Transport
Nouvelle installation de fret ferroviaire PGLA : « En un seul trajet, un train peut transporter 1 500 tonnes de matériaux »
La société Pigeon Granulats Loire Anjou (PGLA), filiale du groupe Pigeon, a initié au courant de l’été 2022 un projet de création d'une installation de chargement ferroviaire de granulats, près de Laval en Mayenne. Pour l'entreprise, l'objectif était de diminuer ses émissions de CO2 grâce au transport ferroviaire. Son inauguration ayant eu lieu le 12 novembre 2024, Voxlog s'est entretenu avec Thierry Wojnowski, directeur opérationnel de Pigeon Granulats Loire Anjou (PGLA), pour recueillir les espérances formulées et les premiers résultats obtenus.
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PGLA I L'installation de chargement ferroviaire de granulats de Pigeon Granulats Loire Anjou (PGLA), à proximité de Laval en Mayenne.
Pouvez-nous présenter le groupe Pigeon, ainsi que sa filiale Pigeon Granulats Loire Anjou (PGLA) ?
Le groupe Pigeon est une entreprise familiale créée en 1929 qui s’est développée autour de son métier d’origine : l’exploitation des carrières. Au fil des décennies, le développement s’est construit autour des métiers de la carrière, des travaux publics et du béton. Aujourd’hui, le groupe est organisé en quatre branches : Granulats et Environnement, Infrastructures et Travaux, Construction et Béton, Ingénierie et Services. Il est implanté principalement sur le Grand Ouest : Bretagne, Normandie, Pays de la Loire et Centre-Val de Loire. Comptant environ 2 000 salariés, son siège est situé à Louvigné de Bais, en Bretagne.
PGLA est l’une des cinq filiales « carrières » de la branche Granulats et Environnement. Elle exploite une dizaine de carrières sur les Pays de la Loire pour une production d’environ 2 millions de tonnes par an. Les roches exploitées comprennent des roches calcaires, alluvionnaires et éruptives permettant une commercialisation dans tous les domaines d’activité du BTP.
Pour quelle raison vous êtes-vous doté de l'installation de chargement ferroviaire de granulats de Laval ?
Le transport des granulats représente le poids le plus important des émissions de CO2 dans l’activité d’une carrière de granulats à destination du BTP. En favorisant un report modal des expéditions les plus lointaines de la route vers le fer, le groupe Pigeon est pleinement dans la lignée de son plan stratégique de réduction de l’empreinte carbone de son activité.
Pouvez-vous nous détailler cette installation ?
L’installation de chargement est située sur la base travaux LGV Bretagne - Pays de Loire de Saint-Berthevin, à proximité de Laval, en Mayenne. Propriété de SNCF Réseau, elle est occupée par ERE (Eiffage Rail Express) et son mainteneur OPERE (Opérateur de la ligne Eiffage Rail Express) dans le cadre d’un contrat de maintenance de la ligne grande vitesse. Pigeon Granulats Loire-Anjou est sous-occupant d’une partie du site, comprenant trois voies d’une longueur d’environ 350 m.
La plateforme est approvisionnée par route avec les matériaux venant de la carrière des Etendellières située à Montflours (53). On charge ensuite les wagons à l’aide de l’installation nouvellement créée. Celle-ci est composée d’une trémie d’alimentation, d’un convoyeur d’élévation, d’un convoyeur horizontal équipé d’une bascule commerciale sur bande, et d’une navette déplaçable située au-dessus des wagons, parallèlement à la voie de chargement. Le débit de chargement est de 550 tonnes par heure de matériaux. Le format des trains est de 22 à 24 wagons, soit 1 500 à 1 650 tonnes de matériaux transportés lors de chaque rotation.
Quel montant votre société a-t-elle investi dans ce projet ?
Le montant investi est de 1,5 millions d'euros.
Le résultat est-il à la hauteur de votre investissement ?
Le résultat est très positif malgré le peu de recul. Une dizaine de trains ont été expédiés fin 2024 et nous envisageons de réaliser au moins 70 trains en 2025 pour environ 110 000 tonnes livrées dans les Hauts-de-France et au nord de l’Île-de-France.
Dans quelle mesure avez-vous réussi à réduire vos émissions de CO2 par rapport au transport routier ?
En un seul trajet, un train peut transporter 1 500 tonnes de matériaux, grâce à ses 22 wagons. Il faudrait cinquante camions, roulant sur 300 km, pour acheminer la même quantité. Avec le fret ferroviaire, sur le flux total objectif, on estime que cela représente 2 000 tonnes d’émission de CO2 en moins.
Outre la diminution de l'impact environnemental, le transport ferroviaire est-il plus avantageux économiquement ?
Le fret ferroviaire peut permettre une réduction des coûts de transport par rapport à la route. Il faut pour cela un volume important que nous n’avons pas au démarrage de l’activité. Le business plan prévoit d’être à l’équilibre à horizon 3 ans. En revanche, les capacités du transport ferroviaire sont bien plus importantes que la route sur de longues distances et nous pouvons raisonnablement envisager un développement du chiffre d’affaires granulats que nous ne pourrions pas réaliser sans le train. Beaucoup de chantiers autoroutiers demandent à être livrés en train également pour réduire leur empreinte carbone. Le fret ferroviaire est donc un moyen de se positionner sur des chantiers que nous ne pourrions pas faire sans ce mode de transport.
Avez-vous des projets d'extension ou de création de nouvelles installations de fret ferroviaire ?
Dans l’immédiat, l’objectif est d’exploiter au maximum cette installation afin d’amortir l’investissement et de pallier aux frais fixes importants que génère le fret ferroviaire. Il n’est pas exclu de créer un autre site, mais ce n’est pas à l’ordre du jour actuellement.
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