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Grèves des ports français : les transporteurs du secteur logistique s'inquiètent pour leur activité
L'année 2025 a démarré avec une nouvelle vague de grèves venue frapper les ports français. Étude et analyse à l'appui, l'Union TLF s'alarme des conséquences des jours d'arrêt sur la santé économique des entreprises de transport et de logistique, tout comme de l'impact sur l'emploi en France.
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Après une année 2024 marquée par de nombreux jours d'arrêt, les ports français font face à de nouvelles grèves depuis début janvier 2025, avec deux journées d'arrêt total les 30 et 31 janvier, suivies de 10 jours de perturbations en février. L'Union TLF (Union des entreprises de transport et de logistique de France) estime que cette situation est devenue « critique », engendrant de graves répercussions économiques pour les transporteurs de marchandises français (routiers, ferroviaires et fluviaux), mettant à mal la compétitivité logistique nationale. Une étude de l'organisation professionnelle auprès de ses adhérents révèle une détérioration avec 23 % de surcoûts opérationnels (temps d'attente rallongés, frais de stationnement, surestaries, pénalités clients), 21 % de perte de chiffre d'affaires en janvier, et 25 % de perte anticipée sur février 2025. « Si je n’avais pas une autre activité dans le bâché, je devrais fermer ma société. Ces grèves sont la mort des petites entreprises », a témoigné un responsable sondé.
La pérennité de l’activité portuaire française menacée
L'analyse macroéconomique de l'Union TLF montre un impact substantiel sur l'économie française, et par conséquent sur l'emploi. Selon l'organisme, chaque journée de blocage total entraîne une perte de 40 millions d'euros (hors effets de rattrapage partiel). La souveraineté logistique et l'attractivité de la France est en perte de vitesse : plus de 40 % des conteneurs à destination de la France transitent désormais par les ports concurrents européens (Anvers, Rotterdam, Barcelone, Gênes). « À petit feu, c’est la disparition de l’activité portuaire française. Les ports du nord de l’Europe et de l’Espagne se frottent les mains », lance un dirigeant interrogé. L'Union TLF explique que « chaque navire dérouté vers l'étranger impacte directement l'emploi en France », le traitement de 1 000 conteneurs représentant un emploi portuaire, six emplois pour le dispatching des marchandises, ainsi que trois à quatre emplois dans le transport.
Les solutions de l'Union TLF
Pour faire face à la crise, l'Union TLF propose de réunir les pouvoirs publics, les autorités portuaires et les acteurs privés, autour d'un plan d'action articulé de trois mesures :
• La limitation des surcoûts pour les acteurs de la chaîne logistique : extension significative des temps de franchises et des frais de stationnement, suspension des frais d'annulation de rendez-vous sur les terminaux portuaires, et adoption de mesures de soutien aux entreprises fragilisées par ces perturbations (activité partielle, annulations de charges fiscales et sociales, création d'un fonds de soutien dédié ...).
• L'activation de mesures rapides pour permettre aux entreprises de travailler au mieux, comme la mise en place de rendez-vous supplémentaires sur les horaires travaillés, ainsi que de moyens supplémentaires en matériel et en personnel ; et, éventuellement, la levée des interdictions de circulation certains week-ends, sous réserve que les conditions de travail soient réunies.
• Le lancement d'un travail de fond sur le rôle stratégique des ports français dans la chaine logistique internationale. Il s'agirait, explique l'Union TLF, de recenser les leviers et les freins pour faire des ports français un atout stratégique de la chaine logistique et du commerce extérieur français. A minima, les acteurs logistiques attendent une transparence sur les indicateurs de performance logistique des ports.
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