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[Portrait] Nabila Guennouni, docteure et experte en IA chez SEI

Chez elle, l’intelligence n’est pas artificielle, elle est bel et bien réelle, mêlée à de fortes doses de détermination, de travail et d’ambition. Nabila Guennouni, experte en IA pour l’éditeur de logiciels SEI, est une des rares femmes en France à disposer du statut de docteure en intelligence artificielle. Portrait d’une mathématicienne au service de la supply chain.

Publié le 5 juin 2024 - 17h52
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 Manuela Bonnet

Elle n’a que 28 ans et déjà une longue expertise. Nabila Guennouni a débuté son parcours académique avec une licence en mathématiques et informatique à Casablanca, au Maroc, poursuivi avec un master en big data et sciences de données à l’Ensias de Rabat et finalement obtenu son doctorat à l’université de Pau en France. Elle est aujourd’hui docteure en intelligence artificielle et, depuis septembre 2022, experte dédiée au sein de l’éditeur de logiciels pour la supply chain SEI. Si de prime abord, le parcours de Nabila Guennouni semble impressionnant, il l’est encore plus lorsque l’on s’y intéresse en détail. Née à Casablanca, capitale économique du Maroc, la jeune femme grandit avec son père, sa mère et sa petite sœur. « Mon père travaillait à son compte, certains mois cela fonctionnait très bien, d’autres beaucoup moins. Ces problèmes financiers, le fait de ne pas pouvoir se permettre d’acheter ce que nous souhaitions, me poussent très tôt à entreprendre de bonnes études et à trouver un emploi bien payé pour offrir à mes parents la vie qu’ils méritent », confie Nabila Guennouni.

 

Encouragée par son père, Nabila travaille beaucoup. De l’école primaire à l’université, elle focalise tout son temps et son attention sur ses études : « Au lycée, j’ai passé les deux mois précédents le baccalauréat chez moi à boire du café et réviser. Je me suis accordé une seule sortie pour aller voir le lycée dans lequel se déroulaient les épreuves. En sortant dehors, je voyais flou. J’ai fini par me rendre chez le médecin après les examens. Ma vue s’était détériorée à force de lire et par manque de lumière », illustre-t-elle. Particulièrement brillante, passionnée par les matières scientifiques, elle obtient son bac avec mention et choisit, pour son bien-être, de ne pas subir la pression des classes préparatoires. Elle s’oriente alors vers la faculté de mathématiques et d’informatique.

 

Foncer pour réussir

En parallèle, fan d’animés et de mangas, elle étudie la langue japonaise en autodidacte pour pouvoir comprendre les épisodes de ses divertissements favoris sans sous-titres. Elle passera finalement l’équivalent du TœIC, le JLPT, participera à des concours d’élocution en langue japonaise de l’Ambassade du Japon au Maroc et organisera un évènement dédié à la culture japonaise à Casablanca rassemblant plus de 800 personnes… Le tout en obtenant sa licence de mathématiques en 2016. « Nabila essaye de réfléchir à tout et est aussi très déterminée. C’est une fonceuse qui ne doute pas. Elle cherche à obtenir toutes les informations nécessaires et se pose toujours les bonnes questions pour se saisir d’un sujet », soutient l’un de ses collègues et amis.

 

D’une énergie et d’une détermination sans bornes, Nabila Guennouni sait ce qu’elle veut. Réussir et aider sa famille, d’autant plus qu’entretemps, ses parents divorcent et la santé de son père se détériore, l’empêchant de travailler. Ainsi, lorsqu’elle obtient son master en intelligence artificielle en 2019, tous les professeurs de l’université l’encouragent à poursuivre ses études doctorales : « Au Maroc, il n’existe pas de financements. Le doctorat m’intéressait mais je ne voulais pas être un fardeau pour mes parents. J’ai donc commencé à travailler dans une école privée pour enseigner différents langages informatiques et ai lancé une association pour venir en aide aux enfants orphelins au Maroc. À côté, je poursuivais mes activités dans l’événementiel. Loin de moi alors l’idée d’aller vivre en France. » Seulement un jour, l’un de ses enseignants l’appelle pour l’informer qu’un professeur de l’université de Pau et du campus d’Anglet recherche des candidats afin de poursuivre des études doctorales : « Honnêtement, j’avais peur d’y aller. Je craignais le racisme. Mais mon enseignant m’a rassuré, j’ai donc envoyé ma candidature. Cinq minutes avant de me connecter pour l’entretien, je me suis demandé si je devais le passer ou pas. La suite de ma vie s’est décidée dans ces cinq minutes. Ils ont été très gentils, bienveillants. Ma candidature a été acceptée deux jours plus tard », raconte la docteure.

 

D’une côte atlantique à l’autre

Entre temps, deux évènements majeurs viennent bousculer encore un peu plus la vie de Nabila : le Covid et son futur mari. D’abord liés par une relation d’amitié née de leur passion commune pour le Japon, ils tombent amoureux. Nabila s’envole pour la France convaincue que l’homme qu’elle aime est le bon : « Je lui ai dit d’aller demander ma main à mes parents juste avant le Covid. Nous avons fait nos fiançailles en ligne. J’ai participé à la cérémonie sur Teams ! », s’amuse Nabila Guennouni. Son mari la rejoint en France et entreprend un BUT en informatique. Ensemble, ils découvrent la vie française. Nabila est éblouie par la beauté de la ville où elle s’est établie : Bayonne, située à quelques kilomètres du campus d’Anglet. Ils s’adaptent rapidement, entourés des amis que Nabila se fait.

 

Puis la jeune femme obtient son doctorat et est recrutée par SEI, à Bidart. Sa mission ? Intégrer l’IA aux différents modules de la suite de l’ERP Supply Chain Akolade : de la planification de la demande, à la facturation, en passant par les achats, le contrôle qualité ou bien encore la gestion des stocks et les ventes. « Avant d’arriver dans l’entreprise, je ne connaissais pas la supply chain. J’ai donc été formée sur le sujet. C’est un secteur très intéressant sur lequel l’IA peut beaucoup apporter. Nous avons donc de grands challenges à relever avec SEI. Finalement, je pensais que la France n’avait pas besoin de moi mais en fait, au moins sur le moyen terme, je compte y rester et travailler à fond sur ces problématiques », conclut-elle.

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