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France Supply Chain et Citwell diffusent un guide méthodologique pour évoluer vers une supply chain circulaire
En plaçant la durabilité au cœur de leur stratégie, les entreprises peuvent construire une supply chain résiliente. Un modèle qui, selon France Supply Chain et Citwell, réduit les pressions environnementales et économiques. Encourageant les entreprises à l'adopter, les deux organismes dévoilent une méthodologie en six axes visant à faciliter leurs transitions.
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Expliquant que 67 % des entreprises prévoient d'augmenter leurs investissements en circularité d'ici trois ans, France Supply Chain by Aslog, association professionnelle regroupant 450 entreprises, et Citwell, cabinet de conseil en transformation des opérations et de la supply chain, dévoilent un guide méthodologique sur la supply chain circulaire. Reposant sur des pratiques telles que la fonctionnalité, la réparation, le reconditionnement et le recyclage, cet ouvrage affiche un objectif clair : prolonger la durée de vie des ressources tout en réduisant leur impact environnemental. « Les lois et règlementations françaises et européennes incitent de plus en plus les acteurs de divers secteurs à prendre des mesures concrètes pour prolonger la durée de vie de leurs produits en privilégiant le réemploi, la réparation et le remanufacturing, bien au-delà du simple recyclage des déchets, détaille Yann de Feraudy, président de France Supply Chain. La supply chain circulaire représente une évolution majeure dans la gestion des ressources des entreprises, offrant une occasion unique de concilier performance économique et responsabilité environnementale. »
Une méthodologie en six axes pour circulariser sa supply chain
France Supply Chain et Citwell proposent une méthodologie en six axes pour accélérer la transition vers une supply chain circulaire.
1) Modèle et partage de la valeur basée sur l'usage :
L'économie circulaire redéfinit la valeur des produits au-delà de leur première utilisation. Pour les utilisateurs, l'objectif est de tirer le meilleur parti des produits en adoptant des solutions durables telles que le partage, la maintenance proactive et l'allongement de la durée de vie des objets. Par exemple, des systèmes tels que Vélib' permettent une utilisation optimale, avec certains vélos utilisés jusqu'à 19 fois par jour, favorisant ainsi une consommation collaborative et efficiente. Les travaux montrent que partager la valeur d'usage y compris économique au sein de l'écosystème est clé pour maximiser les possibilités d'usage dans le temps, en mobilisant les bons savoir-faire dans la durée.
2) Dimensionnement de la multi-localité :
La conception d'un schéma directeur pour une économie circulaire nécessite une analyse approfondie de multiples critères : typologie de circularité (location, réparation ...), modèle économique, volumes, marchés cibles et territoires. Ces éléments permettent de dimensionner les capacités requises (production, rénovation, stockage, distribution). La décision de centraliser ou de décentraliser les opérations dépendra de la nature des produits (poids, valeur, facilité de traitement) et du contexte réglementaire. L'identification des seuils de rentabilité permettra de déterminer les localisations les plus pertinentes pour chaque activité.
3) Pilotage de la circularité :
Piloter une Supply Chain circulaire exige de nouveaux indicateurs centrés sur l'intensité d'usage : nombre de cycles (mesure l'utilisation d'un produit dans des modèles basés sur la fonctionnalité ou la location), taux de retour (reflète l'efficience des flux circulaires et leur viabilité, au-delà de la satisfaction client ), qualité des retours (évaluer pour améliorer la remise en marché et optimiser les processus), coût de remise à niveau (déterminant pour comparer avec les prix potentiels et assurer la rentabilité), taille du gisement de ressources (indicateur clé du capital matière/semi-finis/produits disponibles, impactant finances et environnement), et indicateurs d'impact (incluent CO2eq, économie de matière, empreinte matières, taux de recyclage, en complément des classiques service/stock/coûts).
4) Prévisions et charges :
Le pilotage d'une supply chain circulaire exige des outils de planification (S&OP, PDP) pour intégrer les flux multidirectionnels et les incertitudes liées aux retours de produits. Les nouveaux paramètres à gérer incluent la prévision du gisement des retours, la gestion des capacités (machines, compétences), et la projection des stocks usagés ou reconditionnés, qui peut avoir un impact significatif sur l'activité en termes de coûts et de logistique.
5) Gestion opérationnelle, amélioration continue & data :
La circularité repose sur une traçabilité rigoureuse, essentielle pour optimiser flux et gisements, et maximiser la rentabilité. Suivre précisément le coût et la durée de vie d'un produit permet d'ajuster les stratégies, les boucles et les prix. Un suivi détaillé par produit (via un identifiant unique) fournit notamment des données clés sur l'utilisation, le reconditionnement et les pannes, favorisant ainsi l'optimisation de la durée de vie et du positionnement. Certains modèles intègrent même un suivi à distance pour collecter des informations en temps réel. Pour se lancer, des solutions low tech peuvent répondre au moins dans un premier temps au besoin de simulation des différents scénarios.
6) Organisation :
La mise en place d'une organisation spécifique dédiée à la gestion de la supply chain circulaire est essentielle et nécessite une approche plus flexible et collaborative qu'en linéaire. Cette structure permet de mieux gérer les outils, les processus et les rituels nécessaires à la réussite de la circularité. La coordination entre les différentes parties prenantes est également essentielle pour garantir l'efficience des opérations, notamment lorsque des activités sont mutualisées entre les circuits linéaires et circulaires.
La question de mutualiser les compétences supply chain entre les activités circulaires et linéaires se pose. La plupart des grandes opérations circulaires montrent que les équipes circulaires, bien que souvent issues des équipes linéaires, appartiennent généralement à une entité ou une business unit dédiée afin de gérer des outils, objectifs et rituels spécifiques. La mutualisation doit néanmoins être étudiée pour optimiser les espaces logistiques, la production et les flux de transport.
La multi-localité est essentielle, à échelle régionale, nationale ou continentale. Certaines activités peuvent être centralisées, tandis que d'autres sont déléguées aux localités avec une plus grande autonomie de décisions, surtout lorsqu'il y a plusieurs boucles à gérer (pas sur une seule boucle, comme la location).
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