Transversal
4. Entretien avec Thomas Daudré-Vignier, Président du Pil'es et directeur des sites logistiques de But
Sous sa double-casquette de président du Pôle d’intelligence logistique en Rhône-Alpes (Pil’es) et directeur des sites logistiques de But, Thomas Daudré-Vignier apporte sa vision à la fois associative et entrepreneuriale sur la prise en compte des enjeux du secteur par les pouvoirs publics.
Que pensez-vous des dernières mesures annoncées pour le transport dans le Plan de relance, notamment en faveur du fret ferroviaire et du report modal ?
Cela va dans le bon sens mais il ne faut pas être trop théorique. La compréhension du secteur, les pouvoirs publics l’ont, il s’agit ensuite de se questionner sur l’enveloppe financière. En tant que professionnels, nous avons intérêt à réagir sur ce sujet avant que les politiques nous empêchent d’entrer dans les centres-villes sans être dotés de certains véhicules. Au Pil’es, notre marque de fabrique consiste à être très pragmatiques. Nous travaillons donc également sur des projets avec la métropole de Lyon afin de trouver des solutions très rapidement, comme par exemple la livraison par bateau en bord de Rhône. Ce sont des sujets dans l’air du temps et nous devons parvenir à les professionnaliser.
Le besoin se fait-il pressant d’une plus forte concertation avec les territoires ?
Chaque maire va dire : « Ok pour les entrepôts logistiques mais pas chez moi ! ». Il est certain que ce n’est pas toujours très heureux, esthétiquement parlant, mais économiquement cela peut ramener de l’emploi. Il s’agit également d’une démarche citoyenne : lorsqu’un entrepôt s’implante sur un territoire, il faut désormais prendre en compte le critère de la mobilité, qui n’existait pas auparavant, et être en mesure de prévoir des bus ou encore des tramways pour conduire les salariés sur le lieu de travail. Nous manquons, d’autre part, de main-d’œuvre dans notre filière. La promotion des métiers est un élément vecteur du Pôle d’intelligence logistique, à l’instar d’autres associations logistiques territoriales. Car il s’agit de connaître le tissu et les acteurs locaux. Nous travaillons ainsi en direct avec le préfet, le sous-préfet, les communautés territoriales, la Direccte [Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi] ou encore la Carsat [Caisse d'assurance retraite et de la santé au travail] sur les conditions de travail, dans un échange commun qui nous permet d’attirer de nouvelles candidatures.
Quels sont selon vous aujourd’hui les grands chantiers pour le développement du secteur ?
Chez But, après le premier confinement, nous avions anticipé et été en mesure de rouvrir nos 300 magasins en même temps. Car il faut voir notre métier comme un jeu d’échecs et toujours avoir un ou deux coups d’avance, ne jamais se laisser surprendre, ce qui est un peu le défaut du gouvernement en ce moment. Nous nous devons d’être sans cesse en veille et d’aller voir ce qui se passe chez nos voisins pour éventuellement l’appliquer si cela fonctionne. J’ai d’ailleurs observé, lors de ce confinement, que des entreprises où la chaîne de commandement était très faible, étaient dotées d’une réactivité beaucoup plus grande. Une réactivité sans doute plus difficile à atteindre au niveau de l’État qui comporte énormément de chaînons…