuer à faire vivre cette entreprise. Ma fille Ambre est en France, mon fils Brice gère notre récente implantation à Montréal. Je regrette d’avoir 60 ans, je voudrais être plus jeune de 10 ans pour continuer à vivre toutes ces évolutions qui vont mener à la transformation durable du monde du transport et de la logistique ! » conclut Grégoire Blondel.