Transversal
Le règlement européen contre la déforestation (EUDR) est-il insurmontable pour les entreprises ?
Une tribune signée par Jean Arnaud, head of solution consulting chez Prewave.
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L'adoption de l'EUDR, règlement européen relatif à la lutte contre la déforestation, inquiète un nombre considérable d'entreprises tant ses implications immédiates leur semblent alarmantes. En effet, l'objet du règlement qui entre en vigueur dès cette année vise à interdire purement et simplement la commercialisation de marchandises et produits dérivés de plusieurs matières premières si celles-ci sont issues de terres ou de forêts exploitées illégalement.
Pourquoi tant d'inquiétudes ?
Sept produits de base sont concernés (bovins, cacao, café, huile de palme, caoutchouc, soja, bois, et les produits dont la composition intègre ces derniers) – ce qui représente un nombre de marchandises impressionnant allant des préparations alimentaires au mobilier ; des cosmétiques aux outillages et équipements lourds ainsi qu'à de multiples composants provenant du monde entier. Opérateurs et commerçants sont donc sommés d'enquêter en profondeur dans leur supply chain et de recueillir une gigantesque somme d'informations détaillée : un défi perçu comme irréalisable. Comment, par exemple, s'assurer que parmi les X fournisseurs du chocolat présent dans un biscuit, pas un gramme n'est issu d'une parcelle illégalement exploitée ?
Plus que des pénalités : des interdictions
Les opérateurs et les commerçants devront ainsi, avant la fin de l'année 2024, mettre en place et tenir à jour un système de diligence raisonnée (due diligence) : un cadre de procédures et de mesures destiné à vérifier et garantir que les produits dérivés qu’ils mettent sur le marché (et/ou exportent) sont bel et bien « zéro déforestation ». En ne respectant pas ces obligations, les entreprises ne s'exposeront pas uniquement à des pénalités financières mais risqueront la saisie des marchandises et l'interdiction de leur commercialisation. Ceci explique en partie les appels au report de l'EUDR, un règlement pourtant indispensable face à l'urgence environnementale.
De meilleures informations grâce à l'activisme environnemental
Les entreprises sont-elles réellement démunies face aux obligations relatives à l'EUDR ? Un report est-il nécessaire ? Nous pouvons sans conteste affirmer que non. La bonne nouvelle étant qu'un énorme travail a été mené en amont par les acteurs des services, en concertation avec les pouvoirs publics, mais aussi par les activistes de la protection de l'environnement. Grâce à ces derniers, nous disposons, entre autres outils, d’imagerie satellites identifiant précisément les parcelles à défendre. Par ailleurs, les entreprises ne doivent plus ignorer combien les progrès des technologies de collecte et d'analyse d'informations sont exponentiels. Elles n'affronteront pas l'EUDR uniquement armées de tableurs Excel pour s'assurer de l’origine exacte de leurs marchandises, mais avec des logiciels SaaS performants.
Utiliser à bon escient les capacités réelles de l'IA
Aujourd'hui des outils de veille utilisant le potentiel fulgurant de l'IA existent et peuvent être mis au service de toutes les organisations. Ils permettent de surveiller, agréger, et analyser finement un nombre astronomique de données publiques et au-delà. Des logiciels capables de traiter plusieurs millions de sources d’information, en 400 langues, et ce, avec des modèles d’IA entraînés et testés depuis plus de 12 ans existent. Grâce à eux, exploiter des volumes de données d'une ampleur inconcevable est devenu chose courante. Le stade de la recherche par « mot clef » est largement dépassé. Avec ces outils, il est devenu possible de comprendre ce que recèlent, entre autres, les continents de données des réseaux sociaux. En vérité, nous sommes prêts à assumer les obligations qu'impose l'EUDR. Si elles paraissent à première vue insurmontables, ce n'est qu'en raison d’une méconnaissance des capacités actuelles de technologies comme l'IA, lorsqu'utilisées à bon escient.
À propos de l'auteur et de Prewave
Jean Arnaud est le head of solution consulting chez Prewave. Fort d'une expérience de plus de quinze ans dans la digitalisation des chaînes de valeur, sa mission consiste à guider les dirigeants d'entreprises vers un niveau supérieur : celui des entreprises intelligentes, des industries connectées et des décisions fondées sur les données. Convaincu que la transition vers des pratiques plus durables et éthiques est nécessaire, il est un fervent soutien de ces principes au sein de la communauté Prewave.
Société d'origine autrichienne, Prewave développe une plateforme homonyme de gestion des risques de la supply chain de bout en bout, fondée sur l’intelligence artificielle. Connaissant un développement rapide en Europe, l’éditeur a triplé son chiffre d'affaires en 2023. Sa technologie est capable d'identifier et d'aider les entreprises à gérer quelque 140 types de risques à l'échelle mondiale.