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Entretien exclusif avec Nico Schütz, PDG de DHL Supply Chain France

DHL vient d’annoncer un investissement de 2 milliards d’euros sur cinq ans pour renforcer ses capacités logistiques dans le secteur des sciences de la vie et de la santé. Voxlog s’est entretenu le jour même avec Nico Schütz, le PDG de DHL Supply Chain France, pour échanger sur les apports de la division française du géant mondial à cette industrie.

Publié le 9 avril 2025 - 18h45
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 Matthew Perget

En premier lieu, pourriez-vous rappeler ce que représente la division DHL Supply Chain au sein de l’immense groupe qu’est DHL ?
Beaucoup de personnes connaissent en effet le nom de DHL, mais peu savent que notre groupe comprend cinq divisions. La plus connue est DHL Express, en charge des livraisons rapides, notamment par voie aérienne. S’y ajoutent les entités Global Forwarding, E-commerce, Post & Parcel Germany [en référence à son activité historique de distribution de courriers et de colis en Allemagne, ndlr] et Supply Chain. Relative à la logistique contractuelle, cette dernière compte environ 130 000 salariés, 2 000 sites au niveau mondial et réalise 17 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Nous nous concentrons sur les opérations réalisées à l’intérieur et à la sortie des entrepôts, avec de la distribution du premier au dernier kilomètre, du fulfillment, et tout ce dont les clients peuvent avoir besoin au sein d’un site logistique. Et ce qu’ils soient issus de la grande distribution, du retail au sens large, de la fabrication, des industries des hautes technologies… mais aussi du secteur des sciences de la vie et des services de santé, que nous nommons en interne « Life sciences & Healthcare », ou life sciences tout court.


Et en France plus spécifiquement ?
Nous disposons de 26 entrepôts tricolores, avec 1 500 employés. À noter que cela ne représente qu’une partie des activités de DHL en France, parmi de nombreuses autres, interconnectées avec les nôtres, exercées par le groupe sur le territoire. La division Supply Chain France n’en reste pas moins d’une importance majeure au sein de notre réseau européen.


Qu’entendez-vous derrière le terme de « life sciences », qui regroupe en soi de nombreuses industries ?
En effet, nous englobons sous cette appellation l’industrie pharmaceutique, biopharmaceutique, de la santé animale, des essais cliniques… Pour donner des références, citons entre autres acteurs très connus Sanofi et Pfizer. Les hôpitaux, les médecins, et les patients comme vous et moi, sont aussi des clients de nos clients.


Notre rédaction a été prévenue en amont de notre entretien que votre groupe prévoyait une importante annonce, sans en savoir plus. Sur quoi porte-t-elle ?
Nous venons d’annoncer un investissement de 2 milliards d’euros au niveau mondial sur l’industrie des sciences de la vie et des services de santé. Au travers d’une stratégie globale à horizon 2030, l’ensemble de nos divisions travaillent activement à proposer des initiatives, organiques ou non. Le tout pour conforter notre développement dans différents marchés, tout comme celui des éoliennes par exemple. Pour reprendre celui des life sciences, de la santé au sens large, nous allons principalement dépenser cet argent dans nos infrastructures, avec de nouveaux entrepôts et centres de distribution, de même que des technologies et systèmes informatiques flambant neufs. En particulier pour les applications liées à la chaîne du froid, de la température ambiante jusqu’à des plages spécifiques sous les -18 °C, nécessitant des investissements conséquents.


Quelle sera la répartition géographique de ces deux milliards d’euros ? Avez-vous une idée du pourcentage attribué à la France ?
50 % iront aux Amériques, 25 % à l’Europe et 25 % à l’Asie. Pour l'Europe, la France joue un rôle important en fournissant l'infrastructure logistique adaptée aux besoins changeants du secteur pharmaceutique. L’Hexagone en représente ainsi le second marché européen [après l’Allemagne, ndlr].


En juin dernier, Sanofi a signé avec vous un accord pour vous confier sa distribution médicamenteuse. Quelles missions effectuez-vous dans ce cadre ? Et que deviennent les équipes des centres de distribution dont ils vous ont laissé la charge ?
Nous gérons dans ce cadre trois centres de distribution, situés à Amilly dans le Loiret, Croissy-Beaubourg en Seine-et-Marne, et Saint-Loubès en Gironde. Nous en avons intégré les salariés, et les technologies, sans rencontrer de problèmes opérationnels ou sociaux. Nos premiers retours nous indiquent que les employés et les clients sont satisfaits de cette reprise, qui n’a pas fait l’objet de grèves, ni de différends de quelque sorte. La transition concerne environ 300 collaborateurs qui travaillaient auparavant pour Sanofi, très bien formés et experts dans leur domaine.


Vous investissez dans l’automatisation et la robotisation de vos entrepôts dédiés à l’industrie de la santé, ainsi que pour d’autres secteurs. Comment vous positionnez-vous sur le sujet de la cohabitation humain-machine ?

Nous ne souhaitons absolument pas remplacer les humains par des machines ; ce point est vital. Je tiens à rappeler l’apport des robots, des technologies de picking, des pallet shuttles… qui servent nos collaborateurs, pour qu’ils puissent enlever de leur quotidien des tâches répétitives et difficiles. Parallèlement à nos projets d’automatisation, nous continuons à recruter, en France notamment.

 

Que proposez-vous concrètement à vos clients de l’industrie pharmaceutique et de la santé au sens large pour les aider dans leur transition écologique ?
Au niveau global, le groupe DHL agit tous azimuts, afin de respecter son engagement pour une neutralité carbone. D’ici la fin de l’année, tous nos entrepôts seront carbon neutrals [ils produiront autant d’énergie qu’ils n’en consomment, ndlr]. Cela concerne autant l’ajout de panneaux solaires photovoltaïques en toiture de nos bâtiments logistiques que l’exploitation de chariots au lithium-ion. Pour reprendre l’exemple de l’industrie des life sciences, nécessitant des technologies de refroidissement très énergivores, nous faisons également le nécessaire pour que nos partenaires puissent s’appuyer sur des sources d’énergies renouvelables. Nous utilisons de plus des packagings réutilisables (intégrant nos solutions de traçabilité et de sécurité dans des environnements soumis à des températures réglementées, avec des capteurs dédiés), travaillons à leur optimisation, et investissons dans nos circuits de logistique de retour. Nous réfléchissons enfin, constamment, à réduire les kilomètres parcourus dans l’ensemble de notre réseau, et ce pour toute typologie de livraison.

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