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Transport vert pour logistique du froid

Publié le 9 septembre 2021
SOMMAIRE

Sur le maillon du transport sous température dirigée, le froid se met également au vert. Soumis aux mêmes impératifs que la filière TRM dans son ensemble, il cherche à combiner performance et durabilité.

Pour Gérald Cavalier, président de Cemafroid-Tecnea, « le premier défi dans le transport concerne le remplacement des fluides frigorigènes. Aujourd’hui certains sont encore à fort GWP [Global Warming Potential : potentiel de réchauffement global] ». Des alternatives sont à l’étude : « Le R404A a été remplacé provisoirement par le R452 mais de manière temporaire. Les chimistes travaillent donc sur les solutions du futur ». Peuvent aussi être mises en place des alternatives en termes de production de froid : « Elles existent déjà sur le marché avec des entreprises comme Coldway qui proposent des groupes à absorption utilisant des fluides naturels tels que l’ammoniac, ou des entreprises comme Cryofridge ou Air Liquide qui conçoivent des groupes cryogéniques », décrit-il. Plus largement, sur le volet du transport frigorifique, comme pour le secteur du TRM en général, les améliorations concerneront également la consommation énergétique et les émissions de particules. « Cela passe notamment par la suppression progressive des groupes diesel pour ne pas avoir deux moteurs diesel sur un camion ou une semi-remorque, mais aller chercher l’énergie de la traction routière », poursuit Gérald Cavalier. Un deuxième volet porte sur l’alimentation énergétique du groupe frigorifique via des solutions permettant de collecter cette énergie : « On a récemment communiqué sur des essieux qui produisaient de l’électricité récupérée lors du freinage pour faire un groupe frigorifique quasiment à zéro énergie ».

 

Des contraintes accrues

Si les injonctions environnementales et les démarches en faveur d’un transport responsable imprègnent le domaine du TRM en général, le transport frigorifique compte ses spécificités, entraînant des contraintes accrues et un savoir-faire avéré. « Le nombre d’acteurs sur ce segment augmente tous les ans. Cependant, une compétence de ce type ne s’improvise pas en quelques mois, juge Franck Garnier, directeur général d’ATS Santé et Novea, filiales du Groupe Sterne, expert du transport urgent et sur mesure. Être spécialiste, ce n’est pas seulement savoir mettre un produit dans un environnement thermostaté. Ce domaine requiert une expertise poussée sur différents aspects : normes et contraintes règlementaires, connaissances techniques et thermiques du matériel utilisé, systèmes de traçabilité, données de métrologie [science de la mesure] sur le transport des produits injectables, vaccins et poches de nutrition… Être reconnu sur ce secteur, c’est savoir répondre à toutes les demandes et donc proposer à nos clients des solutions et du matériel qualifiés, adaptés scrupuleusement à leur cahier des charges, qu’il s’agisse de transport en vélo, en auto, en camion ou en avion ». Pour répondre à ces impératifs, si le Groupe Sterne oriente ses acquisitions actuelles de matériels sur des véhicules électriques, il montre également un fort intérêt pour le GNV : « Le gaz naturel offre plus de perspectives que l’électrique dont les quantités de recharge restent encore insuffisantes et les économies trop faibles », indique Franck Garnier.

 

Optimiser et réduire

Combiner respect de la chaîne du froid et responsabilité énergétique : un défi sur lequel travaille le spécialiste européen des services de transport et logistique sous température dirigée, Stef, à travers plusieurs grands volets. Le premier d’entre eux consiste à optimiser ses schémas de transport : « C’est notre cœur de métier. Ce fonctionnement nous permet d’optimiser notre consommation d’énergie », détaille Armelle Perrier, directrice du développement durable de l’entreprise. Le deuxième axe de travail concerne la partie matérielle, au niveau de la production de froid : « Nous innovons en permanence avec les constructeurs pour améliorer le matériel et parvenir à une économie d’énergie. Par exemple, lorsque nous travaillons sur la consommation d’un camion frigorifique, nous nous intéressons à la diminution des consommations du groupe froid mais aussi au degré d’isolation de la caisse frigorifique ». Parmi les pistes d’amélioration évoquées, les groupes froids cryogéniques. 80 véhicules utilisent déjà cette technologie en région Rhône-Alpes. Une innovation « extrêmement vertueuse d’un point de vue émission carbone mais aussi en termes de bruit, d’où l’intérêt de l’utiliser en milieu urbain ». Y figure aussi l’utilisation de groupes froid électriques sans moteur thermique, « très prometteurs ». Ces axes de progrès passent évidemment aussi par le choix du carburant : « Le bio-GNV constitue une piste pour les ZFE [Zones à faibles émissions] qui amènent des restrictions de circulation. Nous travaillons également sur du bio-carburant fabriqué à partir des co-produits de l’agriculture française. Nous avons déjà une quinzaine de véhicules qui l’utilise depuis plus d’un an et nous envisageons de déployer plus largement cette solution dans les mois et les années à venir », poursuit Armelle Perrier.

 

Le prestataire Kuehne+Nagel, qui gère à travers son service KN FreshChain la logistique pour les denrées périssables et les produits réfrigérés, indique également avoir un objectif fort de réduction de compensation de ces émissions. « Sur notre activité globale, logistique du froid comprise, nous intégrons une démarche environnementale autour de trois motsclés : mesurer, réduire et compenser. Notre programme “Net Zero Carbon” de réduction de l’empreinte carbone à l’échelle mondiale s’articule autour de ces trois étapes. Outre notre propre neutralité carbone, cela vise à offrir à nos clients des secteurs de la pharma, du retail ou du périssable, des solutions pour réduire l’empreinte CO2 de leur chaîne logistique », explique Simon Gauvry, directeur QHSE France de Kuehne+Nagel.

 

Le programme Ecler

Dans cette lignée de réduction de consommation de CO2, les efforts se concentrent également autour des bonnes pratiques. Gérald Cavalier en est convaincu, si les enjeux d’optimisation énergétique passent évidemment par l’efficacité matérielle, c’est sur leur usage qu’il faut se concentrer. « Vous pouvez avoir un matériel performant, si vous ne l’utilisez pas correctement, vous consommez énormément. Le programme Ecler [Économie circulaire, logistique écologique et responsable] s’inscrit typiquement dans ce sens-là ». Lancé en 2019 et sélectionné par le ministère de la Transition écologique et solidaire dans le cadre du dispositif des Certificats d’économies d’énergie (CEE), ce programme est soutenu par l'Ademe et intégré aux objectifs de développement durable des Nations Unies. Notamment piloté par Cemafroid, il vise à effectuer des économies d'énergie à grande échelle dans le domaine du transport sous température dirigée grâce à la formation de plus de 10 000 conducteurs livreurs et en réalisant un marquage dynamique sur les camions, rappelant les bonnes pratiques, pour sensibiliser les différents acteurs : conducteurs, réceptionnaires, chargeurs. « Il consiste à former les conducteurs pour que l’on réalise environ 30 % d’économie d’énergie sur le transport frigorifique d’ici à 2021. Aujourd’hui, environ 3 000 conducteurs ont été formés et quasiment 8 000 sont inscrits pour la formation », termine Gérald Cavalier.

 

> Retrouvez l'intégralité des articles de notre dossier logistique du froid.

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