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La logistique et le transport de marchandises, nerfs de la guerre

Une tribune de Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique.

Publié le 21 novembre 2024 - 09h05
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À l’occasion de la 3e journée de la filière logistique, le gouvernement français, avec France Logistique, met à jour la stratégie nationale logistique adoptée fin 2022. Cette feuille de route actualisée comporte des mesures techniques bienvenues – notamment pour la poursuite des efforts de verdissement de la filière, et l’attractivité de notre territoire pour des implantations logistiques performantes. Point plus structurant encore, cette mise à jour reconnaît et souligne l’importance stratégique du secteur de l’approvisionnement face aux défis globaux qui touchent notre économie et notre société.

 

La logistique face à trois types de défis

D’abord en tant que telle, la logistique représente, à l’échelle européenne comme en France, 10 % de l’activité économique, de l’emploi et aussi des émissions de gaz à effet de serre. C’est un secteur particulièrement engagé dans l’ascenseur social, présent sur tous les territoires avec des dizaines de milliers d’entreprises. Ensuite, au service de toute l’économie matérielle, la logistique apparaît de plus en plus comme le nerf de la guerre face à trois types de défis : géopolitiques, climatiques et industriels.


Sur la géopolitique, les cartes révèlent que notre position géographique et la qualité de nos infrastructures ne suffisent pas : au-delà de la compétitivité souvent relatée des ports du nord de l’Europe, il faut désormais regarder la convergence des « routes de la soie » terrestres vers les pays de l’Est, ou le développement des ports de Tanger ou Trieste, et pour les aéroports celui de Liège. Le commerce mondial tend non seulement à stagner mais surtout à se fragmenter et se fragiliser, dans un contexte de protectionnisme de plus en plus agressif. D’où la nécessité de remodeler les flux : les concepts de nearshoring et de friendshoring désignent ainsi des reconfigurations plus sécurisées et robustes des chaînes d’approvisionnement. Face à cela, nous, acteurs du transport, de la logistique et de la supply chain constituons un élément essentiel de sécurisation et de résilience pour une gestion solide des stocks et des flux. Cela en apportant de la valeur sur nos territoires, à la différence par exemple de l’entreprise chinoise Temu qui pratique une sorte de logistique hors-sol et hors-écologie.


La deuxième catégorie de défis est celle du changement climatique. Le ministre François Durovray a mis en avant trois axes d’action pour l’ensemble des transports terrestres, voyageurs et marchandises : aménager les territoires, verdir les flottes et massifier les opérations. Cela fait parfaitement écho à l’approche que France Logistique exprime en « 3M » : le maillage des entrepôts et plateformes, avec le maintien en bon état de nos infrastructures ; le travail sur les motorisations, via une électrification accrue et un mix énergétique accessibles ; et la massification, allant de pair avec la mutualisation des opérations, tant sur les stocks que sur les flux. Au-delà de ces lignes directrices, les exemples de besoins logistiques liés à la lutte contre le changement climatique sont nombreux. Ainsi, il faudra une logistique considérable pour construire, alimenter, opérer et maintenir les nouveaux outils de production d’énergies décarbonées. Cela est au cœur de la transformation de nos ports. Autre exemple, l’économie du recyclage et l’économie circulaire nécessitent énormément de logistique, pour collecter les ressources de manière optimale.


Le troisième type de risque concerne le déclassement industriel de l’Europe et en particulier de la France. Les rapports de Mario Draghi et d’Enrico Letta appellent à juste titre à un sursaut européen d’innovation. Là encore, la logistique a un rôle à jouer dans le redressement industriel en accompagnant les filières. Il ne peut y avoir de réindustrialisation sans logistique, en amont et en aval. Logistique et industrie mêmes combats, avec trois défis communs : les énergies, les compétences et la disponibilité des terrains. 

 

Accélérer les innovations et intensifier les démarches coopératives entre acteurs 

La question foncière est cruciale pour les implantations logistiques. Elle vient, une fois de plus, de faire l’objet de menaces fiscales dans le cadre du débat sur la loi de finances à l’Assemblée nationale (projet d’extension de la taxe Tascom*), avec de graves risques opérationnels pour toutes les chaînes d’approvisionnement. Comme France Logistique, avec tous ses membres et de nombreux partenaires, l’a rappelé, les enjeux devraient être abordés non pas de manière idéologique mais en considération de l’utilité et de l’efficacité économique et environnementale de ces équipements : optimiser la gestion des flux et des stocks passe par une bonne répartition spatiale des entrepôts, en particulier pour permettre la massification et minimiser les distances de transport.

 

Finalement, il faut souligner deux conditions de succès pour la mise en œuvre de la nouvelle feuille de route logistique française : accélérer les innovations, à la fois sur les technologies et sur les organisations, à l’aide notamment du numérique ; intensifier à tous les niveaux les démarches coopératives entre acteurs publics et privés, donneurs d’ordres et logisticiens… C’est ainsi que nous relèverons collectivement les défis.

 

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* Note de la rédaction : lire à ce sujet notre article Projet de loi finance : des organisations professionnelles alertent sur les conséquences des taxes sur les entrepôts 

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