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SNCf Fret/Maxime Huriez
Transport
Annoncés dans le cadre du Plan de relance et détaillés dans le projet de loi de finances pour 2021, 170 millions d’euros doivent être attribués au fret ferroviaire. Reste à observer les retombées concrètes et la répartition de cette enveloppe financière pour le secteur.
1. Une enveloppe de 170 millions d'euros pour le fret
Parmi les 4,7 milliards d’euros dédiés au ferroviaire dans le Plan de relance, tout ne sera évidemment pas dédié au fret. Ce dernier doit profiter, dans le cadre du Projet de loi de finances pour 2021, de 170 millions d’euros d’aide à l’exploitation, qui comprend la prise en charge à hauteur de 50 % des péages dus par les opérateurs de fret à SNCF Réseau, une aide pour les wagons isolés de 70 millions d’euros, 47 millions d’euros pour l’exploitation des services de transport combiné et enfin, 15 millions d’euros pour les autoroutes ferroviaires.
Relancer la machine
Sur ces sommes annoncées, il s’agit de savoir concrètement quand elles seront versées et comment sera répartie cette enveloppe annoncée par le Plan de relance et permise par Bruxelles, juge Denis Choumert, président de l'AUTF : « Le coût des péages sera divisé par deux en 2020 et 2021, les entreprises de transport combiné recevront davantage d’argent pour les caisses mobiles ou conteneurs mis sur la voie d’eau ou le rail, le wagon isolé sera pour la première fois soutenu, c’est sûr, mais l’argent n’est toujours pas arrivé ». Alain Borri, co-fondateur et CEO de bp2r, s’interroge également : « Il faut bien poser les objectifs. Est-ce que 170 millions vont permettre de relancer la machine pour le fret ferroviaire ? Ses acteurs pourront-ils prendre des parts de marché significatives à la route, sachant que pour des raisons de topologie, de répartition de la population, des distances éligibles et de travaux à réaliser, le potentiel du fret ferroviaire reste très limité dans les 15 ans à venir ? ».
Et d’évoquer le dilemme qui se pose actuellement dans le transport face à deux écoles : retrouver le monde d’avant en sauvant des acteurs historiques ou profiter de cet argent pour réaliser des investissements dans des sociétés d’avenir qui vont permettre des transitions. « Que ce soit sur le fluvial, le ferroviaire, ou le transport par la route, la transformation passera par plusieurs choses : aider des acteurs, réussir à faire émerger de nouvelles technologies, modifier la réglementation, investir dans les réseaux de distribution pour obtenir un maillage fin en électrique, gaz, Oléon 100 [énergie 100 % végétale] et hydrogène », juge Alain Borri.
Doubler la part modale en 10 ans
De son côté, Jérôme Leborgne, directeur général de Fret SNCF, voit dans les récentes annonces du gouvernement en faveur de sa filière, « un plan d’action d’envergure travaillé par l’État avec l’ensemble des partenaires » qui devrait permettre au transport ferroviaire de marchandises, ainsi qu’à Fret SNCF, « d’être plus concurrentiels et de prendre une part plus importante dans le transport ferroviaire de marchandises ». « Fret SNCF subit actuellement une baisse d’activité de l’ordre de 20 % par rapport à une année “normale” à cause de la crise exceptionnelle que nous vivons, mais avec le deuxième confinement, il n’y a pas eu de nouvelle baisse. Et Fret SNCF a fait preuve d’une véritable dynamique commerciale en 2020 malgré tout, avec de beaux contrats de report modal remportés. L’entreprise a cependant adapté ses moyens de production, et encore une fois, grâce aux dispositifs français et européens, elle pourra faire face et passer le cap avec des effets positifs attendus d’ici à 2023 ».
Se réjouissant d’une planification des premières mesures afférant au Plan de relance sur 2021-2024, Jérôme Leborgne estime que cela ne suffira pas à doubler la part modale en 10 ans : « Pour cela, l’alliance 4F a aussi identifié la nécessité d’investir 12 milliards d’euros de plus sur le réseau pour construire 15 plateformes de transport combiné supplémentaires, contourner les nœuds des grandes métropoles, élargir les tunnels, accéder davantage aux ports, ou augmenter les gabarits pour accueillir des trains plus longs », détaille-t-il.