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Le déchet, nouvel « asset » stratégique pour les entreprises ?

Une tribune rédigée par Marianne Richeux, directrice développement durable et government affairs chez Chep Europe.

Publié le 25 novembre 2024 - 17h00
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Adobe Stock par I Piya W.

Responsabilité élargie du producteur (REP), Directive relative à la publication d'informations en matière de durabilité par les entreprises (CSRD), directives environnementales, … de multiples nouveautés règlementaires entrent en vigueur actuellement et bousculent les entreprises, notamment dans la conception de leur supply chain qui se trouve à la jonction de toutes ces nouvelles contraintes. Dans un calendrier resserré, ces nouveautés génèrent des incertitudes. Bien qu’elles soient amplifiées par des réglementations complexes, cela ne doit pas masquer l'opportunité de repenser nos business modèles pour une gestion des déchets plus responsable.

 

7 millions de tonnes d’emballages industriels et commerciaux en UE chaque année

L’échéance la plus proche est janvier 2025, date à laquelle les EIC (emballages industriels et commerciaux) seront soumis à leur tour à une REP. Ces emballages primaires, secondaires ou tertiaires de produits non destinés directement à la consommation des ménages désignent les palettes, caisses, cagettes ou films plastiques. Et leur volumétrie est loin d’être négligeable : - 7 millions de tonnes de consommation annuelle au sein de l’Union Européenne, - 4 fois le tour de la Terre : la distance parcourue en mettant bout à bout l’ensemble des films plastiques utilisés chaque année pour emballer les palettes. La 30e REP qui leur est consacrée a pour objectif de diminuer ces volumes ou d'encourager leur circularité. Parallèlement, la mise en oeuvre progressive de la directive CSRD (Corporate sustainability reporting directive) impose de nouvelles obligations aux entreprises. Le reporting extra-financier élargit le périmètre de contrôle aux émissions indirectes de CO2 des entreprises (Scope 3). Ces émissions englobent l'ensemble de la supply chain et représentent 50 % des émissions de gaz à effet de serre d'une entreprise. Entre 2025 et 2030, plus de 60 000 d’entre elles seront concernées par la CSRD.

 

Un cadre règlementaire qui se resserre… 

Ce cadre réglementaire introduit un nouveau contexte à deux niveaux : d'une part, la responsabilité élargie oblige les entreprises (fabricants, distributeurs et importateurs) à déclarer, deux fois par an, la quantité d'emballages sur le marché et à assumer la gestion de leur fin de vie. D'autre part, la CSRD impose des taxes sur les émissions de CO2. Le déchet devient coûteux à double titre : par le biais de son recyclage et de son empreinte carbone. Ce qui génère une pression pour les chaînes d’approvisionnement des entreprises, celles-ci représentant en moyenne 75 % des émissions de CO2 de l’entreprise. À cela s'ajoute la directive européenne anti-déforestation, qui renforcera encore les exigences concernant la matière première « bois ». Étant donné que 90 % des produits sont actuellement transportés sur des palettes en bois, cette question touchera largement les supply chains.

 

…et rend la gestion du déchet cruciale 

Dans ce contexte restrictif, l’emballage et les déchets doivent être repensés comme un « actif ». Autrefois perçu comme un simple outil logistique axé sur le coût et l’efficacité, il occupe désormais une place centrale dans les stratégies supply chain et commerciales. Le choix des fournisseurs doit désormais prendre en compte la conformité environnementale, les émissions carbones et la durabilité, impliquant également les départements juridiques et les équipes ESG dans des décisions historiquement réservées aux acheteurs logistiques. Cette approche transversale rehausse la question à un niveau stratégique. Les critères ESG sont devenus des indicateurs essentiels pour les investisseurs, les banques et les assureurs, rendant la transparence et la conformité indispensables à la survie et à la prospérité des entreprises.

 

Transformer nos approches linéaires vers plus de circularité 

La REP, axée sur le surcyclage et la réutilisation, est une opportunité de repenser les modèles pour plus de circularité. Par exemple, l’utilisation de palettes locatives réduit les émissions de CO2 de 28 % et les déchets de 94 % par rapport aux palettes à usage unique. Externaliser leur gestion permet aussi aux entreprises de se concentrer sur leur coeur de métier et s’affranchir des démarches administratives associées, notamment en optimisant les processus de reporting et de suivi des performances. Face à la pression réglementaire croissante, les enjeux de durabilité sont désormais au coeur des discussions. Malgré la complexité des normes et des différences internationales, il est crucial de simplifier les processus et de collaborer efficacement pour transformer le déchet en levier de croissance. Passer d’un modèle linéaire à un modèle circulaire est un défi, mais le potentiel de transformation est immense !

 

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