[Reportage] Dexory : la puissance robotique couplée à l’IA

Nous sommes à Didcot, province britannique peu connue des Français, sous un ciel blanc de février. C’est ici, à quelques minutes en train de Londres, que Dexory a établi il y a quelques mois son siège social et ses nouveaux locaux. La scale-up née en Grande-Bretagne avait besoin de gagner en espace. Elle s’est donc installée sur quatre bâtiments où 150 collaborateurs font naître chaque mois plusieurs machines plébiscitées par les logisticiens et leurs donneurs d’ordres, jusqu’aux États-Unis. Ces robots autonomes de près de 700 kilos sont équipés de capteurs, capables de scanner jusqu'à 10 000 emplacements par heure, de capturer des données de rayonnage jusqu'à 14 mètres de haut et de créer un jumeau numérique, le tout grâce à une analyse de données intelligente basée sur l'IA. La solution dispose d’un mât télescopique doté de capteurs, permettant de scanner le rack en une passe, de haut en bas. Au total, le robot compte entre 20 et 30 cameras, sept Lidars 3D et deux Lidars 2D. Bidirectionnel, il n’a pas à opérer de demi-tour et peut ainsi évoluer en allées étroites. « La partie scan a été développée il y a environ cinq ans, tandis que le développement du vecteur (la base du robot) a démarré il y a un peu plus de deux ans et demi. Finalement, entre la feuille blanche et le premier essai sur site, il s’est passé sept mois. Et depuis deux ans de déploiement, tout est en constante amélioration. Nous essayons chaque jour de rendre le logiciel de navigation plus flexible, ergonomique, rapide et efficace en termes d’évitement d’obstacles », introduit Guillaume Doisy, lead system architect de Dexory.

Sur le premier bâtiment de Didcot, une zone de tests et de stockage de composants de robots a été aménagée. Sur place, les engins se déplacent dans des racks dédiés, scannent ou se chargent en attendant d’être expédiés chez leurs futurs clients. Ces robots autonomes de niveau 5, c’est-à-dire se déplaçant seuls et sans intervention humaine, seront bientôt installés dans des entrepôts sans aucune modification d’environnement et en coactivité avec les opérateurs logistiques présents sur place. « Nous avons opté pour un parti pris simple : tout faire pour le client en termes d’installation. Il leur suffit seulement de 2 m² pour l’emplacement et la station de recharge du robot, ainsi qu’une connexion wifi, voire 4G ou 5G. Nos équipes font le reste : elles installent, monitorent et gèrent le planning de missions à distance », explique Guillaume Doisy.

Une visibilité en temps réel pour gérer les stocks

En moyenne, Dexory parvient à installer sa solution en une semaine. Le processus démarre par l’apprentissage de l’environnement par le robot, qui, conduit de façon manuelle dans tout l’entrepôt et construit sa carte pour être capable de se localiser. Il réalise ensuite un premier scan en 3D de tous les racks pour construire le jumeau numérique. La structure de racks est entrée dans le logiciel de Dexory afin de faire concorder ce que voit le robot avec le système d’inventaire. Ainsi, DexoryView s’interface avec le WMS, vient y lire les informations recherchées, compare à ce qu’il a scanné et corrige les potentielles erreurs. « Ici, nous allons au-delà du robot d’inventaire. En réalisant des scans quotidiens, l’entreprise utilisatrice peut corriger en temps réel et 24h/sur 24 toutes les erreurs de stock qui impactent la productivité du site. À titre d’exemple, chez un client aux US, nous sommes parvenus à retrouver 120 000 dollars de biens perdus en une semaine », illustre Guillaume Doisy.

Du spécifique et de la hauteur à venir 

Le système vise donc à assurer que les stocks sont toujours au bon endroit, dans les bonnes quantités et dans les bonnes conditions. DexoryView détecte ainsi les erreurs de placement, valide les comptages et évalue les conditions de stockage, avec l’ambition de résoudre les problèmes de manière proactive et de garantir l'exactitude de l’inventaire de l'entrepôt. Enfin, en s’appuyant sur l'IA et à l'analyse avancée, DexoryView fournit également des informations pour identifier les goulots d'étranglement, améliorer la productivité et prévoir avec précision la demande, les niveaux de stock et la capacité. Déjà séduits, des logisticiens à l’instar de Yusen Logistics et ID Logistics, mais également l’armateur Maersk ou bien encore l’industriel Menzies Aviation, ont intégré la solution. Et si les robots sont expédiés directement depuis Didcot dans des remorques sur mesure, transportées derrière un van, partout en Europe, Dexory dispose également sur site d’une zone d’assemblage : « Tout est entièrement produit ici, au Royaume-Uni, même le métal », précise Guillaume Doisy. Cette année, Dexory pourrait permettre à son robot d’atteindre probablement plus de 16 mètres de hauteur pour scanner et travaille d’ores et déjà sur des capteurs spécifiques en expérimentation chez des clients.

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