media supply chain
et logistique

International

Une grève historique des dockers de la côte est des États-Unis se confirme

Le risque d'un blocage de la plupart des ports de la côte est des États-Unis et du Golfe du Mexique se confirme. Le puissant syndicat de dockers International Longshoremen's Association avait lancé un ultimatum, jusqu'au 30 septembre à 23h59, pour trouver un accord de revalorisation financière des contrats de travail avec leurs employeurs, représentés par l'Alliance maritime des États-Unis. La grève, résultante d'une impasse des négociations, pourrait paralyser plus de la moitié des importations en conteneurs du pays, et provoquer une perturbation importante des chaînes d'approvisionnement internationales, déjà fragilisées par une succession de crises.

Publié le 30 septembre 2024 - 11h29
A_1

 TravelScape/Freepik

Aux États-Unis, 36 ports situés sur la côte est et le long du Golfe du Mexique, dont cinq des dix ports les plus importants d'Amérique du Nord, menacent de fermer dès ce 1er octobre, d'après l'agence britannique Reuters. Déterminés, environ 45 000 dockers membres de l'International Longshoremen's Association préparent en effet une grève massive suite à un désaccord avec leurs employeurs représentés par l’organisation des manutentionnaires de l'Alliance maritime des États-Unis (United States Maritime Alliance, aussi connue sous le sigle USMX). Les syndiqués projettent d'interrompre leurs activités s'ils n'obtiennent pas un nouveau contrat de travail revalorisé après l'expiration de l'actuel, le 30 septembre 2024. « Nous n’accepterons pas des salaires de base bas, a écrit Harold J. Daggett, président du syndicat des dockers, dans un communiqué daté du 23 septembre. Ces propositions sont insultantes pour la profession face au travail que fournissent les salariés et aux profits réalisés par les sociétés de manutention. » De son côté, l'Alliance maritime des États-Unis accuse le syndicat de bloquer délibérément les pourparlers. Les négociations pour déboucher sur une nouvelle convention collective étant toujours dans une impasse, le puissant syndicat nord-américain, représentant des dizaines de milliers de dockers, a confirmé dimanche dernier le lancement de la grève, à partir du 1er octobre. 

 

Des impacts sur les chaînes d'approvisionnement internationales 

D'après une étude de la division Global research de HSBC, les ports américains de la côte est et du Golfe du Mexique représentent 57 % des importations américaines et 8 % du commerce mondial de conteneurs en 2023. Leur paralysie risquerait de créer une pénurie de stocks et une inflation aux États-Unis, mais également d'impacter de manière néfaste les importations venant d'Europe et d'Amérique latine. « Nous pensons qu'une éventuelle grève aurait probablement un impact encore plus important sur les volumes transatlantiques, dans la mesure où les exportateurs européens semblent moins préparés », souligne HSBC. Les importations provenant d'Asie seraient pour leur part moins perturbées grâce à la proximité plus grande de ce continent avec les ports de la côte ouest.


Quelles solutions face à la grève ?

« Nous nous coordonnons avec nos partenaires tout au long de la chaîne d'approvisionnement pour nous préparer à tout impact potentiel », a déclaré Steve Burns, porte-parole de l'autorité portuaire de New York et du New Jersey. Les ports ont élargi leurs horaires d'ouverture jusqu'au 30 septembre pour permettre d'évacuer les cargaisons avant les blocages. Certaines entreprises les acheminent vers les ports de la côte ouest par train ou avion, ce qui augmente les frais d'expédition et donc le prix final demandé au consommateur.


Pour la période de grève, les expéditeurs réfléchissent à des voies maritimes de contournement. Des itinéraires « bis » comme le Canada et le Mexique ont été évoqués, mais HSBC indique que « les ports canadiens et mexicains du côté Atlantique manquent de capacité à gérer leurs propres volumes ainsi que tout débordement des États-Unis ». Selon des experts, le canal de Panama, qui avait connu des perturbations liées au réchauffement climatique en août 2023, affiche encore une capacité réduite, tandis que le canal de Suez entre l'Afrique et l'Asie reste difficile d'accès à cause de l'instabilité géopolitique en mer Rouge.
Le président américain Joe Biden serait en mesure d'interdire cette grève, en se fondant sur la loi Taft-Hartley, qui donne au gouvernement le pouvoir d'arrêter les mouvements sociaux mettant en danger la sécurité nationale. Cependant, à l'approche des élections présidentielles américaines le 5 novembre prochain, l'actuel chef de l'État a indiqué à la presse qu'il n'interviendrait pas sur ce qu'il qualifie de « négociations collectives ». 


Surcharges et innovations

Certaines entreprises anticipent dès à présent les futures perturbations sur le commerce mondial. Des armateurs ont annoncé la mise en place d’une surcharge, à l'instar de la société allemande de transport maritime en conteneurs Hapag-Lloyd. D'autres proposent de s'appuyer, face à l'urgence, sur des innovations technologiques pour limiter les pertes. Comme la startup So Sponge, qui met à disposition un produit permettant un contrôle fin de l'humidité dans les conteneurs bloqués. « Nous avons développé des matériaux mésoporeux capables d'absorber et de relâcher l'humidité sans apport énergétique, maintenant ainsi un niveau hygrométrique stable, explique Guirec Courbon, CEO de So Sponge. Notre solution offre une protection supplémentaire pour les marchandises qui ne pourraient pas être évacuées à temps. »

 


À lire également : Étude Kinaxis/IDC : seulement 11 % des responsables supply chain capables de faire face aux perturbations en moins de 24 heures

 

à lire aussi
CHAQUE JOUR
RECEVEZ LES ACTUALITÉS
DE NOTRE SECTEUR
INSCRIVEZ-VOUS
À LA NEWSLETTER
OK
Non merci, je suis déjà inscrit !