[Reportage] À peine installé en France, Maersk voit encore plus grand pour stocker les colis d’Amazon

Fraîchement débarqué en France dans le très concurrentiel secteur de la logistique contractuelle, l’armateur A.P. Møller-Mærsk ne fait pas dans la demi-mesure pour concrétiser ses ambitions de diversification. Souhaitant devenir un acteur de poids dans cette activité, le groupe danois occupe en ce sens, depuis tout juste un an, 75 000 m² d’un immense entrepôt à Denain, dans le Nord. Mais sa première plateforme logistique tricolore, fruit d’un développement signé GLP, gardait encore quelques cellules en réserve. Début septembre 2025, ces dernières seront aussi occupées par le prestataire, pour 100 000 m² de surfaces au compteur après extension. De quoi satisfaire les besoins d’un client amateur de gigantisme : Amazon.

Répliquer pour attaquer d'autres marchés

Le mastodonte du e-commerce a en effet fait appel à Maersk pour opérer cet entrepôt XXL. Un partenaire qu’il connaît bien, pour faire régulièrement appel à ses services outre-Atlantique. Mais pourquoi le choisir également en France, dans un territoire sur lequel le prestataire n’avait jusqu’alors aucune expérience ? Le 23 avril 2025, à l’occasion d’un événement organisé au sein du nouveau bâtiment logistique nordiste, des éléments de réponse ont été exposés. « Maersk est une entreprise mondialement connue, avec une très forte représentation aux États-Unis et en Asie, a ainsi contextualisé dans un discours Abdoulaye Ba, responsable des opérations de logistique contractuelle de Maersk en Europe et président de Maersk contract logistics (MCL) France. Ce que nous avons souhaité démontrer avec ce projet, c’est que nous sommes capables de répliquer une activité performante, bien établie, dans n’importe quel pays. C’est ce qui fait la force de notre réseau. »

De multiples sites rien que dans les Hauts-de-France

Pour le compte du groupe de Seattle, la nouvelle équipe française de Maersk se charge de réceptionner et surtout de stocker des colis. Autant de références dormantes ou futures commandes. Et ce pour qu’elles puissent être ensuite dispatchées sur les différents centres de distribution (ou fulfillment centers) de son donneur d’ordres, en France, mais aussi en Europe. L’entrepôt sert ainsi de base-tampon, permettant de réapprovisionner les stocks de nombreux sites Amazon, qui livreront ensuite directement les clients finaux.

Rappelons notamment que rien que dans le nord de la France, la multinationale n’a cessé de multiplier les entrepôts. « Depuis l’arrivée d’Amazon dans la région Hauts-de-France en 2013, l’entreprise y a implanté sept sites logistiques dont trois centres de distribution à Lauwin-Planque, Boves et Senlis, un centre de tri à Lauwin-Planque et enfin trois agences de livraison à Sainghin-en-Mélantois, Avion et Gauchy », listait ainsi, en mai 2024*, l’entreprise fondée par Jeff Bezos. De fait, le vaste entrepôt de stockage de Denain, situé par ailleurs non loin des principaux ports français du littoral septentrional et connecté à un solide réseau autoroutier, fait office de barycentre idéal pour fluidifier son réassort nord-européen.

Des pics saisonniers d'ampleur

Au sein de ce bâtiment étendu à perte de regard, sur plus d’un kilomètre de longueur, point de palettes, seulement des colis. « Nous tournons à une moyenne hebdomadaire de 150 000 unités en réception, et sur une même tendance à 160 000 en sortie, expose Nadia Dumas-Rharrouz, directrice du site logistique Maersk de Denain. Lors des pics saisonniers, ces chiffres sont multipliés par environ 2,5. » Soit, concrètement, jusqu’à 400 000 allées et venues de colis par semaine.

Rangés sur des racks comprenant 14 niveaux, les colis sont réceptionnés par des chariots Jungheinrich. Les caristes, harnachés avec un mousqueton sécurisé sur une corde à leur appareil de levage électrique, récupèrent les paquets dans des allées très étoites et filoguidées, ayant été conçues pour optimiser au maximum l’espace de stockage et assurer la sécurité des employés. Après avoir été déposés dans des structures métalliques standardisées de grande capacité (similaires à de larges chariots rolls), les colis redescendent puis sont amenés près des quais d’expédition. « Nous enregistrons entre 100 et 250 camions entrants et sortants par jour », poursuit Nadia Dumas-Rharrouz, en précisant que cette grande variation s’explique encore et toujours par les hausses d’activités dues entres autres aux périodes de Noël ou du Black Friday.

 © Matthew Perget | Des racks s'étendant à perte de vue, au sein de l'une des seize cellules de stockage que comprendra à terme l'entrepôt opéré par Maersk. 

Maersk, un concurrent déterminé

Employant environ 300 personnes en moyenne actuellement, la plateforme de Denain peut monter à 500 lors de ces fameux pics d’activités. Et ce sans compter celles qui rejoindront les nouvelles cellules, prévues pour être opérationnelles le 9 septembre 2025, et qui seront dédiées à du cross-docking. « En plus d’être notre premier site logistique en France, c’est aussi le plus grand en Europe pour de la logistique contractuelle », rappelle Abdoulaye Ba de Maersk, en concluant ainsi : « Contrairement à certains de nos concurrents ayant démarré par des acquisitions, nous recherchons plutôt de la croissance organique, pour solidifier nos acquis. Car lesdits concurrents sont très matures, au sein d’un marché européen de la logistique contractuelle l’étant tout étant. » Au total, Maersk compte pour l’instant une quarantaine d’entrepôts sur le Vieux continent, loués ou en propriété. Un chiffre étant amené à croître rapidement, selon ses dirigeants.

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* Amazon annonce la création de 500 emplois en CDI dans les Hauts-de-France en 2024, aboutamazon.fr, 2024