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Transport

Transition énergétique des flottes de véhicules : défis et perspectives

Une tribune signée par Gaël Peron, regional sales director chez Samsara France.

Publié le 2 septembre 2024 - 15h00
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 Vadym via stock.adobe.com

À petits pas, la décarbonation du secteur du transport prend de l’ampleur. C’est dans ce contexte que la Commission européenne a lancé en février dernier une consultation publique sur le verdissement des flottes automobiles, consultation qui a pris fin le 8 juillet dernier.

 

Face à ce défi environnemental, les flottes de véhicules professionnels représentent un maillon indispensable de la transition énergétique du parc automobile français. Pour soutenir cette transformation, le gouvernement accompagne les entreprises et fixe des dates butoirs pour le verdissement des flottes d’entreprise.

 

Électricité, hydrogène, GNV... si, dans cette route vers une mobilité alternative au thermique, l’électrification tient le haut du pavé, d’autres énergies tirent également leur épingle du jeu, venant s’adapter aux différentes catégories de véhicule et à leur usage.

 

Obligation de verdissement des flottes

En France comme en Europe, la transition énergétique est en route et le cadre réglementaire pousse à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le transport, via l’adoption des énergies alternatives au thermique, et plus spécifiquement vers l’électrification des flottes. Pour les flottes d’entreprise, la conversion vers des véhicules à faibles émissions devient une obligation pour répondre à différents objectifs réglementaires.

 

En 2020, le Pacte Vert pour l’Europe a engagé l’Union européenne sur la voie de la transition écologique, avec pour objectif de réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. En juillet 2021, la Commission européenne a publié son paquet législatif “Fit for 55” qui contient plusieurs propositions législatives visant à mettre en œuvre cette décarbonation. L’objectif à l’échelle du parc de l’UE : réduire de 100 %, en 2035, les émissions de CO2 produites par les voitures et les camionnettes neuves. Une législation équivalente à la fin de la vente des véhicules thermiques à cette date, incluant les véhicules hybrides rechargeables.

 

Les dispositions législatives prises en France ces dernières années vont dans le sens de cette impulsion européenne et visent à accélérer le déploiement de parcs automobiles plus verts. Alors que dès 2010, la loi Grenelle II imposait un BEGES (Bilan de gaz à effet de serre) pour les organisations de plus de 500 salariés sur les scopes 1 et 2, un décret paru en juillet 2022 y a également inclus les émissions du scope 3. Dans le cadre de l’Accord de Paris et du Plan Climat, la loi d’Orientation des mobilités (LOM) de 2019, renforcée par la loi Climat et Résilience en 2021, sont également venues fixer des obligations en matière de verdissement des flottes pour les entreprises.

 

Pour les entreprises, l’ensemble de ces contraintes réglementaires aux échelles européenne autant que nationale vont dans le sens d’un verdissement de leur flotte, pour se mettre en conformité avec la loi et répondre à l’urgence climatique.

 

L’électrification des flottes : encore marginale ?

Selon une récente étude, l’électrification du parc de véhicules est encore marginale au niveau national : elle représente 998 225 véhicules électriques, soit 1,7 % des véhicules roulants en France. Les véhicules hybrides non rechargeables constituent de leur côté 2,6 %, les hybrides rechargeables 0,8% et les véhicules au gaz naturel 0,1 %. Le thermique forme donc encore l’écrasante majorité du parc français avec 94,8 % des véhicules, réduisant à 5,2 % la part de ces véhicules « moins polluants ».

 

Une étude de l’ONG Transport & Environnement abonde dans ce sens : en 2023, la grande majorité (60 %) des entreprises visées par la loi LOM ne respecte pas les quotas légaux d’électrification et seuls 8 % des véhicules neufs immatriculés par les grands groupes assujettis à la loi étaient électriques.

 

Pour autant, le tableau n’est pas si noir et, fort heureusement, nous voyons des résultats positifs de grandes comme de petites organisations, publiques et privées, issues de secteurs d’activité variés, avec des compositions de flottes différentes, qui prouvent la possibilité de mener à bien cette transition énergétique des flottes.

 

En outre, cette transition énergétique des flottes prend du temps et ne peut, en aucun cas, se faire du jour au lendemain.

 

Défis et bénéfices de la transition énergétique

Opérer la transition énergétique de sa flotte requiert de passer par diverses étapes structurantes, à travers une planification détaillée, pour mener à bien son exécution. Cette démarche nécessite une mobilisation importante de la direction générale pour accompagner l’ensemble des acteurs sur le déploiement opérationnel qui s’appuie sur différentes étapes majeures (évaluer l’état actuel de sa flotte, fixer des objectifs, choisir les énergies alternatives, planifier les itinéraires, identifier des points de recharge des véhicules…).

 

La décarbonation des mobilités/transports terrestres voulue par la loi LOM a pour objectif premier de réduire l’impact des émissions de gaz à effet de serre pour répondre à l’urgence environnementale et climatique. Le passage vers une flotte plus verte intègre donc cet objectif de lutte contre le réchauffement climatique. Cette transition permet également aux entreprises de s’inscrire dans une démarche répondant aux attentes du grand public ; près de 9 consommateurs sur 10 en France attendant des entreprises qu’elles agissent de manière responsable et qu’elles répondent aux enjeux sociaux et environnementaux.

 

En somme, la transition énergétique des flottes de véhicules représente un enjeu crucial pour répondre à l’urgence climatique et se conformer aux réglementations de plus en plus strictes, tant au niveau national qu’européen. Bien que l’électrification des flottes apparaisse encore comme étant marginale, les efforts se multiplient pour accélérer cette transformation. Les entreprises doivent adopter une approche proactive et structurée pour réussir cette transition, en planifiant soigneusement et en impliquant tous les niveaux de leur organisation.

 

En fin de compte, la transition vers des flottes de véhicules plus vertes est non seulement une obligation légale et environnementale, mais aussi une opportunité pour les entreprises de renforcer leur image et de répondre aux attentes sociétales. La route est encore longue, mais les progrès réalisés montrent que cette transformation est possible et indispensable pour un avenir durable.

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