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Entretien avec Fatah Ziani, directeur des opérations de DHL Express France
Lors d'une conférence de presse organisée le 5 novembre 2024, DHL Express France a présenté la finalité stratégique de sa prochaine plateforme française, implantée sur l'aéroport international de Lyon-Saint-Exupéry. Fatah Ziani, son directeur des opérations, nous détaille les spécificités de la division Express française du groupe DHL, ainsi que l'organisation humaine et logistique prévue sur son prochain site névralgique.
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Matthew Perget
Pourriez-vous dans un premier temps nous rappeler les spécificités de DHL Express France, au sein du groupe de dimension mondiale qu’est DHL ?
Dès qu’un envoi est garanti, il passe par DHL Express, pour des expéditions effectuées soit par voie aérienne ou routière. Au sein de cette division du groupe DHL, la France fait partie des cinq plus importants pays en Europe, avec la particularité d’être plus importateur qu’exportateur. Notre mission consiste à nous assurer que tous les colis enlevés partent bien à l'heure, pour que notre réseau puisse derrière les traiter et livrer nos clients partout dans le monde, en bonne et due forme et en temps et en heure.
Quelles sont vos principales missions en tant que directeur des opérations de DHL Express France, et comment se composent vos équipes et votre réseau ?
Je suis à la tête de cette belle équipe des opérations, représentant un peu plus de 2 000 salariés, sur les 3 500 que comprend DHL Express en France. Pilotant toutes nos opérations de A à Z, elle forme ainsi le principal bloc de l'entreprise. S’y retrouvent nos agents de quai, nos conducteurs, mais aussi nos infrastructures, nos bâtiments, toute la partie suivi et qualité, ainsi que l’excellence opérationnelle. Une cinquantaine d’agences, d’en moyenne 2 000 à 2 500 m² de surfaces, couvrent l’ensemble du territoire via des emplacements stratégiques, et assurent le service client. Lorsque l’un d’entre eux envoie par exemple un colis de Brest, devant arriver le lendemain à Nice, nous pouvons ainsi nous assurer de sa bonne livraison.
Comment se compose votre flotte, terrestre et aérienne ?
Nos véhicules sont très variés, allant du Kangoo pour les petites routes jusqu’aux poids lourds. La majorité de notre parc terrestre se compose de camions électriques de 10 à 12 mètres cubes, pour des envois standards avec des conducteurs livrant en moyenne 50 à 60 clients par jour. Concernant nos avions, nous en sommes en partie propriétaires. Ceux en provenance du hub allemand de Leipzig notamment [le plus important centre de fret aérien du groupe DHL en Europe, accueillant plus de 2 500 tonnes de marchandises quotidiennement, ndlr], atterrissant à Paris ou à Lyon, n’appartiennent pas à DHL Express France, mais font partie de notre réseau au sens large. En tant que grand pays importateur, nous disposons notamment de Boeing 777-200, avec une grande capacité de chargement.
Vous venez de détailler votre investissement de 121 millions d’euros, pour la construction d’une plateforme de 21 000 m² de surface d’exploitation sur l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry. Comment va s’opérer la transition de vos équipes sur ce futur site, dont l’ouverture est prévue en juillet 2025 ?
Nous louons actuellement sur cet aéroport une barre de fret, étendue en longueur, impliquant du travail un peu « à l’ancienne », sans mécanisation. Nous accompagnons continuellement nos collaborateurs [qui seront au nombre de 400 sur la nouvelle plateforme, avec environ 40 recrutements, ndlr] pour s'assurer qu'ils puissent bien appréhender leur futur environnement, sans s’y retrouver perdus. Ils sont déjà allés visiter le site, et nous avons fait venir du personnel issu de différents pays pour les former à leurs prochains postes de travail. Nous prenons soin notamment de les aider à apprivoiser la future chaîne de tri de pointe [signée Vanderlande, et permettant le traitement de 17 500 pièces par heure (enveloppes et colis), soit une capacité multipliée par cinq par rapport à la situation actuelle, ndlr]. Nous en sommes déjà à 7 000 heures de formation ; nous prenons le temps d’opérer une transition progressive depuis le début des travaux jusqu’au démarrage du site. Une certaine appréhension subsiste quant au passage à la mécanisation, mais les conditions de travail en résultant vont être exceptionnelles. Mis à part des collaborateurs, essentiellement des conducteurs, en provenance de sites limitrophes, toutes les équipes en charge de la partie tri, amenées à utiliser la machine, restent les mêmes. Exceptés pour nos 40 recrutements, nécessaires à la couverture d’une plus grande surface d’exploitation et à de nouveaux besoins métiers, comme des techniciens de maintenance et des superviseurs pour la gestion de la chaîne de tri (que nous appelons sort control en interne).
Ce prochain centre de fret aérien accueillera deux types de flux, avec des allées et venues d’avions mais aussi de camions. Pourriez-vous nous détailler les différentes périodes d’activités qui découleront de cette hybridation ?
Les créneaux tôt le matin et tard le soir seront dédiés à la gestion du fret aérien. Nous ne mélangeons en effet pas les flux, pour permettre un tri optimal avec des livraisons garanties. Dès que le tri de la partie avionnée se terminera, l’activité relative au fret routier prendra le relais, soit toute la journée jusqu’au soir. La dissociation des flux, permettant d’assurer la qualité de service, impose ainsi un travail en continu au travers de différents shifts. Par rapport à notre ancienne organisation, notre nouvelle installation nous permettra de quotidiennement gagner 1h15 sur le traitement des colis. Grâce à la chaîne de tri automatisée, les conducteurs vont pouvoir partir plus tôt, avec un grand confort pour la livraison des clients, et moins de stress en cas d’aléas comme des embouteillages. Le soir, nos clients auront la possibilité de commander un peu plus tard, ce qui sera pour nous véritablement révolutionnaire.
Le site DHL Express à Lyon-Saint Exupéry en quelques chiffres :
• 50 000 m² de terrain, avec accès direct aux pistes ;
• 21 000 m² de surface d’exploitation (entrepôt et mezzanine) ;
• 17 500 colis traités par heure en capacité maximale ;
• 38 000 colis par jour, avec des pics à 45 000 colis ;
• 70 bornes de recharge pour les véhicules électriques.