Transversal
Ouest-France : « Gérer la fin de vie du journal via la logistique retour permet de diminuer de 46 % ses GES »
Le quotidien Ouest-France, dont la maison d’édition assure chaque jour la livraison de 450 000 exemplaires de ses publications en effectuant plus de 3 500 trajets, a mis en place une logistique retour permettant de récupérer et recycler les journaux périmés. Fanny Herbreteau, responsable du service contrôle de gestion et projets à la direction logistique et distribution du quotidien, nous présente cette initiative.
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Rodolphe Agoyer et Christophe Roquier I Fanny Herbreteau, responsable du service contrôle de gestion et projets à la direction logistique et distribution de Ouest-France.
Quand a été officiellement lancée cette logistique retour ?
Nous y travaillons depuis 2020, avec différents tests, mais les premiers déploiements définitifs datent de mars 2023.
Pouvez-vous nous raconter la genèse de ce projet, et nous préciser ses différents interêts ?
La mise en place de la démarche RSE dans le groupe a mis en lumière l’impact de la distribution du journal sur l’environnement. Nous réalisons chaque jour 168 000 km pour livrer l’un des produits les plus frais qu’il existe, puisqu’il a une durée de vie de 24h. On s’est interrogés sur la façon de réduire notre impact sans diminuer notre maillage territorial. Est alors apparue l’idée de réutiliser nos kilomètres pour recycler nos journaux. L’intérêt premier est de limiter notre impact sur l’environnement en prenant à notre charge le recyclage du journal que nous produisons. Aujourd’hui d’après l’Ademe, 30 % des journaux sont recyclés hors de France : grâce au projet nous assurons un recyclage en proximité dans l’ouest de la France. Ensuite c’est une façon simple de rendre service à nos lecteurs, qui s’engagent avec nous dans une démarche éco-responsable. Enfin, autre intérêt, les porteurs de presse qui récupèrent ces journaux touchent une rémunération complémentaire financée par la revente de la matière aux recycleurs.
Pouvez-vous nous présenter les détails de cette logistique retour ?
Nous fournissons aux clients soit un sac dans lequel ils mettent les journaux, soit un magnet qu’ils collent sur leur boite aux lettres pour signaler au porteur qu’il y a des journaux à récupérer à l’intérieur. Les clients sont invités à rendre les journaux une fois par semaine au porteur, qui les ramasse lorsqu’il vient leur porter le journal du jour. Les journaux prennent ainsi le chemin inverse de l’aller ; pour être massifiés sur nos sites de production. C’est un système de « reverse logistique » assez simple en définitive. Ainsi les journaux sont récupérés secs, non mélangés et propres, ce qui permet de les recycler soit en pâte à papier, soit en ouate de cellulose qui servira d'isolant thermique dans les constructions de bâtiments, à moins de 200 km de nos imprimeries.
Pouvez-vous nous livrer des chiffres résumant ce projet, notamment sur le volet environnemental ?
Dès le départ les clients ont répondu présents. Sur les secteurs éligibles, ils sont 35 % à nous confier le recyclage de leurs journaux. Ce chiffre est le même depuis 18 mois, et reste le même à chaque ouverture d’une nouvelle tournée éligible, cela est très encourageant. Gérer la fin de vie du journal par ce flux permet de diminuer de 46 % ses GES, notamment grâce à leur transformation en isolant écologique performant et aussi car ils sont gérés en proximité. En tout, nous souhaitons rendre éligibles plus de 2 000 tournées de portage sur nos 3 500, et ainsi proposer le service à 220 000 abonnés. À terme, nous espérons gérer 3 500 tonnes de vieux journaux par an grâce à cette filière.
Comment l'Ademe vous a-t-elle aidé ?
L’Ademe finance une partie de l’expérimentation, avec notamment une partie des tests, le matériel logistique, les objets fournis aux clients, et d’autres frais de projets. Elle a également financé une vidéo permettant d’expliquer aux clients le fonctionnement du système.
Quel bilan tirez-vous à ce jour ?
Nous sommes très satisfaits. Il s’agit d’un projet transverse qui implique les dépositaires de presse et leurs salariés, les porteurs et les routeurs, nos abonnés, l’Ademe et beaucoup de services en interne. L’ensemble des acteurs se mettent en marche et cela fonctionne. D’autres éditeurs de presse quotidienne commencent à répliquer le projet, c’est qu’eux aussi y trouvent du sens.
Que reste-il à faire ?
Nous sommes à date à 20 % du déploiement, il nous reste deux ans et nous sommes bien lancés. Pour la suite, nous sommes à la recherche d’autres activités de livraison, mais aussi et surtout d’activité de logistique inversée à proposer à notre réseau de distribution, car elle permet de maintenir notre maillage tout en optimisant nos charges et en réduisant notre impact carbone.
Propos recueillis par Voxlog.
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